LE ROSEAU

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Les guerres intestines des souverainistes révélées au grand jour

La tempête qui frappe le navire de Martine Ouellet ne semble vouloir se calmer.  Depuis des semaines maintenant, et en coulisses svp, bien des gens tirent énergiquement des ficelles afin de faire tomber une cheffe qui a commis une seule faute véritable, celle de mettre de l’avant la liberté.  Cette liberté qui effraie tant de par les contrées d’ici qu’on appelle pourtant chez nous.


On sait que le clan Gilles Duceppe manigance contre Martine Ouellet depuis son arrivée à la tête du Bloc.  Ils sont parvenus à faire démissionner sept députés, donnant ainsi au Bloc l’image d’une “famille” profondément divisée, et dysfonctionnelle. Et l’unique solution à appliquer serait bien sûr la leur.  On n’en attendait pas moins.


Au fil de ces événements malheureux, Martine Ouellet s’est forgée la réputation de ne pouvoir travailler en équipe. Ce qui est faux.  Elle sait travailler en équipe, et de fort belle façon qui plus est, mais avec ceux qui rament dans le bon sens.  Et force est d’admettre qu’ils sont nombreux dans le mouvement souverainiste par les temps qui courent ceux qui ne rament pas dans la même direction que cette cheffe courageuse, celle qui rêve de pays et de liberté plus passionnément qu’à peu près tous les autres.


Ce que vit actuellement la grande dame qu’est Martine Ouellet me rappelle un certain discours de Jacques Parizeau.  Au lendemain de la campagne référendaire de 1995, M. Parizeau disait avoir contre lui le Canada, le Québec fédéraliste ainsi que les souverainistes mous. “Ça fait beaucoup de monde contre toi, ça”, disait-il.


Martine Ouellet est dans une position similaire.  Elle est isolée, appuyée seulement par ceux qui ont encore le courage de défendre leurs convictions les plus profondes. Et comme bien d’autres espèces, l’espèce des courageux est de plus en plus menacée dans ce Québec pâlissant!


Il ne faut toutefois pas se leurrer.  Ce qu’elle vit, notre cheffe, ce n’est pas tant à cause de qui elle est, ou de ce qu’elle est.  Mais bien à cause de ce qu’elle incarne.  C’est-à-dire la passion indépendantiste.  Celle qui fait peur.  Celle qui dérange.  Celle qu’on doit, dans certains cercles canado-québécois, combattre avec acharnement.  Ça prend beaucoup de courage pour faire rayonner une telle passion. Et force est de constater que ce courage est parcimonieusement distribué, et ce, même dans les cercles rapprochés de la cheffe.  Cercles qui commencent à se briser d’ailleurs sous la pression intense du gang canadien-québécois-d’expression-française.


La volée de bois vert que reçoit Mme Ouellet depuis franchement trop longtemps maintenant est bien sûr organisée et pensée en fonction des médias.  Ces médias qui sont toujours très heureux de conduire un nouvel indépendantiste rebelle et non repenti à l’échafaud.  C’est comme ça qu’on organise les exécutions dans les contextes que l’on suppose encore démocratiques.  Des exécutions qui consistent à diffuser des idées qui vont juste dans un sens afin de démoniser un individu, un parti, voire un rêve.  Martine Ouellet a pleinement goûté à cette médecine en cette fin d’hiver et début de printemps.  Pour la faire tomber, on l’a talonnée, harcelée, vilipendée. Sans aucune maudite relâche. On a évalué sous toutes les coutures les appuis dont elle joui, de façon à en remettre plusieurs en question, pour toutes sortes de raisons plus ou moins défendables.  Alors que la pareille n’a pas été réservée au clan des sept.  Aucun journaliste ne s’est non plus évertué à analyser le rôle joué dans ce psycho-drame par Gilles Duceppe.  Mais on a cru bon, par contre, sur les ondes de Radio-Canada qui plus est, de réunir des psychologues qui laissaient planer bien des sous-entendus à l’égard de Martine Ouellet.  Et je ne parle pas de l’insipide émission La joute, cette tribune qui réunit des types qui préfèrent salir qu’analyser et qui n’ont aucunement ménagé celle qui résiste malgré tout.


Faire face à une telle tempête heurte violemment les courages.  Martine Ouellet doit être très forte pour passer à travers cette crise.  Je suis certain qu’elle doit actuellement souffrir beaucoup, même si elle n’en laisse rien paraître.  J’en suis sûr parce que j’ai vu de proche ce que ces campagnes médiatiques diffamatoires pouvaient laisser comme blessures chez des gens aussi forts que Pierre Falardeau.  Falardeau qui n’en était pas à ses premières polémiques pourtant…


Ceci dit, je ne suis par contre en rien étonné du retournement de veste de Mario Beaulieu. Lui qui défendait Martine Ouellet jusqu’à tout récemment, et qui ne le fait plus désormais pour toutes sortes de raisons qu’on peut imaginer. On peut surtout expliquer sa volte-face par le fait qu’il était franchement absent quand le distributeur de courage est passé par chez lui.  La peur au ventre, il abandonne maintenant celle qu’il a pourtant suivie jusqu’ici.


Le fait qu’il plante aujourd’hui un poignard dans le dos de Martine Ouellet est dévastateur.  Cela durcit encore davantage l’image de diviseuse qu’on a fallacieusement collée sur cette femme.  À cause de M. Beaulieu, l’impression que la garde rapprochée de Martine Ouellet est en train de la lâcher sera maintenant alimentée de toutes les façons imaginables dans les médias.  Les prochains temps seront encore plus durs pour Martine Ouellet qu’ils ne l’ont été jusqu’ici.  Et ce, à cause de Mario Beaulieu.


