Malgré un taux d’insatisfaction à 70% auprès des Québécois dans un récent sondage Léger–Le Journal–TVA Nouvelles, le premier ministre François Legault fait le pari que la CAQ va sortir des bas-fonds dans l’opinion populaire et regagner la confiance des Québécois dans les prochains mois grâce aux priorités qu’il s’est fixées, notamment un «traitement choc pour réduire la bureaucratie», travailler à améliorer la sécurité et à réduire le nombre d’immigrants temporaires.
« Il ne faut rien de moins que sortir du système actuel, de cette camisole de force. Il faut couper profondément dans la bureaucratie. Ça nous prend un traitement choc. Il va falloir que chaque ministère fasse le ménage dans sa bureaucratie », a lancé François Legault sur un ton déterminé lors de la cérémonie d’assermentation de son nouveau cabinet. Or pendant ce temps, un récent sondage de la firme Angus Reid place François Legault avec le plus bas taux d’approbation parmi ses homologues provinciaux à 22% et ce, après avoir longtemps joui du plus haut taux d’approbation au pays.
François Legault joue indéniablement son va-tout, le bateau caquiste montre des signes alarmants de vétusté. À la fin de son deuxième mandat consécutif, la CAQ est victime de la funeste usure du pouvoir que tous les partis politiques sont appelés à vivre dans un monde qui ne tolère pas les écueils du passé, tels l’échec de l’usine de batteries Northvolt, le chaos SAAQclic et les sempiternelles tergiversations eu égard au troisième lien entre Québec et Lévis.
Or malgré un tel climat malsain, le premier ministre s’engage à prendre le taureau par les cornes et redorer l’image de son parti en s’attaquant notamment à la bureaucratie, le même parti qui a augmenté ladite bureaucratie de 24% depuis son arrivée au pouvoir en 2018. Aux yeux des Québécois, François Legault a perdu toute crédibilité et toutes ses paroles ont l’effet d’une goutte d’eau sur le dos d’un canard.
De ce fait, la question se pose : François Legault fait-il preuve de naïveté ou emprunte-t-il la voie de la frime pour masquer son inconfort face à la réalité? Pour ma part, sa longue expérience en politique le condamne à la fatale lucidité. Il sait pertinemment que le bateau coule et qu’il doit tout faire pour éviter le sordide naufrage en empruntant le chemin de la frime pour limiter les dégâts.
Henri Marineau, Québec
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
1 commentaire
François Champoux Répondre
22 septembre 2025Bonjour M. Marineau,
22 septembre 2025
L’une des pires erreurs, dont M. Legault pense avec son équipe qu’elle a été son meilleur coup politique, est la loi 21, la loi sur la laïcité de l’État. Vous ne le mentionnez pas, alors que ses stratèges recommandent d’augmenter l’interdit des signes ostentatoires au personnel des garderies.
Nulle part, cette loi sur la laïcité de l’État ne mentionne l’arrêt du prosélytisme des membres de religions ou de sectes à l’intérieur des organismes publics, alors que depuis des décennies les religions catholique et protestante menaient le bal de l’endoctrinement à leur croyance respective à l’intérieur même des écoles, là où les enfants, les humains les plus vulnérables de la société, étaient pris en otage de ses croyances religieuses. L’on s’inquiète des signes religieux ostentatoires qui n’enseignent rien et qui n’ont jamais rien enseigné, et l’on pense encore que ceux-ci feront des vocations religieuses ou des adultes, alors que depuis 60 ans, c’est exactement le contraire auquel nous avons assisté: l'écroulement de la foi religieuse.
Le gouvernement de la CAQ est sourd et aveugle à ce qu’il a mal fait en 2019 et il s’acharne à ne pas voir ni entendre ce sur quoi il croit avoir fait un bon travail. Et il pense maintenant mettre ses énergies politiques à empêcher les prières dans les rues du Québec en mandatant les municipalités de ce travail!
