Un monde multi polaire - non impérialiste - comme garantie de la paix pour tous

L'ingérence de Donald Trump dans les affaires de pays souverains

Le mondialisme n'est pas la solution

Tribune libre







L'ingérence étrangère américaine alimente l'insécurité

 

Les rédacteurs de la dernière politique canadienne pour l’Arctique (6 déc. 2024) savaient-ils que Trump était pour parler de l’annexion du Canada, du Groenland et de Panama ? En lisant cette mise à jour politique, on pourrait quasiment le penser. La perte de concurrence des économies occidentales face à de nombreux marchés émergents, dont les marchés asiatiques plus productifs et plus innovateurs est maintenant admis. Mais pour y répondre, est-on en train de planifier une militarisation accrue de la planète au lieu de faire face au défi de la performance économique ? Ne vaudrait-il pas mieux se questionner aux États-Unis sur ce qui plombe les économies occidentales dont la plus grande, celle des États-Unis ?


 

Le lien caché entre le Canada, le Groenland et Panama

Il faut se demander ce qui relie le Groenland, le Canada et Panama. Pourquoi Donald Trump a-t-il identifié ces endroits comme ceux qu'il voudrait annexer ? Commençons par Panama puisque seul le canal est un vrai enjeu. Longtemps sous administration américaine il conserve une importance stratégique indéniable. Pour mieux situer son importance, si on ajoute à Panama le détroit d'Ormuz et celui de Malacca (ce dernier étant le premier au monde en termes de trafic), c'est là qu'on commence à énumérer les premiers d'une douzaine des goulots d’étranglements stratégiques du commerce maritime mondial.

 

Contrôler ces passages obligés pour contrôler le monde n’est pas forcément une bonne idée, mais le fait est qu'ils sont intensivement patrouillés par les puissances limitrophes, ce qui est prévisible, mais s'ajoutent à elles des puissances d'autres continents et en particulier des États-Unis. À cet égard, le droit international n'est pas unanime et les États-Unis, pour un, ont des prétentions assez libérales qui justifieraient leur présence permanente partout dans ces détroits, canaux et passages. Une sorte de gendarmerie sans véritable mandat.

 

Dans ce contexte de resserrement de la liberté des transports, un corridor maritime moins connu gagne en importance. C'est le corridor arctique qui est exploité par la Russie. Il est si peu connu qu'il ne figure pas encore sur les listes que j'ai pu consulter sur le web, ce qui n'enlève rien à l'accroissement du volume qui transite par cette voie année après année. Pour aller au fait, la réunion de l'Alaska, du Canada et du Groenland annexés par Trump permettrait aux États-Unis de plaider d'une seule voix en faveur de la version américaine du droit maritime, une vision qui conforterait aux É-U le rôle de gendarme autoproclamé, imposant sa flotte dans toutes les zones stratégiques.

Avec l'acquisition d'un immense territoire contigu à la Russie, les É-U pourraient en revendiquer la patrouille, invoquant le caractère international, même si le tracé du corridor est plus enfoncé dans la Russie qu'au milieu de la mer polaire. Ce n'est que spéculation pour le moment, mais l'on voit très bien la possibilité qu'apparaisse un nombre important de contentieux et des frictions.

Voici un échantillon de ce qu'on pouvait lire dès 2005 au sujet du corridor maritime arctique.














Ces « Routes beaucoup plus courtes que Suez ou Panama, ...offriraient des possibilités commerciales et industrielles notables, tout en permettant l’exploitation de gisements de pétrole et de minerais considérables. Mais ces routes constituent aussi des enjeux stratégiques majeurs pour les trois acteurs arctiques que sont la Russie, le Canada et les États-Unis. Pour ces derniers, la liberté de navigation de la marine américaine est fondamentale; pour les deux autres, les eaux des détroits font partie des eaux intérieures, relèveraient de leur seule souveraineté et ne seraient pas soumises aux droits de passage inoffensif et de transit. Des enjeux géopolitiques constituent le fondement des litiges entre ces pays.














Avec son annexion éventuelle, que je suis le premier à réprouver, l'interprétation actuelle du Canada à l'égard du droit maritime tomberait en désuétude en faveur de celui des États-Unis. Dès lors, la Russie ferait face à un concurrent qui plaiderait avec plus de force pour un statut international du corridor arctique russe, du moins dans toutes les zones sujettes à contentieux. Outre des objectifs géostratégiques, dont on vient de voir l'importance, quel autre intérêt pourraient avoir les États-Unis à dominer le Canada plus qu'ils ne le font déjà ? La question est ouverte, mais j'avancerais que le but serait d'en extraire davantage de plus value... les États-Unis étant exagérément endettés. Mais c'est là une toute autre affaire.

