Politique canado-américaine

Carney passe le premier test face à Trump

Tribune libre

Les attentes étaient élevées de la part de Mark Carney à l’égard de sa rencontre avec Donald Trump au sujet de la reprise des négociations sur le libre échange entre le Canada et les États-Unis, le premier ministre s’étant engagé de facto à n’accepter aucune allusion sur l’annexion du Canada aux USA à titre de 51e État. Dans cette foulée, faut-il le rappeler, Mark Carney a passé l’essentiel de sa campagne à plaider qu’il était la meilleure personne pour gérer cette négociation tout en répétant que le «respect» de la souveraineté canadienne était une «condition» à la rencontre avec le président Trump.

Or dans une entrevue accordée à la journaliste Kristen Welker de NBC News deux jours avant sa rencontre avec Mark Carney, à la question portant sur l’annexion du Canada, le président a alors répété le message qu’il martèle ad nauseam depuis plusieurs mois, à savoir qu’il ne souhaite plus « subventionner le Canada à hauteur de 200 milliards de dollars » tout en prenant soin d’ajouter qu’il trouverait «magnifique» un pays qui intégrerait le Canada aux États-Unis. «Nous n’avons besoin de rien de leur part», a-t-il lancé. «Nous faisons très peu d’affaires avec le Canada alors qu’eux font pratiquement toutes leurs affaires avec nous. Ils ont besoin de nous et nous n’avons pas besoin d’eux.»

La table était mise pour la rencontre au sommet des deux chefs d’État voisins. Sur un ton plutôt cordial, le président américain n’en a pas pour autant manqué de revenir sur ses leitmotivs préférés à savoir l’annexion du Canada et sa ferme intention de ne rien changer sur sa politique tarifaire envers le Canada tout en prenant soin d’ajouter que son gouvernement ne voulait ni des voitures, ni de l’acier, ni de l’aluminium en provenance du Canada. Or avec calme et détermination, le premier ministre répliqua que le Canada n’était pas à vendre, citant en exemple un projet immobilier protégé, histoire de ramener Donald Trump sur son ex-terrain de promoteur immobilier.

En somme, je suis d’avis que le match tant attendu entre les deux chefs d’État « alliés » s’est déroulé dans la civilité l’un envers l’autre malgré l’extrême étendue qui les sépare l’un de l’autre sur les tenants et aboutissants de la guerre commerciale des USA contre le Canada. Par ailleurs, il m’apparaît évident que Mark Carney ressort gagnant de son premier affrontement avec Donald Trump si tant est qu’il a défendu avec courage la souveraineté du Canada, un fait historique avéré avec lequel Donald Trump devra dorénavant inévitablement composer.


Henri Marineau, Québec



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