Comment croire que ces élu(E)s sont au service de la population du Québec avec clairvoyance et lucidité?
Et que penser de cette autre intention de François Legault de faire de l’environnement un délinquant, maintenant que nous sommes en train d’être sur la voie d’atteindre une maturité enviée du monde entier? Avec Bernard Drainville, le succès espéré de François Legault part pratiquement gagnant! Et que dire du ministre Dubé qui n’arrive plus à nous convaincre de ses « bonnes nouvelles » d’antan, brûlé de cette fausse formule, plus style à la fois « bras de fer » et mielleux que de solutions constructives pour le bien des citoyens et la santé du Québec : « Santé Québec », son bébé administratif, s’enlise de la même méthode Dubé : intransigeance, réduction des énergies financières… Le travail que Dubé a refusé d’essayer de faire avec adresse, « Santé Québec » n’arrive pas à mieux le faire. Échec sur toute la ligne.
La privatisation du Québec est probablement la solution de la CAQ, mais la façon de la CAQ est assurément un cul-de-sac jusqu’à maintenant. Et le problème est très certainement la façon Legault qui n’arrive plus à dire les choses ni à voir ses erreurs, et les reconnaître avec humilité.
Le PQ a poussé René Lévesque dehors; le parti de la CAQ poussera François Legault dehors du pouvoir. C’est la rançon de tout pouvoir qui brûle les étapes ou qui se pense invincible du fait d’avoir été élu. Cet aveuglement est historique.
Quand j’étais parent de mes enfants jeunes, j’étais en plein pouvoir sur leur éducation; maintenant qu’ils sont « grands », je n’ai plus aucun pouvoir. De même pour les peuples qui grandissent, qui évoluent.
Et le peuple, découragé, fera table rase comme il l’a fait avec les Libéraux, avec le PQ et avec nos institutions publiques qui ont toutes du plomb dans leur élan vital d’antan. Il faudra repenser l’État qui ne sera probablement plus aussi providentiel qu’avant, par les abus que nous en avons faits et notre vision de courte vue.
Pour ma part, je pense qu’il faudra miser finalement sur une plus grande maturité d’adulte de nos serviteurs. Il faudra que notre Éducation des enfants fasse des femmes et des hommes capables de devenir plus rapidement des adultes, des adultes dont la maturité n’attendra plus le grand âge où les capacités ne peuvent plus répondre aux attentes de la société!
Oui, il faut reconnaître que notre système d’éducation des enfants a échoué son virage laïc; il faut refaire nos devoirs et miser sur l’art d’aimer nos enfants, apprendre à mieux aimer celles et ceux qui feront nos sociétés de demain. C’est majeur comme apprentissage à faire et c’est un apprentissage universel qui n’a pas encore été fait: apprendre à aimer en adulte, en adulte mature.
N’oublions pas qu’on est censé être un adulte à l’âge de 18 ans! Si nous devons être un adulte à 18 ans, comment expliquer alors qu’avant cet âge, nous n’avons pas enseigné aux enfants les rudiments de l’amour, enseigner à aimer avec art, enseigner les vertus humaines, ce qui fait d’un enfant un adulte responsable de la pratique de sa liberté d’être et sa pratique de l'amour?
Nous savons maintenant que ce n’est pas une religion ni un dieu qui font les sociétés où il fait bon vivre; c’est l’art d’aimer, c’est la pratique de l’amour au quotidien qui fait des humains qui apprennent à vivre, à vivre ensemble, et qui savent ce qu’est le bonheur ici bas avant de trépasser inéluctablement.
Sans cet apprentissage entre l’âge de raison et l’âge adulte, nous continuerons à tourner en rond, à tourner autour du pot de la connaissance vraie, la connaissance juste du vivre ensemble. Nous continuerons à faire la guerre au lieu de faire l’amour et vivre heureux. Gilles Vigneault nous dirait que c’est là un « apprenti sage » élémentaire!
François Champoux, Trois-Rivières