L'anti-américanisme primaire consiste à rejeter et détester tout ce qui émane des États-Unis. On en trouve des traces partout dans le monde. Moins ici qu'ailleurs et avec des hauts et des bas.
Il y a aussi beaucoup d'idolâtres des Américains qui trouvent que tout est bon dans ce pays. Beaucoup de gens d'affaires, par exemple, pensent que notre voisin du sud est un modèle absolu. Beaucoup de jeunes aussi sont fascinés par sa musique, son cinéma et sa télévision. Il est certain qu'en matières culturelles, le pays de Michael Jackson n'est pas sans attraits.
En vérité, l'extraordinaire destin de ces anciennes colonies britanniques révoltées qui ont donné naissance à la première puissante du monde, et de tous les temps, est tellement vaste et diversifié qu'il n'est pas surprenant qu'on y trouve autant de choses admirables et exécrables.
Par exemple, il est possible que malgré l'attitude progressiste d'Obama en matière d'environnement, les Américains sabotent littéralement les résultats de la conférence de Copenhague sur le réchauffement climatique. À eux seuls, avec trois cent millions d'habitants sur les six milliards d'êtres humains, ils produisent le quart des émissions polluantes. En comparaison, les Chinois, qui sont quatre fois plus nombreux, en émettent la même proportion.
Au nom de la simple justice et de la fraternité humaine, les États-Unis devraient être parfaitement exemplaires dans ce domaine crucial pour l'avenir de la planète. Ils ont réussi leur formidable développement économique en créant une pollution sans égale et ils se traînent les pieds quand vient le temps de limiter les dégâts. Pourtant, à une époque lointaine, ils ont été les premiers à aménager des réserves naturelles et des parcs nationaux. Et encore aujourd'hui, ce pays est la patrie d'Al Gore, un des plus lucides et vaillants combattants du développement durable.
En matière de guerre et paix, il y a quelques années, les Américains ont pris la tête, suivis par de nombreux alliés, d'une Guerre du Golfe fondamentalement justifiée puisqu'elle consistait à empêcher l'Irak de faire brutalement main basse sur la richesse de son voisin kowétien. Hélas, au lieu de se tenir tranquilles après cette offensive au service de la paix mondiale, ils se sont lancés dans une agression contre l'Irak totalement dépourvue de fondement véritable et la plus absurde de l'histoire contemporaine.
Non content d'avoir proclamé cet infâme "axe du mal", Georges W Bush, le plus néfaste président de l'histoire du pays, a cru sottement que l'on pouvait aller imposer la démocratie par les armes dans un pays si lointain géographiquement et culturellement. Il a oublié que seul le peuple concerné peut établir un système juste et équitable. Toute l'histoire des démocraties va dans ce sens et l'aventure afghane est sur la voie de confirmer cette constante historique.
Pourtant l'histoire des États-Unis au vingtième siècle illustre tout le contraire d'un pays belliqueux. Il a fallu les supplier pour qu'ils s'engagent dans la guerre 1914-1918, alors que conformément à la doctrine Monroe ("l'Amérique aux Américains"), ils ne voulaient rien savoir d'aller participer aux horreurs européennes du temps. Même chose en 39- 45 où ils ne se sont engagés, pour notre plus grand bien, qu'après avoir subi une cruelle attaque japonaise à Pearl-Harbour.
Ils nous offrent ces temps-ci un spectacle à la fois réconfortant et désolant en discutant enfin de la possibilité incroyablement tardive de se doter d'un régime de soins de santé, comme l'ont fait depuis longtemps les pays avancés. C'est pourtant Franklin Roosevelt lui-même, qui fut le père du Wellfare State et sa nation laisse aujourd'hui près de cinquante millions de ses citoyens sans couverture de santé. Economiquement absurde en plus, leur système de santé absorbe 15% de leurs ressources nationales. Le nôtre, beaucoup plus juste, n'en mobilise qu'environ 10%. Si la situation actuelle est désolante, la tournure du débat l'est encore plus. Obama, parce qu'il veut que son pays instaure cette justice élémentaire, se fait traiter de nazi, de fasciste et de communiste!
L'Amérique a les plus formidables universités du monde, une démocratie plus que respectable et fondée avant toutes les autres, des succès économiques sans précédent, une culture rayonnante. Et dans ce même pays, une forte proportion de la population croit que Darwin avait tort, qu'Israël doit occuper toute la Palestine pour que le Messie puisse y revenir, et favorise en plus la peine de mort. Et pourtant Obama a remplacé Bush. Comme quoi le meilleur peut succéder au pire!
Bernard Landry
L'opinion de Bernard Landry #34
USA - le meilleur et le pire
Et pourtant Obama a remplacé Bush. Comme quoi le meilleur peut succéder au pire!
L'opinion de Bernard Landry
Bernard Landry116 articles
Ancien premier ministre du Québec, professeur à l'UQAM et professeur associé à l'École polytechnique
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