Certains petits secrets entourant l’adoption du fleurdelysé comme drapeau national du Québec sont pour le moins croustillants.
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Après son retour au pouvoir en 1944, Maurice Duplessis veut effectivement doter le Québec d’un drapeau.
Il craint toutefois la réaction du monde des affaires, contrôlé par les Anglais.
Ceux-ci pourraient faire mauvaise presse au Québec auprès des investisseurs américains dont la province a besoin.
C’est ici que le chef de l’Union nationale entre en scène, dans une histoire jamais racontée auparavant et qui se fonde sur le témoignage d’Antonio Flamand, un ancien député unioniste.
Selon ce récit, Duplessis a alors l’idée de laisser le député indépendant René Chaloult mener la bataille en chambre en faveur d’un nouveau drapeau.
Pour calmer les Anglais
Nationaliste, Chaloult est aussi alcoolique et a de gros problèmes d’argent.
Par l’entremise de son homme de main Gérald Martineau, Duplessis lui offre secrètement de régler ses dettes.
En retour, Chaloult doit talonner le premier ministre sur la question du drapeau.
Dans l’hypothèse où les Anglais se mettraient à ruer dans les brancards une fois l’étendard adopté, Duplessis veut pouvoir répondre qu’il a cédé aux demandes de l’opposition.
Adopté sans remous
L’adoption du drapeau se passe finalement sans remous. Quelques mois plus tard, l’Union nationale remporte son plus grand succès électoral, 82 sièges contre seulement huit pour les libéraux.
Dans ses mémoires publiées après la mort de l’ancien premier ministre, Chaloult s’est attribué le mérite de l’adoption du drapeau.
Choqué devant cette vantardise, Antonio Flamand avait alors pressé Gérald Martineau de dévoiler les dessous de l’histoire. «Je ne peux pas faire ça», avait-il répondu, ému. «Ça salirait notre drapeau.»