 

 
 

De nos jours, le commerce maritime international devrait être garanti pour tous les pays. La militarisation des goulots d'étranglement devrait être interdite. Or, éprouvant des difficultés à faire face à une concurrence internationale vigoureuse, mais légitime, l’Occident avec les États-Unis en tête va-t-il persister à démoniser la concurrence au risque d'être éventuellement tenté de la détruite militairement ?

 

Avec un manque de responsabilité dangereux, la presse occidentale entretient une rhétorique anti-Chine, anti tout pays gagnant. Veut-on jouer le jeu des marchés ou pas ?

A-t-on si vite oublié que ce sont des capitaux américains et occidentaux qui ont soutenu le miracle chinois ? Depuis 1970 ces capitaux capitalistes ont transformé la Chine en puissance industrielle telle que nous la connaissons aujourd'hui. C’est même à Shanghai que se trouve ironiquement la plus grande et moderne usine de Tesla au monde. Elon Musk travaille pour ses intérêts, qui va s'en surprendre ?

Dans les années 1970, on enseignait dans les écoles de commerce américaines que la façon de faire beaucoup d’argent était d’investir là où se trouve une main-d’œuvre abondante peu chère payée ainsi qu'un marché en expansion. À partir de là, l’industrie américaine s’est relocalisée massivement en Chine. Était-ce un complot chinois ? Clairement pas. Mais les É. U. se tiraient dans le pied. Appâté par un gain à court terme, les capitalistes américains vont contribuer à sortir 50 millions de Chinois de la pauvreté, ce qui est bien. Mais l’élève va finalement dépasser le maître. La Chine est devenue la plus grande puissance économique mondiale. Peut-on honnêtement qualifier cette évolution de complot chinois ?














« Un point de passage obligé, en anglais « choke point » est un passage stratégique en matière de transport maritime. Les passages clés pour le transport maritime sont les goulets d’étranglement, étroits, peu profonds, talons d’Achille de l’économie mondialisée (Rodrigue et Notteboom, 2017). Ce sont principalement des détroits ou des canaux, parfois des caps, qui s’accompagnent souvent d’une limite de capacité des navires (désignér par le suffixe —max comme dans panamax ou suezmax)














Sur 150 à 180 passages maritimes internationaux retenant l'attention, on relève 28 passages de rang mondial dont 12 majeurs : détroit de Malacca, de Taïwan, Pas de Calais, détroit de Gibraltar, Bosphore, Dardanelles, détroit de Bab-el-Mandeb, canal de Suez, détroit de Macassar, d'Ormuz, cap de Bonne Espérance, canal de Panama (par ordre de fréquentation, Biaggi et Carroué, 2024). Ces passages représentent les quatre plus importants passages maritimes stratégiques du monde, d’une part du fait de l’étranglement qu'ils imposent à la circulation mondiale du fret et d’autre part à cause des activités et des ressources économiques auxquelles ils donnent accès aujourd’hui. En 2019, on estimait à 24 718 milliards de dollars la valeur des marchandises transitant par les grands passages maritimes stratégiques (ibid.). » (source : https://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/choke-point )















Je n’ai jamais pensé qu’un pays "malade" et très divisé comme les États-Unis pouvait élire un président libre et sain d’esprit compte tenu de son système électoral où les contributions monétaires achètent littéralement le pouvoir. 

 

Biden ne brille pas par sa présence d’esprit. Trump est un boutefeu mal dégrossi dont on ne sait jamais si les paroles doivent être prises au sérieux ou pas, c’est dangereux. Avec sa personnalité qui fait peu de cas de la mesure et de la diplomatie, il n'est pas acceptable et c'est même du chauvinisme de grande puissance qu'il déclare ouvertement vouloir annexer des pays étrangers indépendants. C'est faire peu de cas de leur souveraineté. Ceux qui sont attachés à leur pays, même si le Canada ne reconnaît pas les Canadiens-Français, ont raison de prende ça comme une grossière insulte. 

 

L'impérialisme a connu de meilleurs représentants. Arrivé à cette décadence, il en est peut-être son dernier tour de piste. Après s’être cru longtemps la seule puissance indispensable de la planète, ce grand pays devra accepter d’être un pays parmi les autres. Ce ne sera pas facile mais c'est une condition indispensable pour un apaisement général. En cours de route, il faudra revoir la Charte des Nations unies et reconsidérer le fameux "droit de veto" dont on a trop souvent abusé pour bloquer l'expression de la majorité des pays. Chose certaine, Make America Great Again ne pourra pas se faire aux dépens des peuples sans créer de gros remous.

 

Pour approfondir le sujet des routes maritimes :

 

https://www.revueconflits.com/la-route-maritime-du-nord-une-solution-dapprovisionnement-complementaire-pour-la-chine/









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