Nouveau Mouvement pour le Québec

«Un automne québécois après le printemps arabe»

Les indépendantistes orphelins





Le relatif succès du Nouveau Mouvement pour le Québec (NMQ), qui a rassemblé hier quelque 450 personnes à Montréal, pourrait inspirer la tenue d'états généraux du mouvement souverainiste. «Je ne suis pas du tout contre cette idée», a déclaré l'instigateur du NMQ Jocelyn Desjardins, dans un point de presse au terme de la journée. Dans son discours de clôture, M. Desjardins a lancé un appel aux partis politiques indépendantistes, soit le Parti québécois, Québec solidaire et le Parti indépendantiste: «Élevez-vous au-dessus de vos divergences. Parlez-vous, bon sang! Concluez des ententes stratégiques, peu importe la forme qu'elles vont prendre, parlez-vous, réunissez-vous.»
Plusieurs figures connues du mouvement souverainiste présentes ont soutenu que cette unité pourrait se faire lors d'un exercice d'états généraux. Le député indépendant de Borduas, Pierre Curzi, a qualifié l'idée de très «intéressante». Emballé par les mouvements citoyens actuels, il a lancé: «Il y a quand même cette volonté qu'il y ait un automne québécois après le printemps arabe.» L'ancien ministre péquiste et candidat à la direction du PQ en 2005, Gilbert Paquette, a rappelé qu'il avait proposé l'idée des états généraux du mouvement souverainiste dès 2007: «Ça a pris de l'ampleur et je vois que ça prend de l'ampleur aujourd'hui. Et je crois qu'il faut le faire rapidement.»
Le secrétaire du club politique SPQ Libre, Pierre Dubuc, a soutenu que des états généraux sont «la seule façon de réduire la division qui existe aujourd'hui entre différents regroupements». Toujours membre du PQ et de l'exécutif de Marguerite-D'Youville (malgré l'éviction du SPQ Libre des instances du PQ), Pierre Dubuc a soutenu que les états généraux constitueraient un endroit idéal pour le mouvement souverainiste pour débattre des différentes options présentes.
Grand critique de Pauline Marois, il soutient qu'elle devrait elle-même convoquer d'éventuels états généraux. La députée de Crémazie Lisette Lapointe ne partage pas cette opinion: «Ce ne doit pas se retrouver dans les mains d'un seul parti politique. Ça, ce serait de la récupération.» La création d'un nouveau parti souverainiste n'est pour l'instant pas nécessaire, croient M. Curzi et Mme Lapointe, mais cette dernière a soutenu qu'au moment des élections, les souverainistes devraient se regrouper «sous un parapluie souverainiste».
Perte d'emploi
Au dire de Jocelyn Desjardins, la publication du manifeste du NMQ Brisons l'impasse et l'annonce de la tenue de cette assemblée avaient contraint les autres forces politiques à se rapprocher des citoyens. Pauline Marois a annoncé une tournée de consultations citoyennes (la première se tiendra demain à Trois-Rivières). D'autres forces politiques ont dû sortir de leurs «salons cossus d'Outremont», a ajouté M. Desjardins en référence à l'ex-ministre François Legault, dont la Coalition pour l'avenir du Québec entamera une consultation panquébécoise prochainement.
Critique à l'endroit du PQ de Pauline Marois, M. Desjardins a toutefois réservé ses flèches les plus acérées à M. Legault qu'il a qualifié d'«éteigneur de rêve». C'est un sondage indiquant la forte popularité de M. Legault qui a convaincu M. Desjardins de lancer son mouvement, a-t-il raconté. Cette décision a d'ailleurs déjà eu une conséquence bien concrète dans sa vie puisqu'il a perdu vendredi son emploi comme directeur des communications et du marketing pour le Conseil québécois du commerce de détail. Dans une intervention en fin de journée, Lisette Lapointe s'est dite «scandalisée» qu'au Québec en 2011, on puisse perdre son emploi «parce qu'on s'implique dans une démarche citoyenne».
Élection référendaire
Toute la journée, des intervenants se sont succédé au micro. Un des premiers, le militant péquiste Jean-Louis Pérez, a suscité la réprobation de plusieurs dans la salle en défendant la chef péquiste et son projet de «gouvernance souverainiste» adopté «massivement» par les militants du PQ lors du congrès d'avril. L'idée qui revenait le plus souvent était toutefois celle du retour à «l'élection référendaire» abandonnée par le PQ en 1974. Le député de Nicolet-Yamaska, Jean-Martin Aussant, a fait savoir en début d'été que le retour à cette voie d'accès à l'indépendance ne devait pas être écarté. L'ancien député de la circonscription de l'Assomption, Jean-Claude St-André, en brouille avec le PQ depuis son éviction comme candidat en 2008, a soutenu, en marge de l'assemblée hier, qu'il croyait lui aussi que c'était la voie à suivre.
En après-midi, deux personnalités non signataires du manifeste ont joué le double rôle de conférencier et d'animateur. Le premier, l'humoriste François Parenteau, a plaidé pour une réforme du mode de scrutin qui permettrait d'inclure des éléments de proportionnelle. L'environnementaliste Daniel Breton, de l'organisme Maîtres chez nous XXIe siècle, a par la suite plaidé pour une indépendance énergétique du Québec qui mènerait à l'indépendance politique.
Affiliations diverses
Plusieurs «citoyens» ont souligné leur affiliation à des mouvements existants, notamment quelques représentants de Québec solidaire. Au moins deux personnes ont revendiqué leur appartenance au Réseau de résistance du Québécois. L'ex-felquiste Pierre Schneider, après avoir rappelé ses années au Rassemblement pour l'indépendance nationale des années 60, a lancé un «appel pacifique à la subversion» et a incité à «renverser l'ordre établi» et à débarrasser le Québec de «la monarchie constitutionnelle» actuelle. Un autre ex-felquiste, Rhéal Mathieu, était présent, mais en tant que caméraman pour un site Internet. Il a précisé qu'il ne travaillait pas pour le NMQ.


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