On croit un peu rêver

Il faut donc que le Parti Québécois accepte de ne plus être un parti rassembleur mais un parti fédérateur.

Tribune libre 2011

On croit un peu rêver quand on entend certains dire qu’il faut un nouveau parti au Québec, c’est la dernière des choses que l’on veut, toutes tendances confondues. Il y a naturellement les appels stratégiques, on pense à Jean-Martin Aussant entre autres, de ceux qui désirent que la cage péquiste soit bougée et que ce qui reste du PQ, on aimerait véritablement savoir combien il y a de membres, se ressaisisse et réalise que ce parti a perdu toute crédibilité dans la population. TOUTE.
A moins d’être un imbécile, il est impossible de croire que le PQ a la moindre crédibilité actuellement. Le problème étant, Pierre Cloutier en étant spécialiste, que ce parti ne respecte pas depuis des années ses statuts et par conséquence naturelle il est devenu l’appareil de caciques qui n’ont nullement besoin des membres, des militants ou des sympathisants pour continuer dans leurs carriérismes.
Or, les membres, militants et sympathisants du Parti Québécois valent une fortune en logistique et NULLE autre organisation ne peut – même à coup de milliards - les remplacer.
Il y a pire, sans réelle opposition à Québec, le Parti Libéral sombre aussi dans le même malaise ses membres, militants et sympathisants étant incapables de changer la culture de laisser-faire généralisée qui s’y est installée. Pourquoi faire le moindre changement quand on est assuré d’être réélu? Qui oserait dire publiquement à Jean Charest que les libéraux de la base en ont ras-le-bol.
Ne soyons pas dupes, les manœuvres avouées de « créer un autre parti », par les intervenants crédibles, n’ont qu’un but : Faire sauter le PQ actuel. Comme l’avait fait M. Parizeau dans le temps.
Mais il faut que le PQ, lors de son grand congrès de l’hiver prochain, revienne à ce qu’il était au départ et en mieux. Mais il n’y a pas de congrès prévu!... S’il n’y en a pas, il n’y aura plus de Parti Québécois.
Il faut donc que le Parti Québécois accepte de ne plus être un parti rassembleur mais un parti fédérateur.
La formule a permis au Parti Socialiste français de prendre le pouvoir sous Mitterrand, accepter que la liste des candidats supportés par le Parti Québécois compte des candidats d’autres formations politiques et que celles-ci demeurent indépendantes du PQ. Du moment que ces partis (ou des candidats indépendants) acceptent que leurs élections leur imposent une obligation : Permettre la tenue de référendums d’initiatives populaires.
J’ai évoqué la question en fin de semaine, il faut en effet en finir... mais pas finir le mouvement.
Finalement pour le PQ, il s’agit de quoi? Permettre l’élection de 5 candidats de Québec Solidaire, d’une vingtaine d’adéquistes/allairistes, si on se fie aux dernières élections et aux sondages. Donc de faire élire de son côté, entre quarante et soixante-dix députés… J’ai bien dit « PERMETTRE » donc que ces candidats soient présentés dans des comtés où il risque d’être élus et non dans Marguerite-Bourgeoys… et d’avoir environ le tiers du cabinet formé de gens issus de ces autres formations. Le modèle Mitterrand pouvant s’appliquer ici autant qu’en France, il y a une ligne gouvernementale et il y a les lignes de partis.
Cela Mde. Marois ne le permettra jamais, mais un autre chef, ayant un peu d’intelligence politique DOIT le faire.
Les membres, militants et sympathisants du PQ ont un devoir d’honnêteté envers la population. Il est simple, ou bien c’est un parti indépendantiste, ou il n’est rien.
***
Maintenant, personnellement, je ne crois pas que c’est au parti politique au pouvoir de faire la souveraineté. Il s’agit d’un sujet qui fractionne la population. Pour l’instant. Car le devoir d’un tel gouvernement serait d’expliquer clairement la situation dans laquelle le Québec se trouve et où il se trouvera selon les choix des Québécois. Or, depuis le départ de M. Parizeau, il y a 15 ans, jamais les Québécois n’ont eu ses explications. Jamais. Depuis que le Québec existe, même au temps du Bas-Canada, TOUS les gouvernements québécois ont expliqué la situation comme elle était. Ce n’est plus le cas depuis 1996. Et pourtant la question dure «  Voulez-vous que le Québec devienne un pays? » remporte 42% de Oui, donc une majorité chez les Francophones. Ne comptons pas ceux qui veulent qu’il y ait une reformulation complète de la fédération canadienne, le score est toujours dans les 70% dans l’ensemble du Québec et de près de 90% chez les francophones.
Donc, oui il faut laisser planer la possibilité d’un autre parti, il faut peut-être même en créer un, mais ce sera une béquille, le temps de la guérison.
Le PQ a donc la responsabilité morale d’être ce fédérateur, de renoncer au pouvoir pour le plaisir de hurler « On a gagné! » à l’unisson et de pouvoir dire qu’il a permis l’élection d’un gouvernement qui regroupe les tendances qui veulent le Québec en premier. Dans cette dignité et cette humilité, de dire aux Québécois que le PQ n’est pas la panacée universelle, qu’il y a d’autres façons de voir les choses, que la multitude des opinions est aussi naturelle que chacun de nous est différent de l’autre mais que nous sommes tous de la même espèce, le Parti Québécois, ses candidats et ceux des partis qu’il supporterait risque de balayer le Québec. Sinon il sera balayé.
Jean-Yves Durocher


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2 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    19 juillet 2011

    @ Monsieur Durocher, c'est à y penser. Mais je trouve que la faute la plus grave maintenant serait de pécher par excès de conservatisme. N'oubliez pas que la plupart des indépendantistes aguerris n'ont plus 20 ans. Il y a matière à faire place nette, ne pas trop s'imaginer que l'on tient vraiment quelque chose avec le PQ...car on ne tient pas grand-chose, si ce n'est des illusions tenaces.
    en prolongement,
    @ M. Cloutier, je pense que vous exagérez l'importance de Pauline Marois et votre analyse s'attarde trop à la surface des choses. Si Pauline Marois est là et Boisclair avant elle, ce n'est pas pour rien. Je vous invite à lire la réponse de Bernard Frappier à André Vincent. C'est un bon exemple d'approfondissement de la question péquiste, ce qui moi m'intéresse. Perso, je trouve qu'il est un peu tard pour les changements cosmétiques auxquels vous nous invitez.
    http://www.vigile.net/Changer-de-changement,39889
    Cordialement,
    GV

  • Archives de Vigile Répondre

    19 juillet 2011

    [1] Je le dis en peu de mots : Pauline Marois doit réaliser qu'elle doit quitter son poste et le plan Marois doit être renforcé.
    [2]Pas nécessaire de convoquer un autre congrès. Il suffirait qu'un conseil national prépare un "projet de pays" comme plate-forme électorale et annonce son intention d'engager un processus d'accession à l'indépendance prioritaire, le plus vite possible après l'élection.
    [3] Mais cela est impossible avec Mme Marois comme cheffe.
    Pierre Cloutier