Certes, Mario Beaulieu est un gentil garçon. Il a une bonne bouille de gros nounours incapable de faire du mal à une mouche; il le voudrait que je ne crois pas qu’il y réussirait de toute façon. Ce politicien est un genre de chevreuil à l’oeil larmoyant au pays des caribous impitoyables. Assurément, il est au mauvais endroit, au mauvais moment. Et toujours, il sera impossible de remporter une lutte aussi acerbe que celle nous menons avec des dirigeants qui craignent leur ombre.


Sa personnalité peureuse, on l’a vu à l’oeuvre jadis quand il a fait le piteux pitou face à Gilles Duceppe.  Ce dernier s’est dressé contre Mario Beaulieu en réclamant qu’il démissionne de son poste de chef du Bloc.  Celui-ci a obtempéré aux ordres, sans demander son reste, avec le résultat que l’on connaît.  Et ce n’était vraiment pas la première fois qu’il ployait politiquement.  J’aurais de ce fait été fort étonné qu’il garde le cap au coeur de cette violente tempête qui frappe de plein fouet Martine Ouellet et qui l’éclabousse bien contre son gré.


Je vais vous raconter une anecdote qui m’a depuis longtemps permis de deviner que Mario Beaulieu plierait l’échine encore une fois, dans le contexte actuel.


En 2014, des gens importants au Bloc Québécois m’ont approché pour que je représente le parti lors des élections fédérales qui s’en venaient à grands pas.  À l’époque, j’étais déjà bien sorti des cercles politiques, alors une telle demande m’avait grandement surpris.  Et je dois bien dire que ça ne me tentait guère d’acquiescer, et ce, pour toutes sortes de raisons qui s’appelaient ma nouvelle vie professionnelle et familiale.  Des semaines durant, j’ai reçu des appels du pied de ces mêmes bloquistes.  Ils m’expliquaient que Manicouagan – là où ils voulaient que je me présente –  était un comté sûr pour le Bloc; qu’étant originaire de là-bas, j’étais un candidat fort intéressant, etc.  Bref, la grande séduction, j’y ai eu droit.


Mais j’hésitais toujours malgré tout.  Je savais que le parti était en miettes dans Manicouagan.  Et je savais qu’une campagne électorale dans un comté aussi étendu rendrait le porte-à-porte bien difficile.  J’ai quand même fini par dire oui.  Mais en posant une condition de béton:  il fallait que ma candidature soit appuyée par le chef Mario Beaulieu.  J’ai expliqué aux militants que je ne voulais pas me battre contre la direction pour me présenter, et encore moins me faire encore une fois tirer dans le dos par des alliés, en l’occurence ici Mario Beaulieu lui-même.  J’étais conscient qu’une polémique me concernant aurait pu éclater à cause de ma candidature bloquiste,  et que cela pourrait déranger Mario Beaulieu.  Je voulais qu’il en soit conscient et décidé à faire face à la musique si la chose se produisait. Si tel n’était pas le cas, je préférais passer mon tour. On m’a assuré que le chef était tout à fait d’accord à ce que je représente le Bloc sur la Côte-Nord.


J’ai de ce fait débuté le travail de reconstruction du parti à Baie-Comeau. Mais pas longtemps…


Car j’ai rapidement reçu un appel de Mario Beaulieu.  Finalement, il voulait me rencontrer.  Nous nous sommes ainsi rendus dans un restaurant de  la circonscription de Viau où je m’étais présenté pour Option nationale (le Petit coin du Mexique pour ne pas le nommer).  D’emblée, Mario Beaulieu m’a parlé de mon passé avec Pierre Falardeau, des coups que nous avions menés ensemble et qui avaient dérangé la bien-pensance, pour finalement laisser tomber le verdict:  “Patrick, je ne veux pas que tu sois candidat.  Tu n’es pas défendable publiquement.  On pourrait t’aider à te refaire une réputation pour une prochaine fois”.  C’est grosso modo ce qu’il m’a alors dit.


Disons que j’avais trouvé assez effronté qu’il me fasse déplacer dans un restaurant pour me déblatérer pareils propos mièvres.  Il aurait pu me dire tout ça au téléphone au lieu de me faire perdre mon temps que je me disais.  Et j’étais aussi fâché contre ceux qui m’avaient attiré dans un tel engagement à l’intérieur du Bloc.  Parce que ma condition initiale n’avait pas été respectée.  On m’a expliqué que Mario Beaulieu avait finalement eu peur et qu’il avait changé d’idée en ce qui me concernait.  Il est vrai qu’il était déjà aux prises avec Gilles Duceppe à l’époque et que ce dernier et moi, on ne s’aime vraiment pas.  Il devait craindre la réaction de celui qui lui faisait tant peur si je devenais candidat pour le Bloc.  C’est compréhensible.  Mais ça dénote tout de même un flagrant manque de courage.


Tout ça pour dire que si Mario Beaulieu a eu peur pour si peu, s’il a reculé face à une crisette qui n’existait même pas en ce qui avait trait à ma candidature de rien du tout, s’il a craint mon retour en tant qu’indépendantiste pas très important au Bloc Québécois (que tout le monde avait alors déjà oublié, ce qui limitait les risques de crise d’autant), je ne le voyais vraiment pas défendre très longtemps Martine Ouellet, elle qui fait face à une vraie crise; une crise très aigüe.


Et malheureusement, je ne me suis pas trompé. Le roseau Beaulieu a réagi comme je m’y attendais.  C’est-à-dire qu’il a bel et bien fini par ployer dans le sens du vent le plus fort.  C’est triste.  Choquant.  Mais vraiment pas étonnant.