Québec cessera-t-il de promouvoir notre anglicisation par les universités ?

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La CAQ « nationaliste » : de plus en plus une fraude politique

Le destin du français est lié à celui de la science. Je me répète. La langue de publication de résultats de recherche n’est pas l’enjeu principal. C’est la vie scientifique et universitaire en français qui est l’enjeu.  


Pour étoffer mes propos, j’ai publié dans Le Journal deux textes au printemps 2023. Ces textes montrent 1) comment certaines subventions accordées aux universités anglophones contribuent à l’anglicisation de Montréal et du Québec, 2) pourquoi nous peinons à avoir des services en français dans les hôpitaux affiliés à McGill pourquoi la vie industrielle et économique se déroule chaque jour davantage en anglais. Québec le subventionne! 


Récupération financière 


Le principe est pourtant simple : l’argent du Québec, concernant le recrutement d’étudiants non québécois, devrait viser exclusivement une fréquentation en langue française. Ceux qui veulent fréquenter nos établissements de langue anglaise sont bienvenus, mais à leurs frais ou aux frais des riches fondations de ces universités.



  • Écoutez l'entrevue avec Martin Maltais, Professeur en financement et politiques d’éducation à l'UQAR, à l'émission de Richard Martineau via QUB radio :



On peut estimer récupérer en moyenne 20 % par année des 200 millions (40 M$) que j’ai relevés dans mes autres articles et ainsi bonifier annuellement les sommes prévues pour le recrutement d’étudiants non québécois par les universités de langue française, pour atteindre 200 M$ récurrents en 2028-2029. Les principales modifications à faire rapidement pour amorcer un cercle vertueux visent les règles suivantes :  



  1. Canadien non-résident du Québec exempté – dérèglementer les nouvelles admissions dans les universités anglophones, en particulier au doctorat (34 M$) et pour les médecins résidents (3 M$) ;  

  2. Clientèles étrangères règlementées au 2e et 3e cycles – dérèglementer les nouvelles admissions dans les universités anglophones (32 M$) ;  

  3. Étudiants internationaux exemptés – annuler les quotas d’exemptions universitaires pour les nouvelles admissions (49 M$) et demander à la ministre des Relations internationales et de la Francophonie (MRIF) d’écrire à tous les partenaires visés par les ententes de coopération intergouvernementales de l’intention du gouvernement d’ouvrir toutes ces ententes dès cette année pour qu’elles excluent les universités de langue anglaise (8 M$) ;  

  4. Étudiants soumis au montant forfaitaire canadien – dérèglementer les nouvelles admissions dans les universités de langue anglaise pour les Canadiens non-résidents du Québec (44 M$) et faire la même démarche avec la MRIF pour les ententes avec la France et la Belgique en vue d’exclure les établissements de langue anglaise (6 M$).   


La mise en œuvre de ces mesures permettrait, à terme, de récupérer 176 millions $ (voir tableau plus bas). 


Modification des règles 


Les règles peuvent être modifiées en cours d’année, mais le Québec a des ententes contractuelles ou à tout le moins morales avec les personnes admises et inscrites. S’il n’y a pas de nouvelles règles émises dès cet été, l’anglicisation du Québec par la fréquentation universitaire se poursuivra à hauteur de 200 millions de dollars cette année dans le milieu universitaire et je me question sur la volonté réelle du gouvernement de cesser d’être un promoteur de l’anglicisation alors que des mesures immédiates peuvent être engagées.   


Modifications rapides à mettre en place dans les Règles budgétaires et calcul des subventions de fonctionnement aux universités du Québec – 2023-2024* 


*Sommes arrondies au million près



PHOTO COURTOISIE


Martin Maltais, Professeur en financement et politiques d’éducation, UQAR