Chaque jour semble apporter sa mauvaise nouvelle en matière d’éducation.
Quand ce ne sont pas les lacunes en français des jeunes, ce sont les lacunes des futurs enseignants, le découragement de ceux déjà dans le métier, la montée des taux d’échec malgré le traficotage des notes, etc.
Voici 10 convictions personnelles fondées sur plus 20 ans d’enseignement à l’université et sur l’observation méticuleuse du parcours scolaire des enfants autour de moi.
- Apprendre est difficile. On ne va pas à l’école pour s’amuser ou passer le temps. Il faut encourager l’effort et la persévérance. Il faut connaître l’échec et savoir se relever. La vie future ne fera pas de cadeaux à des jeunes trop dorlotés.
- S’éduquer, c’est se détacher de ce qui nous est familier, c’est pénétrer dans une contrée inconnue, souvent insécurisante. C’est une erreur de croire que l’école doit refléter la société ou la famille.
- Le but de l’école n’est pas seulement de former de futurs travailleurs en les outillant de compétences rapidement dépassées, encore moins des petits militants intolérants et susceptibles, mais des citoyens ouverts d’esprit qui sauront raisonner et résoudre leurs problèmes au fur et à mesure.
- Une classe n’est pas une arène démocratique où la majorité décide. Le maître sait (ou devrait savoir), l’enfant ne sait pas, et les règles sont indispensables.
- Beaucoup de professeurs s’appuient sur des approches invalidées ou non confirmées par la recherche, par exemple que l’enfant apprend par lui-même ou que les tests sont inutiles, parce qu’ils sont formés dans des facultés d’éducation dans lesquelles ces faussetés perdurent.
- Les «bébelles» technologiques présentées comme de formidables outils éducatifs ont un impact limité, peuvent même nuire, coûtent une fortune, finissent sous-utilisées, et ne remplaceront jamais un excellent professeur et son enthousiasme. Mais les vendeurs de quincaillerie technologique sont de formidables lobbyistes.
- L’école ne peut tout enseigner : les maths, les langues, les sciences, l’histoire, l’écologisme, la sexualité, l’antiracisme, les finances personnelles, etc. Si elle veut tout faire, elle fera tout mal. Et s’il est normal que l’enfant d’ici s’ouvre à la culture de l’enfant venu d’ailleurs, c’est à ce dernier de faire le gros du chemin.
- Les enfants sont tous égaux en droits et en dignité, mais pas en talent. Trop d’élèves en difficulté dans une classe pénalisent tout le collectif. Tous ne sont pas faits pour les études supérieures et il n’y a pas de honte à pratiquer un métier manuel.
- Enseigner aux niveaux primaire et secondaire est très difficile. Il faut donc que les futurs enseignants soient recrutés parmi les étudiants de très bon niveau, et qu’on les paie en conséquence.
- La popularité de l’école privée est partiellement la conséquence d’une crise de l’école publique causée par tout ce que je viens de dire.
- Écoutez la chronique de Joseph Facal au micro de Richard Martineau, disponible en balado sur QUB radio :
Nous faisons pourtant l’inverse depuis des années. Je mets quiconque au défi de me prouver (pas de simplement affirmer) que je me trompe.