Pour avoir eu le privilège extraordinaire de faire carrière en éducation, avec le recul, je demeure convaincu, quelque vingt ans plus tard, que l’enseignement demeure, à mes yeux, l’un des plus beaux métiers du monde et, en revanche, l’un des plus complexes.
Nonobstant les quelques cours théoriques en didactique auxquels sont soumis les étudiants en sciences de l’éducation, le véritable test se produit au moment où le professeur en herbe est plongé dans ses stages de formation en compagnie d’un maître de stage. Puis vient le grand saut, celui d’être responsable de la formation d’un groupe d’élèves. Quel beau défi que celui de communiquer des connaissances à des apprenants! Par ailleurs, quel défi apportant son lot de complexité face à des jeunes pour qui le sens de l’effort est devenu, sous l’influence des médias sociaux, une valeur à laquelle ils peinent à adhérer!
D’où l’importance essentielle d’établir la communication avec les élèves en créant une porte d’entrée qui donne accès à leur monde avant de plonger tête baissée dans le contenu du cours. À cet effet, le professeur doit être conscient qu’il n’aura pas l’attention de tous ses élèves au son de la cloche, et qu’il doit leur donner le temps de se brancher sur l’objet de son cours d’autant plus qu’aujourd’hui, fourmillent des cas d’élèves souffrant d’un déficit d’attention.
Enfin, il m’apparaît primordial d’éviter le piège de la « camaraderie » avec les élèves et de jeter les balises de la main de fer dans un gant de velours dans le but d’établir l’essentiel lien d’autorité entre le prof et ses élèves à défaut de quoi le climat d’apprentissage se transformera en cauchemar au grand dam du développement des jeunes.
Climat de tension entre le ministre Drainville et les syndicats
La tension a monté d’un cran entre le ministre de l’Éducation, Bernard Drainvile, et les syndicats d’enseignement. À cet effet, en réaction aux coupures de quelque 570 millions $ du ministre en éducation, la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) va jusqu’à demander sa démission à titre de ministre de l’Éducation, alors que, du côté de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), on argue que « la confiance en son leadership est sérieusement entachée ».
« L’orientation que j’ai donnée aux centres de services scolaires, c’est de mieux faire travailler cet argent-là, d’être plus efficace, de respecter les budgets, sans toucher les services aux élèves, ou, en tout cas, sans y toucher le plus possible. Je ne dis pas que ce n’est pas un effort ; c’est un effort que je demande, que nous demandons. Oui, il va y avoir des choix difficiles à faire », a déclaré le ministre.
À la CSQ, le président, Éric Gingras, critique le peu d’empressement du ministre Drainville à défendre l’éducation. « On se demande où est la volonté politique de ce gouvernement de faire de l’éducation une priorité. Où est le ministre de l’Éducation pour défendre son réseau ? Il faut arrêter le niaisage et les esquives sémantiques : persister à dire qu’il ne s’agit pas de compressions budgétaires et que l’on demande seulement de respecter les budgets, c’est prendre le personnel pour des valises. »
De toute évidence, le torchon brûle entre les parties. La confiance doit de toute urgence être rétablie pour le plus grand bien d’un climat favorisant le sain épanouissement des élèves du Québec dont l’avenir est sérieusement compromis par une guerre de tranchée foncièrement contre-productive. Et, pour y parvenir, seule la voie du dialogue pourra conduire à des pistes de solutions appropriées.
M. le ministre, nonobstant le contexte économique chaotique dans le lequel baigne votre ministère, la voie unilatérale ne fera que conduire au fiasco. Aussi est-il primordial d’enclencher le dialogue avec les enseignants dans le but ultime de déboucher sur des solutions acceptables pour les deux parties. C’est une simple question d’efficacité dans tout conflit impliquant les relations de travail avec les syndicats.
