Chronique du vendredi - Patrick Bourgeois

Ras-le-bol du PQ

À force de cracher en pleine face des indépendantistes, à force de les foutre à la porte, le PQ creuse sa propre tombe.

Les indépendantistes orphelins


J’ai pris quelques jours avant de réagir aux propos révoltants de la mitaine-député péquiste Sylvain Gaudreault. Sur le coup, j’étais trop fâché pour prendre mon clavier. Trop méchant, fort probablement, j’aurais été dans ma réplique. Mais aujourd’hui, je suis prêt à plus de modération (!!!), alors, allons-y…
Rappelons que Gaudreault a tenté de couler, par l’entremise des médias, le Nouveau mouvement pour le Québec (NMQ) en lui reprochant d’être noyauté par des extrémistes indépendantistes, dont des militants du Réseau de Résistance. Encore une fois, nous servons de boucs émissaires à ces gens-là qui condamnent à tort et à travers. Avec eux, c’est toujours la faute aux autres, mais jamais la leur. Incapables d’introspection ils sont. Imbuvables ils sont tout autant.
Cette fois-ci, par contre, la coupe est pleine.
Je tiens à faire remarquer à l’empaffé Gaudreault que jamais un militant du Réseau de Résistance n’a fait saigner quiconque du nez. Jamais aucun acte de violence n’a été commis par nos militants. Jamais, jamais, jamais ; l’avion que nous avons fait voler dans le ciel de Québec, nous ne l’avons pas fait s’écraser contre le château Frontenac… Alors les accusations d’extrémisme, le faiseux à cravate, il peut se les foutre où je pense.
Au fil des ans, le PQ nous a habitués aux condamnations dirigées contre les purs-et-durs et les indépendantistes les plus sincères et motivés. Pierre Bourgault a goûté à cette médecine, Jacques Parizeau, Yves Michaud, Pierre Falardeau -et j’en passe- aussi. Mais ces condamnations étaient alors formulées sous le coup des pressions fédéralistes. Le Canada et les tenants d’un Québec soumis et petit réclamaient des condamnations contre les indépendantistes et toujours, dans ces cas-là, le PQ s’exécutait ; de bon cœur, malheureusement. Mais aujourd’hui, nous n’en sommes plus là. Depuis quelques années, le PQ est tellement devenu débile qu’il n’a même plus besoin des fédéralistes pour cracher sur la tête des indépendantistes. Il le fait maintenant de son propre chef, sans que des fédéralistes se mêlent des dossiers, en reprochant par exemple au NMQ de tolérer la présence de simples militants du Réseau tout à fait respectables dans ses rassemblements. Carrément surréaliste et dégueulasse!
À force de cracher en pleine face des indépendantistes, à force de les foutre à la porte, le PQ creuse sa propre tombe. On a vu dans les derniers sondages vers quel mur la direction Marois se dirige. Ces gens-là qui sont censés tout connaître mieux que tout le monde font la preuve qu’ils ne sont que des incompétents de première. Trop bêtes ils sont pour comprendre qu’à chaque fois qu’ils s’en prennent à une faction ou une autre du mouvement indépendantiste, ils perdent des plumes. Le poulet est malheureusement aujourd’hui à peu près plumé. Mais ils ne comprennent toujours pas le gros bon sens. Pathétique, ô combien pathétique que tout ça !
Marois devrait commencer à se poser de très sérieuses questions. Jusqu’où est-elle prête à s’accrocher pour son prestige personnel ? Ou dit plus crûment : elle fera planter le mouvement indépendantiste jusqu’où avant de sacrer son camp ?
Bien sûr, le contexte actuel est tellement difficile que bien des militants font des appels à la solidarité, à l’unité. Pour combattre Charest et Legault, il faudrait encore une fois fermer les yeux et se rallier derrière le PQ moribond à Pauline Marois qui préfère les estrades au maire Red Bull que le combat pour la liberté, la justice et la dignité ; encore une fois, il faudrait se boucher le nez et appuyer cette bande d’incapables, et ce, afin d’éviter de diviser le vote progressiste et indépendantiste. Un moment donné, faut que les indépendantistes cessent de rêver à un mariage dont le PQ ne veut pas. Ce parti ne veut pas des indépendantistes dans ses rangs parce qu’il ne veut pas être bousculé à cause de la question nationale. Il ne veut pas de militants dans ses instances qui le forceront enfin à travailler pour le pays. Il veut vaquer en paix à sa réélection et point final. On a tous compris : de belles jobs les attend. Voilà l’objet de leurs fixations.
Dans de telles circonstances, que fait-on ?
