D’entrée de jeu, la Charte québécoise des droits et libertés de la personne garantit des droits fondamentaux qui s'appliquent aussi aux soins de santé mentale, notamment le droit à l'intégrité physique et psychologique. Or selon une enquête du Devoir sur le manque de soins en santé mentale dans les prisons provinciales, 85 % des suicides survenus dans les prisons du Québec en une décennie ont eu lieu dans un établissement provincial. Le détenu, peu importe la gravité du crime pour lequel il est accusé, demeure et demeurera toujours un être humain à part entière. De ce fait, une enquête réalisée par Le Devoir sur le nombre pour le mois inquiétant de suicides liés à des problèmes de santé mentale dans les prisons de juridiction provinciale révèle à quel point le manque de ressources compétentes en santé mentale est inadmissible.
À preuve le cas du détenu Olivier Magnan. « À son arrivée, comme chaque détenu qui pousse les portes de la prison, Olivier Magnan répond à un questionnaire qui vise à évaluer son risque suicidaire. Il faudra « environ cinq minutes » à un agent correctionnel pour poser ses neuf questions à l’homme de 35 ans. L’agent ne relève pas d’élément préoccupant, « inscrivant à la fin du formulaire [que] “la personne incarcérée se dit non suicidaire” ». Le lendemain, Olivier Magnan comparaît devant le juge et apprend qu’il devra rester incarcéré. Le surlendemain, il est retrouvé pendu dans sa cellule. » Un questionnaire de neuf questions administré par un agent correctionnel en cinq minutes, et le diagnostic tombe : aucun « élément préoccupant ». Tout simplement ahurissant!
Dans la société troublante dans laquelle nous vivons, propulsée par la mise en valeur omnipuissante de la performance, il n’est pas surprenant d’assister à une croissance hallucinante des problèmes en santé mentale, et le milieu carcéral n’y fait pas exception. « Le Bureau du coroner a interpellé le gouvernement québécois sur la question des suicides à plusieurs reprises au cours des dernières années. Une enquête publique a même été déclenchée en 2020. Chargée de faire la lumière sur ces tragédies, la coroner Karine Spénard a publié, à l’époque, 26 recommandations destinées au ministère de la Sécurité publique. Mais encore aujourd’hui, bon nombre d’entre elles ne se sont pas encore concrétisées sur le terrain, comme celle d’inclure des psychologues aux services de santé prodigués en milieu carcéral ».
Un suicide, provenant de quelque milieu que ce soit, représente un suicide de trop dans la société, et de ce fait, il est primordial que le ministère de la Santé publique débloque les fonds nécessaires à l’engagement immédiat de ressources compétentes pour pallier les suicides en milieu carcéral, tels des psychologues. Il en va du principe d’équité reconnu envers tous les citoyens du Québec en matière de prodigation des soins de santé.
Henri Marineau, Québec










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