Nous sommes au printemps 1839. Les rébellions patriotes ont été écrasées.
Plusieurs furent pendus ou condamnés à l’exil, d’autres moururent les armes à la main.
Le peuple est soumis, écrasé, découragé. Londres va fusionner le Bas-Canada au Haut-Canada pour nous mettre en minorité.
Ce sont les heures les plus sombres de notre histoire.
Résignation
Un de nos premiers intellectuels nationalistes, Étienne Parent, laisse le désespoir le gagner.
Il ne faut plus lutter, dit-il. C’est sans espoir. L’assimilation est inévitable. Il faut se résigner.
Ses paroles sont restées célèbres :
« Nous inviterons nos compatriotes à faire de nécessité vertu, à ne point lutter--- follement contre le cours inflexible--- des événements, dans l’espérance que les peuples voisins ne rendront ni trop durs ni trop précipités les sacrifices que nous aurons à faire [...] L’assimilation, sous le nouvel état de choses, se fera graduellement et sans secousse, et sera d’autant plus prompte qu’on la laissera à son cours naturel, et que les Canadiens français y seront conduits par leur propre intérêt, sans que leur amour-propre en soit trop blessé ».
J’ai le sentiment que nombre de Québécois sont aujourd’hui résignés, ne veulent plus se battre, comme Parent jadis.
Pire, j’ai le sentiment que le premier d’entre nous, François Legault, notre chef politique, celui qui devrait montrer l’exemple, est aussi résigné.
C’est pourtant lui qui parlait de notre « louisianisation ».
Les coups pleuvent sur le Québec français, encouragés ou planifiés par Ottawa, avec une intensité rageuse.
Ils viennent de partout : noyade démographique planifiée, étranglement fiscal délibéré, attaque juridique contre les pouvoirs du Québec, culpabilisation collective. Au cœur du village, les vieux alliés d’Ottawa poursuivent leur inlassable travail.
La Presse nous gratifie de son laxatif habituel. Roxham ? Nous manquons de compassion. Les cocus devraient être contents et dire merci.
Radio-Canada, ministère orwellien de la Vérité, veut nous rééduquer avec sa novlangue et sa propagande.
Il faudrait être sourd ou ne jamais venir à Montréal pour ne pas reconnaître la fulgurante montée de l’anglais et la marginalisation du français.
François Legault, roulé dans la farine lors des négociations sur le financement de la santé, a-t-il vraiment cru qu’en étant gentil et souriant face à Ottawa, il obtiendrait plus qu’en étant debout et fort ?
M. Legault avait une ambition personnelle légitime : devenir premier ministre du Québec. Très bien. Chose faite. Bravo.
Il a aussi une responsabilité devant l’Histoire.
Il est assis dans le fauteuil d’Honoré Mercier, de Maurice Duplessis, de Jean Lesage, de René Lévesque.
Il préside aux destinées d’un peuple fragile et magnifique, qui remonte au rêve de Samuel de Champlain et aux premiers hivers terribles de la colonie.
Cul-de-sac
Après l’écrasement des rébellions de 1837-38, c’est la fécondité qui sauva le Québec français et donna tort à Parent.
Cette carte ne reviendra pas.
François Legault ne peut se contenter de faire semblant, de se fâcher pendant 24 heures, de nous laisser dans le cul-de-sac actuel.
Que veut-il que l’Histoire retienne de lui ?