Le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, resserre d’un cran les règles entourant l’école à la maison, avec comme objectif de mettre fin une fois pour toutes aux écoles religieuses illégales, a appris Le Journal.
Le ministre Roberge déposera cet avant-midi à l’Assemblée nationale un projet de règlement qui prévoit de nouvelles règles encadrant l’enseignement à domicile, qui entreront en vigueur à partir du 1er juillet 2019.
L’enseignement d’un «contenu minimal d’apprentissage enrichi», basé sur les programmes d’études de l’école québécoise en langues, mathématique, sciences et univers social, sera dorénavant obligatoire, tout comme les examens ministériels.
Présentement, les parents qui le souhaitent peuvent soumettre un «projet d’apprentissage» pour leur enfant, qui peut être évalué sous forme de porte-folio.
Le ministre Roberge estime que le modèle proposé «préviendra plus efficacement le recours aux “écoles” dites illégales ou clandestines», peut-on lire dans l’allocution qu’il prononcera cet avant-midi, dont Le Journal a obtenu copie.
Éviter les contenus minimalistes
Toujours selon ce document, les nouvelles règles permettront «d’empêcher que des enfants “déclarés” en enseignement à la maison soient assujettis à des contenus d’apprentissage minimalistes et migrent vers des établissements offrant des services éducatifs en marge de tout contrôle de l’État».
L’an dernier, l’ancien gouvernement libéral a fait adopter un projet de loi qui permet de sévir contre les écoles religieuses illégales, désormais passibles d’amendes.
De nouvelles dispositions administratives permettent aussi de retracer plus facilement les enfants qui échappent au système scolaire québécois, ce qui pourrait représenter «des milliers d’enfants», selon les estimations fournies au ministère de l’Éducation. Cet exercice en cours n’est toutefois pas encore complété.
Alors dans l’opposition, M. Roberge avait toutefois fortement critiqué ce projet de loi, considérant que ce texte avait plutôt pour effet de «légaliser les écoles clandestines illégales».
Des enfants, considérés comme scolarisés à la maison, peuvent désormais passer 30 ou 40 heures dans une école ultrareligieuse en toute légalité, avait alors dénoncé la Coalition avenir Québec.
Un cas qui a fait la manchette
Au cours des dernières années, plusieurs cas d’écoles religieuses illégales ou clandestines ont fait la manchette, dont celui de la secte juive Lev Tahor, dans les Laurentides.
Les nouvelles mesures mises en place par le gouvernement libéral l’an passé ont toutefois permis à plusieurs parents de la communauté juive hassidique d’opter pour l’école à la maison, reconnue par Québec, tout en poursuivant l’éducation religieuse de leurs enfants dans les écoles de la communauté, en toute légalité.
EXEMPLES D’ÉCOLES JUIVES ILLÉGALES
La secte juive Lev Tahor
Installée dans les Laurentides, cette communauté a fui le Québec il y a quelques années avant d’avoir à faire face à des allégations de négligence, de maltraitance et d’absence de scolarisation par le Tribunal de la jeunesse. Les enfants ne parlent que yiddish. Des membres de cette communauté sont de retour dans la province depuis cet automne.
La communauté Tash
Deux anciens membres de ce groupe de juifs ultra-orthodoxes de Boisbriand poursuivent le gouvernement du Québec, estimant que l’État aurait dû les protéger contre l’éducation obscurantiste qu’ils ont reçue dans des écoles talmudiques. L’un d’eux, Yochonon Lowen, n’a jamais eu de cours de français, d’histoire, d’arts ou de sciences.