L’avant-dernière chronique de Frédéric Bastien

Le Canada pratique l’éradication culturelle, pas le Québec

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L’insupportable hypocrisie anglo-saxonne


MISE À JOUR 


Après avoir comparé le Québec à la ségrégation raciale américaine, qui a mené à 4075 lynchages entre 1877 et 1950, après avoir prôné la partition du Québec lors du référendum de 1995, le journal The Suburban nous accuse maintenant de pratiquer l’éradication culturelle. Sous la plume de Beryl Wajsman, cette publication du West Island affirme que le gouvernement québécois «cherche l’éradication culturelle des non-francophones de souche au Québec».


Trois faits illustreraient cette situation. D’abord l’existence de la loi 96, qui tente timidement de protéger le français. Deuxièmement, la nouvelle loi fédérale sur les langues officielles, qui fera référence à cette législation québécoise, notamment grâce à la bataille épique du bloquiste Mario Beaulieu. Troisièmement, le ministre Jean-François Roberge, qui a osé suggérer que les centaines de millions versés par Ottawa aux Canadiens anglais du Québec devraient servir à protéger notre langue.


Purification linguistique


De telles accusations n’ont rien de nouveau. En 2019, le maire d’Hampstead, William Steinberg, nous a accusés de nettoyage ethnique avec la loi 21. Cette pratique pourtant est le fait des Anglais. Ils ont déporté les Acadiens lors de la conquête, causant 5000 morts.


Kelly McParland constitue un autre exemple de reproches outrecuidants qui nous sont faits. L’an dernier, ce journaliste du National Post a dit que les Québécois voulaient «purifier» la province de l’anglais et qu’ils discriminaient les anglophones depuis plus de 40 ans.


Le chroniqueur est allé jusqu’à citer l’Ontario comme un modèle que le Québec devrait suivre. Rappelons ici qu’en 1912-13 la province voisine a fermé toutes ses écoles françaises. Son but était d’éradiquer la culture canadienne-française.


L’Ontario n’a fait que suivre la recette de Lord Durham. Pour notre propre bien, il fallait renier notre langue et adopter la culture supérieure du conquérant, lequel projetait de nous noyer dans une masse d’immigrants britanniques.


Destruction du français dans l’Ouest


C’est ce que les Canadiens anglais ont fait dans l’Ouest. En 1870, les métis francophones constituaient la majorité de la population manitobaine. Pour les inciter à se joindre à la confédération, les fédéraux leur ont promis la création d’une province bilingue.


On connaît la suite. Louis Riel a été pendu. Les immigrants britanniques ont noyé démographiquement les Franco-manitobains. La province a violé la constitution en éliminant le bilinguisme officiel et elle a fermé ses écoles françaises.


C’est ce qui nous arrivera bientôt au Québec. Au moyen de l’immigration, on va noyer les Franco-québécois dans un pays de 100 millions d’habitants. L’immense majorité de ces nouveaux venus vont s’assimiler à la nation canadienne-anglaise et leur supériorité numérique mènera à notre l’assimilation.


Pour revenir à Wajsman, il affirme que le Québec viole les droits constitutionnels des anglophones. C’est historiquement faux, comme on vient de le voir, et ça demeure faux aujourd’hui.


La loi 96 respecte la constitution. C’est Ottawa qui viole les droits des francophones, au Nouveau-Brunswick en l’occurrence. Le gouvernement Trudeau y a été condamné pour avoir nommé un lieutenant-gouverneur unilingue. Les fédéraux ont répété cette violation de nos droits avec la nomination de Mary Simon, la vice-reine qui ne parle pas français.


C’est ça le Canada! La majorité éradique la culture de la minorité, bafouant ses droits, et elle a le culot de dire que ce sont les Québécois qui oppriment les anglophones!

 


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Frédéric Bastien167 articles

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Titulaire d'un doctorat en relations internationales de l'Institut universitaire des hautes études internationales de Genève, Frédéric Bastien se spécialise dans l'histoire et la politique internationale. Chargé de cours au département d'histoire de l'Université du Québec à Montréal, il est l'auteur de Relations particulières, la France face au Québec après de Gaulle et collabore avec plusieurs médias tels que l'Agence France Presse, L'actualité, Le Devoir et La Presse à titre de journaliste. Depuis 2004, il poursuit aussi des recherches sur le développement des relations internationales de la Ville de Montréal en plus d'être chercheur affilié à la Chaire Hector-Fabre en histoire du Québec.