Éducation

Interdiction du cellulaire à l’école : menace de grève chez les élèves

Carney en pleine contradiction

Tribune libre

Le moins qu’on puisse dire, c’est que la mesure imposée par le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, à l’effet d’interdire le cellulaire à l’école à compter de septembre 2025 a eu l’heur de susciter la grogne d’un bon nombre d’élèves du secondaire. Dans cette foulée, de nombreuses vidéos ont fait leur apparition sur la plateforme TikTok pour inviter les élèves du secondaire du Québec à manifester leur mécontentement le 9 mai en s’absentant délibérément des cours. Dans une vidéo partagée sur un compte appelé «Québécois» sur ce même réseau social, un jeune du secondaire invite les élèves à faire la grève en soulignant que «des problèmes beaucoup plus graves devraient être abordés» par le gouvernement du Québec. Par ailleurs, plusieurs jeunes ont déjà confirmé qu’ils n’iraient pas à l’école ce vendredi 9 mai, alors que d’autres disent que cette grève est exagérée.

Or quoique la menace de grève ne fasse pas l’unanimité, force est d’admettre que la mesure décrétée par le ministre soulève l’ire d’un bon nombre des élèves du secondaire du Québec. À mon avis, bien que je sois d’accord avec l’interdiction du cellulaire à l’école, notamment dans le but de favoriser la socialisation des élèves entre eux, je suis persuadé que Bernard Drainville erre lamentablement à l’égard du moyen utilisé pour atteindre un objectif aussi criant, à savoir l’imposition unilatérale d’une mesure allant carrément à l’encontre d’une société emportée contre vents et marées par la technologie moderne.

C’est bien connu, les ados ont horreur de toute forme de « réglementation qui brime leur liberté », à plus forte raison lorsque la directive est imposée par un règlement issu de fonctionnaires juchés en haut d’une tour. A contrario, l’ado montrera une oreille plus attentive aux changements « proposés » dans la mesure où il fait partie intégrante de la discussion en lien avec la réglementation sur la table.

En somme, la saga engendrée par l’interdiction du cellulaire à l’école émane avant tout de la « forme », à savoir l’imposition unilatérale d’une telle mesure derrière un cercle fermé de penseurs. Or, sur le « fond », je demeure convaincu qu’une telle mesure aurait reçu l’aval d’une majorité d’élèves dans l’hypothèse où ces derniers auraient participé concrètement à la discussion. C’est une simple question de "civilité" envers ceux et celles qui sont directement touchés par une mesure qui vient changer drastiquement leurs habitudes au quotidien.

Carney en pleine contradiction

Au cours de sa rencontre avec le président Trump, le premier ministre du Canada, Mark Carney, s’est érigé en ardent défenseur de la souveraineté du Canada en insistant sur la prémisse à l’effet que le Canada n’était pas à vendre, répliquant ainsi aux velléités répétées ad nauseam d’annexion du Canada en tant que 51e État américain de la part du grand Orange.

Or le même Mark Carney, ex-gouverneur de la banque centrale d’Angleterre où il a vécu quelques années, a décidé d’inviter le roi Charles III, roi du Canada selon la Constitution canadienne, pour faire la lecture du prochain discours du Trône au Sénat.

Autrement dit, aux yeux de Mark Carney, il n’y a aucune contradiction à prôner d’un côté la souveraineté du Canada et de l’autre sa dépendance en invitant le monarque et Chef d’État, le roi du Royaume-Uni dans lequel fait partie le Canada, pour procéder à l’ouverture officielle de la session parlementaire à Ottawa. Cherchez l’erreur...


Henri Marineau, Québec



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1 commentaire

  • François Champoux Répondre

    9 mai 2025

    9 mai 2025

    Bonjour M. Marineau,

    Qui donc a parlé de tuer une mouche avec un bazooka? 

    J’avoue mon ignorance : je ne pouvais pas croire que l’on tolérait les cellulaires des enfants dans les classes. Si je peux me permettre une comparaison totalement dépassée, n’est-ce pas que de permettre le cellulaire des enfants dans la classe pendant les heures de cours, c’est comme si l’on avait permis les radios transistors de chacun dans les classes d’antan, avec des écouteurs aux oreilles?

    Le ministre passe d’un extrême à l’autre, comme un professeur incapable de maintenir la discipline dans sa classe : il pique une colère qui sidère tout un chacun, mais qui ne règle pas le problème de fond : la dignité du maître (le connaisseur) vis-à-vis des écoliers à instruire, à sortir de leur ignorance, vers une maturité d’être qui sauront par eux-mêmes se discipliner.

    Le non-sens de la mesure fait d’elle une démesure : pourquoi les élèves ne pouvaient-ils pas déposer leur radio transistors respectif dans leur case durant les heures de cours?


    Quant au premier ministre du Canada, il faut reconnaître que son idée de faire lire le discours du trône par le roi fait un pied de nez à Trump, mais en même temps au Québécois qui rejette cette souveraineté depuis des siècles. Mais le Québec est aussi un État de contradiction : il proclame sa laïcité (qui existe depuis des décennies) tout en maintenant des droits acquis à certains, en laissant les municipalités décider du bien-fondé de la prière ou non, en laissant des municipalités subventionner l’Église catholique (7 200 000. $ à la Basilique du Cap-de-la-Madeleine par la ville de Trois-Rivières sur 20 ans) (l’achat par la municipalité de St-Paulin en Mauricie de l’église vétuste pour 1.$, et la même proposition de l’évêché de Trois-Rivières à la municipalité de Yamachiche si les citoyens acceptent de rénover l’église tout aussi vétuste tout en y installant une fromagerie au sous-sol de l’église). 

    La contradiction des humains est une réalité millénaire; c’est Freud qui en concluait ainsi après des années d’étude sur ses travers : «L’humain est un être de contradiction.» 

    Trump est un obsédé qui a un pouvoir démesuré. Il est très dangereux. Tant qu’il aura le pouvoir qu’il détient, nous ne pouvons que lui opposer des stratégies et le laisser devenir incapable par la réaction de son propre peuple. C’est son peuple qui le fera devenir un rien. 


    François Champoux, Trois-Rivières