La rentrée du 2e mandat, c’est aujourd’hui pour le gouvernement Legault.
Et l’histoire enseigne que les deuxièmes mandats sont souvent infernaux. Ambitions et promesses se heurtent aux conjonctures mouvantes.
Dans le cas du gouvernement caquiste, l’inflation, même appelée à diminuer bientôt, aura eu le temps de plomber les nombreux projets d’infrastructures lancés par lui.
Une récession (même si on la prévoit sans importantes pertes d’emploi) pourrait entamer les revenus de l’État, qui en aurait bien besoin pour « refonder » les systèmes de santé et d’éducation qui craquent de partout.
En parallèle, les négociations avec les employés du secteur public (en soif de rattrapage et de hausses de salaire anti-inflation) risquent de déboucher sur des affrontements solides.
- Ne manquez pas La rencontre de l'heure Nadeau-Robitaille, tous les jours 17h30, en direct ou en balado à QUB radio :
Legs
Les deuxièmes mandats sont aussi historiquement ardus puisque chaque décision politique faisant des mécontents arrive à un point où tous les insatisfaits se plaignent en chœur.
Selon ce que rapportait Le Devoir ces derniers jours, François Legault veut garder le cap sur ses grands projets, ne pas s’éparpiller. À son caucus géant, il aurait dit : « On laisse faire les sondages. On laisse faire la revue de presse ».
Tout un revirement de la part d’un accro aux enquêtes d’opinion. Et qui « s’épuisait à convaincre tel chroniqueur ou tel journaliste », aux dires d’un de ses anciens conseillers du début des années 2000, l’historien Éric Bédard. (Revue L’inconvénient, automne 2022.)
Les deuxièmes mandats, c’est aussi ceux où le chef politique aperçoit à l’horizon la fin de son parcours en se disant « c’est le temps ou jamais de travailler à mon legs ».
Une sorte d’« horloge biologique » encore plus prégnante pour un personnage comme François Legault, qui se définit comme homme de « résultats ».
De l’« action » ?
Dans ce contexte, le nouveau virage du gouvernement quant au français est incompréhensible.
Le temps presse, le cœur et l’âme de l’identité québécoise s’effritent et le voilà qui repart en consultation. Comme à la belle époque de la Commission Larose (2000-2001), ces « États généraux sur la situation et l’avenir de la langue française au Québec » lancés par un Lucien Bouchard qui voulait gagner du temps ; exercice qui ne donna pas grand-chose.
Consulter : ce sera le principal objectif du Groupe d’action pour l’avenir de la langue française (GAALF), lancé vendredi par le nouveau ministre de la Langue française Jean-François Roberge.
Un groupe d’action... qui n’agira pas. Qui consultera ; fera des campagnes de « sensibilisation » ! Alors que ce même gouvernement, il n’y a même pas un an, a accouché difficilement d’une ambitieuse réforme de la loi 101. Et après moult consultations. Le gouvernement en parle à peine. L’appliquera-t-il ?
L’initiateur de cette loi, Simon Jolin-Barrette, ministre de la Justice, n’a pas été invité à faire partie du GAALF ; mais Pascale Déry, ministre de l’Enseignement supérieur, ancienne porte-parole qui défendit Michael Rousseau, ce PDG d’Air Canada prétendument trop occupé pour apprendre le français pendant ses 14 ans à vivre au Québec, elle, oui.
Ça augure mal.