GUERRE CULTURELLE

À chacun sa liste

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Quelle littérature québécoise pour la jeunesse ?

«Les Jeunes caquistes s'inquiètent de la popularité de Netflix et de l'»hégémonie culturelle américaine». Pour inciter les élèves à troquer Stranger Things pour un livre comme Maria Chapdelaine, ils demandent au gouvernement Legault de charger des experts de créer une liste de livres québécois incontournables à lire dans les écoles primaires et secondaires. Avant de partir en croisade pour faire lire les jeunes Québécois, les jeunes caquistes devraient apprendre à ne pas comparer pommes et des oranges; en opposant une émission de télévision comme Stranger Things et une oeuvre littéraire comme Maria Chapdelaine, c'est exactement ce qu'ils font.


Une idée étudiée par le ministre de l'Éducation, Jean-François Roberge (idée étudiée ou télégraphiée par le ministre de l'Éducation).  Prudents et ne voulant pas prendre de risques, les jeunes caquistes proposent de confier à des experts, la préparation de cette liste. Qui seront ces experts et surtout d'ou viendront-ils? la vraie question étant, comment seront-ils choisis? Le premier débat autour de «la»liste  sera probablement celui du choix des experts (critiques littéraires, professeurs d'université, etc.) À quelles exigences devra répondre «la» liste, car il s'agira probablement moins de savoir s'il faut faire lire que , que faut-il faire lire ? 


Exercice qui passe nécessairement  par l'identification de «classiques» québécois. La Presse a demandées à ses lecteurs de se prêter à l'exercice: « Le coup de sonde n'a rien de scientifique, mais il est éloquent. Bonheur d'occasion de Gabrielle Roy , qui dépeint la vie dans le quartier ouvrier de Saint-Henri au début des années 1940, se classe au premier rang des oeuvres que les jeunes Québécois devraient lire au secondaire, selon la compilation près d'une centaine de courriels de lecteurs de La Presse qui ont répondu à un appel à tous lancé jeudi. Il est suivi de près par Kukum, de Michel Jean, lauréat du prix France-Québec et l'un des romans les plus vendus l'an dernier au Québec, considéré par plusieurs comme un portrait essentiel des réalités autochtones. Anne Hébert figure aussi parmi les auteurs les plus cités (pour son roman Kamouraska d'abord, puis pour les Fous de Bassan).Le prolifique Michel Tremblay se classe sans surprise parmi les plus nommés avec ses Croniques du plateau  Mont-Royal (La grosse femme d'à côté est enceinte et Thérèse et Pierrette à l'école des Saints-Anges surtout), mais aussi pour plusieurs autres oeuvres, dont des pièces de théâtre comme Les belles-soeurs. [...]  Si de nombreux classiques sont vantés, comme Agaguk d'Yves Thériault, les Plouffe de Roger Lemelin ou Trente arpents de Ringuet, des noms moins attendus figurent aussi parmi les suggestions. On pense entre autres aux oeuvres de l'anthropologue Serge Bouchard et à Mordecai Richler (L'apprentissage de Duddy Kravitz). Des auteurs très en vogue comme Patrick Sénécal (Le passager) et David Goudreault (La bête à sa mère) sont aussi cités plusieurs fois. Maria Chapdelaine, emblème du roman du terroir donné titre d'exemple par Keven Brasseur des jeunes caquistes, est cité par plusieurs lecteurs de La Presse comme le livre à ne pas faire lire au secondaire puisqu'il a «mal vieilli» pour d'autres, instaurer une telle liste de lecture constitue une forme d'ingérence dans le travail des professeurs. 


«Les enseignants de français ont plusieurs cours de littérature à l'université. S'ils ne sont pas bien placés pour choisir les livres qu'ils feront lire aux élèves, ça ne va pas bien» , fait valoir Jonathan Savoie, qui s'inquiète aussi de la politisation d'une telle liste.»(Gabrielle Roy et Michel Tremblay, auteurs essentiels), La Presse, 19 mars)  Une telle liste sera necéssairement politique car elle donnera au final une représentation historique et politique du Québec. 


À ce chapitre, On peut ainsi songer à une liste de la diversité, avec Dany Laferière, Kim Thuy, Michel Jean, lectures obligatoires au nom du vivre-ensemble. Richard Martineau, ce matin, dans sa chronique télévisée sur les ondes de LCN  pointait  notamment du doigt, Menaud maître-draveur et souhaitait que cette liste si elle devait un jour prendre forme ne soit pas  une liste de la littérature du terroir serait ainsi persona non grata, Menaud maître draveur et probablement Le Survenant. il faut d'ores et déjà considérer que les romans de l'abbé Lionel Groulx (comme L'appel de la race et Au cap Blomidon) ne soient jamais proposés aux élèves québécois. Pourquoi s'arrêter en si bonne voie et ne pas envisager d'ajouter à cette liste quelques classiques de la littérature française. Toute la littérature française ne nous appartient-elle pas? , c'est notre droit le plus strict de revendiquer Molière, Alexandre Dumas et Victor Hugo, droit le plus strict, que dis-je? Plus qu'un droit, c'est un devoir! Pourquoi les élèves québécois devraient se priver des aventures des Quatre Mousquetaires et celles du fils de d'Artagnan, dans Vingt ans après ? Vol de nuit et Le Petit Prince de Saint-Exupéry peuvent encore interpeller le jeunes de 2021. Déjà, certains se demandent si la lecture des ouvrages apparaissant sur cette liste devrait être obligatoire ou laissée facultative.  À partir de mon expérience personnelle, j'opte pour des lectures facultatives. J'ai développé mon goût de la lecture à la lecture de Bob Morane en me passionnant pour sa lutte conte l'Ombre Jaune, ce n'est que plus tard que je suis passé à la lecture de Jules Vernes. L'imposition d'une « liste de lectures » obligatoire correspond-elle d'ailleurs à la psychologie des jeunes lecteurs visés par la mesure?