Le temps est clairement venu de redonner un rapport de force aux indépendantistes. Laissons le PQ mener sa barque comme bon lui semble et organisons-nous dans notre coin. Cela peut se faire sans souhaiter de malheurs au PQ. Il ne sert à rien d'élaborer des stratégies destinées à faire planter le PQ ; je souhaite plutôt qu’il prenne le pouvoir, de façon à sauver les meubles en attendant le grand soir. Mais nous, occupons-nous de nos propres affaires, redonnons-nous la force dont nous avons besoin pour aider le Québec et concentrons-nous à combattre les ennemis véritables de ce dernier bout de planète: les pilleurs de nos ressources et les enterreurs de peuples qui font les gorges chaudes ces jours-ci.
Certains diront qu’un nouveau parti indépendantiste empêchera le PQ de prendre le pouvoir en divisant le vote. Je ne suis pas de cet avis. Si le PQ ne parvient pas à former le gouvernement, ce sera de sa faute, ce sera parce qu’il se sera laissé supplanter par Legault à force de ne rien dire de porteur d'avenir, et très certainement pas à cause d’un petit parti indépendantiste naissant qui pourrait faire élire 2-3 députés.
En 2007, nous avions réuni des indépendantistes influents afin de tester la possibilité de mettre sur pied un nouveau parti indépendantiste. Nous étions revenus bredouille. Le fruit n’était alors point mûr, nul ne voulait s’engager dans pareille aventure ; tous souhaitaient donner une nouvelle chance au PQ. Mais le fruit a mûri depuis. Plusieurs comprennent désormais que vient un temps où nous ne pouvons pas toujours reporter à demain le règlement des problèmes les plus urgents. Et le fait est que le PQ ne marche pas de manière sérieuse et décidée vers le pays. Cela est un très grave problème. Il faut régler ça. Mais comment?
J’ai reçu ce matin le communiqué du groupe SPQ-libre. Encore une fois, les Laviolette et Dubuc font preuve de sagesse et émettent des commentaires à leur hauteur, c’est-à-dire tout à fait intelligents. Selon eux, il ne sert à rien de plaider en faveur d’un nouveau parti. Préférable serait que le PQ change et qu’il retrouve enfin la raison. Je suis bien d’accord avec eux. Si je croyais que le PQ pouvait changer, j’articulerais le même discours qu’eux. Mais le fait est que le PQ ne veut pas changer. Et on sait tous qu’on ne peut pas forcer autrui à être ce que nous aimerions le voir devenir.
Partant de là, mon opinion est que la seule façon de relancer le combat indépendantiste (et cela ne signifie aucunement d’adopter la stratégie de Bernard Drainville en ajoutant une « étape » de plus en imposant aux Québécois la signature de registres réclamant la tenue d’un référendum), c’est que les indépendantistes se redonnent un rapport de force digne de ce nom. Et cela ne peut se faire, dans le contexte québécois actuel, qu’en se dotant de notre propre parti, un parti qui ne s’évertuera pas à prendre la place du PQ, mais la sienne, tout simplement. Un parti qui, en parlant de liberté, forcera le Québec à réfléchir à nouveau à la question. Un parti qui en combattant pour plus de justice et pour notre libération forcera le PQ à se positionner à nouveau : s’il le fait enfin, ne pouvant plus supporter la comparaison avec le parti des purs-et-durs qui ne manquera pas de connaître un certain succès puisque le peuple québécois, comme tout autre peuple sur cette planète, souhaite survivre mais surtout vivre, il sera alors possible de fusionner les deux partis et ainsi marcher plus résolument vers le pays.
Certains me diront qu’on pourrait plutôt se tourner vers Québec solidaire pour atteindre pareil objectif. Le problème est qu’Amir Khadir est bien meilleur que son parti. QS tergiverse trop souvent dans le dossier national. Si on quitte une bande de branleux péquistes, ce n’est certes pas pour nous réunir dans une nouvelle chapelle où nous devrons entreprendre les mêmes sempiternels combats. À l'heure actuelle, nous devons avoir les coudées franches. Et la meilleure façon d’y parvenir, c’est en se donnant notre propre parti. J’en demeure convaincu.
Sans figure forte, cette mission serait quasi impossible à accomplir, je me dois de l’admettre. On a tous pu constater l’échec retentissant du Parti indépendantiste (PI) d’Éric Tremblay. Mais cette fois, les choses sont différentes. Il y a deux personnalités fortes qui pourraient donner un grand coup de barre dans le petit monde politique québécois : Pierre Curzi et Jean-Martin Aussant. Si ces deux-là décident de brasser la cage, on pourrait être surpris des résultats qu’ils pourraient obtenir.
Alors vive le nouveau parti indépendantiste que plusieurs souhaitent, mais que survive à ses côtés le PQ. Lorsque le contexte aura enfin évolué, indépendantistes et souverainistes, chacun dans leurs partis (ou en fusionnant), devront à nouveau se tendre la main pour en finir une fois pour toutes avec le Canada.

Patrick Bourgeois


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