Contre la régression nominative canadienne-française
8 décembre 2021
La conclusion de Marc Labelle ( mes carctères gras ) :
« Mais voilà que les idéologues protagonistes de l’ineptie nominative au point de sombrer dans la passivité politique — qui ne peuvent donc que chercher à plomber la volonté émancipatrice de notre peuple — sévissent en toute mauvaise foi ici également, sur le site de Vigile Québec. Surtout ceux qui sont forts, s’imaginent-ils, de leur nouvelle position politique anti-indépendantiste.
Je fais remarquer que la politique éditoriale de Vigile Québec admet la différence d’opinions, mais pas le rejet de l’objectif de l’indépendance du Québec. La liberté collective d’un peuple est intrinsèque ; en cela, les renoncements sont inadmissibles. Objectivement, les capitulards nominatifs sont des ennemis à l’intérieur de nos murs.
J'ignore si vous vous êtes bien relu avant d'écrire des propos aussi sévères. En attendant de savoir ce que vos collègues de l'équipe éditoriale feront de votre proposition, je vais essayer de faire passer ce qui sera putativement une dernière intervention (?) sur ce site que je fréquente depuis 1999, et pour lequel j'éprouve un certain attachement, ayant contribué à le tirer d'une mort certaine à ses débuts, alors que son fondateur Bernard Frappier y dépensait toutes ses forces.
Votre ferveur indépendantiste est bien palpable. Et votre irritation à l'emploi d'un nom que nos prédécesseurs dans leurs tribulations nationales ont tous utilisé, longtemps et sans exception, comme marque de leur identité ne l'est pas moins. Il semble qu'une certaine répulsion envers notre passé continue de marquer bien des esprits sortis de la révolution tranquille.
Ce qui frappe dans vos propos, qui, faute d'une fidélité au passé, pourrait être au moins une assumation raisonnée de celui-ci, ce sont les relents d'un nationalisme dont les accents ne sont pas sans rappeler les années 1960 et suivantes. Vous semblez avoir complètement manqué la crise du souverainisme / indépendantisme dans laquelle nous sommes plongés. Vous semblez totalement ignorer un déclin national qui va en s'accélérant et qui met notre existence en péril.
Il n'y a pas si longtemps, au cours d'une conversation amicale vous m'aviez rappelé le nombre d'électeurs qui avaient voté en votre faveur, vous, candidat indépendantiste aux dernières élections provinciales et, ma foi, leur nombre, de même que celui du Parti indépendantiste au complet, était loin d'être annonciateur d'une indépendance prochaine. En revanche, aux élections de 1966, le Rassemblement pour l'indépendance nationale (RIN) et le Rassemblement national (RN), les deux seuls partis importants à avoir proposé l'indépendance à ce jour, il y a plus de cinquante ans, avaient fait un score combiné de près de 10%. Un résultat qui était de fort bon augure pour l'avenir. Mais que s'est-il donc passé, M. Labelle ?
C'est là qu'il manque visiblement des bouts dans une analyse qui tourne les coins ronds et se justifie en rappelant des éléments d'une doctrine générale soutenus par des pétitions de principe. C'est surtout une analyse qui justifie par tous les moyens imaginables d'empêcher la réappropriation de notre identité nationale propre de Canadiens-Français, alors que l'identité québécoise nous a tout simplement glissé entre les mains.
Rassurez-vous, je n'ai rien contre votre indépendantisme inconditionnel et militant, mais je trouve qu'il manque une deuxième partie à votre texte pour le rendre parfaitement convainquant. Cette deuxième partie devrait nous livrer une analyse concrète de la situation concrète, nous parler du rapport des forces en présence, idéalement chiffré, qui, selon vous, rend encore l'indépendance accessible et le seul objectif qui vaille pour des lendemains qui chantent. Car vous n'êtes pas loin de suspendre à une future indépendance tout redressement, tout sursaut national, toute possibilité de continuer d'exister... Mais comment comptez-vous l'atteindre ? Quand (des dates !) ? Avec qui ?
Si vous pouvez faire ça, vous feriez ce que le PQ a toujours été incapable de faire, un défi auquel il ne s'attaque même pas. Car, semble-t-il, au-delà de réclamer l'indépendance, personne ne semble en mesure d'en prouver la faisabilité par a + b. C'est bien le regretté Richard Le Hir (ministre du gouvernement Parizeau) qui rappelait qu'au cours de la campagne référendaire de 1995, on pouvait compter sur les doigts de la main les minstres et députés qui soutenaient fermement leur chef. Et après la défaite de 1995, personne du PQ n'a voulu lever le petit doigt pour combattre la propagande des commandites orchestrée par le gouvernement fédéral. C'est grâce à une petite initiative qui a pour nom Vigile que les commandites ont commencé à être dénoncées et la scandaleuse passivité du PQ interpelée. Alors, tout ce que je vous demande dans un deuxième volet c'est d'identifier les soldats qui sont avec vous, et ces masses résolues qui rendent toujours l'indépendance imminente et le seul combat qui vaille.
En attendant votre réponse, je vais continuer de penser que peu importe les mots d'indignation qui fusent en opposition aux largesses du gouvernement Legault en faveur de l'Université McGill, j'estimerai que cette indignation n'a pas de base politique et qu'elle est uniquement inspirée par une sorte de jalousie. En effet, ceux qui lancent des gros mots à Legault devraient plutôt se rappeler que nous sommes tous Québécois, ( j'ai bon ? ) et que l'Université McGill n'est pas moins québécoise que l'Université de Montréal. En donnant à McGill, Legault donne aux Québécois.