1984
Orwell n’aurait pas rêvé mieux. Grosso modo, environ deux millions et demi de Québécois n’étaient pas nés quand Pauline Marois s’est présentée pour la fois à la direction du Parti Québébois! C’était en 1984.
1984, le roman de Georges Owrwell, c’est l’histoire d’un employé du Parti à la division de la propagation de la Vérité. Le roman est disponible dans une excellente traduction française et, bien que difficile d’accès dans sa version originale, je vais présumer que la presque totalité (pour ne pas dire totalitaire) des lecteurs de Vigile qui lisent l’anglais peuvent le lire dans sa version originale.
1984, c’est le Newspeak, l’invention, la déformation des mots. Les ‘mots-maux’ pour employer la jolie expression de Pierre Cloutier dans une courte missive qu’il m’expédiait et qui est l’inspiration de ce texte.
Pour Madame Marois, qui devons-nous le répéter vacille dans le monde politique depuis 30 ans, le Parti c’est tout. Encore plus un Parti né dans le Newspeak, non pas à sa naissance, mais bien à sa conception qui résultait de l’infanticide du RIN, qui affichait clairement ce qu’il était. Ayons l’honnêteté de le dire, René Levesque c’est Daniel Johnson un peu plus à gauche, donc c’est Égalité ou Indépendance. Newspeaké en Souveraineté-Association.
La dame a de l’ambition, ce n’est pas un mal en soi. Elle s’estime hautement, n’est-ce pas elle qui trouvait que son passage au cabinet de Jacques Parizeau, alors ministre, « (ne)l'utilisait pas à la hauteur de son talent », en politique c’est une qualité. Elle est persévérante, qui peut y voir un défaut. Elle est dépassée, mais elle ne le voit pas.
Soyons d’une franchise désarmante, elle ne l’a pas.
Le désastre de mardi soir devrait l’avoir réveillée, 150 âmes pour l’écouter, presque tous des convertis, des Inner Party de 1984 et pas de Proles. Trois-Rivières en passant c’est à 90 minutes de Québec, de Montréal et de près de 80% de la population du Québec. Mais elle ne dort pas, elle rêve, elle somnambulise.
Il y a des précédents à tout, les grandes inventions sont rares, inexistantes même en politique. Madame Marois répète la démarche de Jean Lesage en 1968, l’inéluctable résultat sera le même, elle devra démissionner. Lui aussi fît sa triomphale tournée de consultation citoyenne auprès des vrais québécois, libéraux... Un homme honnête, Jean-Paul Lefebvre, presque la conscience du Parti Libéral, par une lettre au Devoir, réussira à convaincre Jean Lesage de laisser la place quelque temps plus tard. Charles Denis, dans son Robert Bourassa, La Passion de la Politique, fait un portrait court et précis de l’épisode.
Or, presque point par point, tout est semblable.
Le Parti Libéral est dans l’opposition.
Un gouvernement minoritaire à Ottawa est remplacé par un gouvernement majoritaire.
Les Libéraux québécois ont vu une partie importante de leur légitimité électorale disparaître avec le départ de René Lévesque, ce qui sera suivi d’autres démissions.
Madame Marois, somnambule, n’est pas Jean Lesage. Elle ne l’est pas parce qu’elle ne l’est pas, point final.
Madame Marois est une femme. Elle se voit avant tout comme la première femme élue premier ministre du Québec. Cela explique les appuis presque contre-nature dont elle bénéficie, ici sur Vigile et ailleurs.
Si, pour faciliter le réveil en douceur de la démarche somnambulique de Madame Marois, il faut une femme, et bien que le PQ en choisisse une. Elle existe. Caroline Saint-Hilaire a pris l’expérience qu’il faut en devenant (et surtout en demeurant) mairesse de Longueuil. Comme elle a œuvré au Bloc Québécois en tant que député, elle connaît le PQ sans y être. Il sera impossible de jouer la carte ethnique contre elle, elle est la conjointe de Maka Kotto en ce qui se disait auparavant, en secondes noces. Mais les Québécois ont déjà élu un divorcé en René Lévesque, en 2011 cela ne causera plus problème. Elle est sourde d’une oreille, ce qui n’est pas un défaut au PQ, loin de là. Elle est jeune, vingt ans plus jeune que Madame Marois. Elle est de la région de Montréal, mais pas à Montréal. Elle s’est fait élire dans une ville pas plus sympathique qu’il ne le faut électoralement. On demande quoi de plus ?
Madame Marois, partez ! Madame Saint-Hilaire, venez !
Jean-Yves Durocher
Homme, pas plus honnête qu’il le faut, mais qui a appris beaucoup de sa fréquentation de Jean-Paul Lefebvre.
Elle est dépassée, mais elle ne le voit pas
Soyons d’une franchise désarmante, elle ne l’a pas
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1 commentaire
Archives de Vigile Répondre
25 août 2011Au sein de n’importe laquelle organisation efficace, l’objectif visé n’est pas d’avoir à sa tête « une femme », un(e) homo-sexuel(le), un(e) transgenre, un(e) noir(e), un asiatique, un amérindien(ne), un(e) jeune, un(e) « vieux » « vieille », un manchot, un unijambiste un pingouin ou ce que vous voudrez d’autre … mais bien d’avoir quelqu’un de compétent et en qui l’électorat peut avoir confiance... donc quelqu’un de crédible.
Qu'en est-il de Mme St-Hilaire ?