Henri Marineau, Québec
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1 commentaire
François Champoux Répondre
19 juillet 202519 juillet 2025
Désolé M. Marineau, je me dois de vous répéter comme tout bon professeur ou enseignant : le métier de professeur ou d’enseignant n’est pas le plus beau métier au mode, c’est le plus important; j’ajouterais qu’il est pour l’humain le plus nécessaire : l’humain est un arbre dont le besoin d’un tuteur doit lui être soumis durant de nombreuses années avant de penser qu’il pourra poursuivre seul sa croissance jusqu’à mort s’en suive. C’est ma mère qui m’a enseigné cela : «On est parent toute notre vie» m’avait-elle dit quand j’ai eu mon premier enfant; être parent n’est-ce pas être enseignant? Et être enseignant, n’est-ce pas être un parent de nos élèves? Il faut répondre par l’affirmatif, car le rôle premier d’un professeur, d’un enseignant est celui de prendre la relève officielle des parents de la formation générale des enfants à «élever» au-dessus de l’ignorance.
Et quoi de mieux qu’enseigner pour apprendre? J’ai souvent réalisé cet aphorisme : enseigner nous permet d’affiner nos connaissances et même de corriger nos erreurs. C’est un éternel défi.
Apprendre doit se faire toute sa vie; s’enseigner à soi-même, c’est s’aimer; c’est là la découverte essentielle que j’ai réalisé et que tout adulte, une fois qu’il l’a reçu et conscientisé doit donner comme adulte aux générations qui suivent. Être tuteur, être parent, être apprenant, aimer : sans arrêt jusqu’à notre disparition.
L’actuel désarroi de l’Éducation un peu partout dans le monde crie sa refonte; le Québec est parmi les nations où ce désarroi est majeur, au bord de l’éclatement, de son effondrement. Il est à se demander si notre ministère n’est pas déjà effondré…
L’actuel ministre nous démontre son échec et très probablement le déclin certain de son ministère et celui du Québec qui est en train de se faire. La récession sociologique dont nous sommes témoins nous montre la nécessaire refonte qui est demandée avec insistance depuis des années sinon des décennies.
C’est en 2000 que j’ai entendu pour la première fois la nécessité de l’enseignement de la philosophie aux enfants; la Révolution tranquille était, à ce moment-là, déjà en marche depuis plus de 40 ans! Qu’en est-il aujourd’hui de toute cette volonté de réinventer l’enseignement aux enfants? De rendre le tout plus attrayant pour tous : enseignants et enfants? D’avoir un vrai État laïc en route vers une société qui avance vers plus d’humanité?
Il faut reconnaître que c’est le néant, sinon un constat d’échec autant pour le corps professoral que pour les enfants que nous n’avons pas réussi à élever au-dessus de la bêtise vers une vraie société de respect, d’égalité, de fraternité et d’humanité. Nous sommes de plus en plus dans cette société du capitalisme sauvage où le coopératisme et le syndicalisme ont eux-mêmes échoué et perdu leur voie d’antan.
Aimons-nous nos enfants? Le Québec est-il vraiment «fou de ses enfants» comme j’ai lu dans le rapport du groupe de travail pour les jeunes en 1991, signé par son président, M. Camil Bouchard, et 17 autres personnes, sommités de la société du Québec?
Modestement, je pense qu’un changement est urgent; l’Éducation partout dans le monde nous démontre qu’encore, l’humain préfère faire la guerre plutôt que faire l’amour.
«En politique, une idée juste fait le bonheur des hommes, une idée fausse fait leur malheur.
Dans l’histoire, ce ne sont pas nécessairement les idées justes qui l’emportent.Mais ce n’est pas une raison suffisante pour renoncer à les défendre.»
Isaiah Berlin
dans «Les vrais penseurs de notre temps»
par Guy Sorman
Fayard, 1989,
page 346 de 410
Oui, modestement, je pense que le mouvement des Lumières (Voltaire, Kant, Rousseau, Hume…) remonte jusqu’à Socrate qui nous a enseigné qu’on ne sait jamais.
François Champoux, Trois-Rivières