EN COMPLÉMENT À LA RÉFLEXION DE GILLES VERRIER

C'est vous qui aviez raison, Monsieur Bourgault!

Relançons enfin le combat pour l’indépendance sur la clarté et la cohérence

Les indépendantistes orphelins


Merci beaucoup monsieur Verrier pour cet excellent article de fond qui met, selon moi, le doigt sur l'origine de l'imposture péquiste responsable à la fois de l'impasse politique où est arrivé le Parti québécois ainsi que de la stagnation depuis 1980 de l'appui à la "souveraineté".
C'est simple, et beaucoup l'ont déjà noté et reconnu: l'assemblée de création du PQ en 1968 avait le choix, suite à l'existence de deux factions (RIN d'une part, MSA et RN de l'autre), de créer un parti voué d'abord à la pédagogie de l'indépendance avant de la réaliser une fois porté au pouvoir (le RIN) ou un parti acceptant les règles du jeu parlementaire actuelles et qui viserait à convaincre les Québécois des avantages d'un nouvel arrangement constitutionnel avec Ottawa accordant tous les pouvoirs politiques d'un État, mais avec un partage du même espace économique (MSA et RN). Cette dernière option supposait d'abord la prise du pouvoir de la manière conventionnelle (élection d'un gouvernement provincial) pour, au moment jugé opportun, consulter la population (élection référendaire ou référendum) en vue de réaliser la "souveraineté" par des négociations avec le gouvernement fédéral.
On connaît toute l'histoire depuis. Ce qu'il faut retenir est ceci:
1. Il est illusoire de solliciter un mandat de gouverne provinciale, que ce soit pour faire la promotion de l'indépendance, promettre de tenir un référendum sur cette option ou même de ne pas en tenir un. L'insuffisance des pouvoirs provinciaux réduit le gouvernement québécois à l'impuissance pour régler les problèmes les plus graves et ceux-ci monopolisent toutes les énergies, ne laissant que peu d'espace pour la promotion de l'indépendance. De plus, tenir un référendum en respectant le cadre constitutionnel canadien actuel est illusoire et un couteau à deux tranchants: de un, le fédéral utilisera tous les moyens possibles pour rendre impossible une victoire du OUI et, de deux, s'en remettra toujours à sa constitution (légitimée indirectement par le respect des règles du jeu en tenant un référendum dans le contexte juridique actuel) pour rendre hasardeuses les négociations sur le rapatriement des pouvoirs ou le partage des actifs et de la dette;
2. L'abandon de la pédagogie de l'indépendance et le report incessant du référendum ont été catastrophiques pour le progrès de l'idée d'indépendance dans la population. En effet, chercher à "rassurer" la population a momentanément facilité l'élection de gouvernements péquistes, mais a rendu cette population sceptique sur l'urgence et la pertinence de l'indépendance. Un "bon gouvernement" péquiste contribuait à conforter la population avec le statu quo, alors qu'un mauvais gouvernement était interprété comme une manifestation de l'incompétence des élus souverainistes.
En somme, "distraire" la population en sollicitant et en acceptant des mandats de gouverne provinciale n'a fait que perdre du temps et des énergies colossales. En négligeant la pédagogie de l'indépendance, le PQ s'est privé de constituer une base sympathisante solide, contrairement au PLQ, LE parti du pouvoir (entendre "l'Ordre marchand"), qui a toujours compté sur les anglophones et allophones intégrés à eux pour revenir au pouvoir, au gré de la fluctuation du vote des francophones.
Au contraire, si les thèses indépendantistes (purs et durs du RIN, du Mouvement pour une élection sur la souveraineté (MES) ou encore de l'actuel Parti indépendantiste) avaient été retenues lors de cette assemblée de fondation en 1968, l'élection du PQ aurait, certes, été plus difficile, mais l'idée d'indépendance aurait fini par faire son chemin, les limites d'un gouvernement provincial, fut-il péquiste et prônant une "gouvernance souverainiste" ou non, ne pouvant ultimement que confirmer la répartition inéquitable des pouvoirs et la nécessité de l'indépendance pour sortir de ce système.
Monsieur Pelletier, en lisant votre commentaire à cet article de monsieur Verrier, j'avais pensé renchérir avec vous en citant l'article du Soleil démontrant qu'Éric Tremblay avait même déjà approché Jean-Martin Aussant et les autres démissionnaires pour se joindre au PI (http://www.cyberpresse.ca/le-soleil/actualites/politique/201108/06/01-4424078-lex-pequiste-jean-martin-aussant-courtise-par-le-parti-independantiste.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_vous_suggere_4424167_article_POS1), mais c'était avant que je n'apprenne le refus de la nouvelle coqueluche de l'heure du mouvement indépendantiste de faire ce saut (http://www.cyberpresse.ca/le-soleil/actualites/politique/201108/07/01-4424167-jean-martin-aussant-dit-oui-au-pays-mais-non-au-parti-independantiste.php).
Je ne m'offusque quand même pas de la réaction de monsieur Aussant. Il a, bien sûr, signifié son désaccord avec certaines idées du PI, mais endosse au moins l'essentiel, soit le principe de l'élection décisionnelle décisive pour réaliser l'indépendance. Peu importe sa décision, il a forcé une brèche dans le mur du silence de Gesca et des autres médias fédéralistes qui occultent l'existence du Parti indépendantiste, ce qui a permis à une grande quantité d'internautes de connaître les grandes orientations du PI, ce que n'aurait pu faire une publicité payée, qui aurait été ignorée par l'Empire Desmarais.
Ce qui est vraiment important, c'est que la faisabilité de l'élection décisionnelle décisive pour réaliser l'indépendance gagne rapidement le plus de monde possible. Une fois qu'on se sera entendu là-dessus, il sera toujours possible de négocier le contenu de la réalité d'un Québec indépendant (citoyenneté, nombre et critères de sélection des immigrants, statut de la minorité anglophone, des Premières nations, etc.). C'est d'ailleurs le pourquoi de la rédaction de la constitution par la population elle-même, tel que proposé par Pierre Cloutier.
Qu'importe ce qui arrivera avec le PQ, avec ou sans Pauline Marois, avec la création de la Coalition pour l'avenir du Québec (CAQ) de Legault-Sirois ou pas, lors de l'élection qui s'annonce, le mouvement indépendantiste est maintenant de plus en plus conscient qu'il faut se rencontrer, et ce en dehors du PQ ou du BQ, pour nous donner un nouveau véhicule politique et une organisation pour réaliser concrètement l'indépendance du Québec dès l'élection suivante. Oui, ça va faire mal pour un "boutte" avec Charest ou Legault encore en place pour 4 ans, mais la balle est relancée! Les fédéralistes n'ont qu'à bien se tenir.


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2 commentaires

  • Luc Bertrand Répondre

    1 septembre 2011

    Vous avez historiquement raison, monsieur Rhéaume. Je n'ai voulu que placer les deux principales factions en parallèle pour comparer leur objectif et moyens de l'atteindre. Par simplification, j'ai omis de mentionner que la méthode d'accès à l'indépendance des partisans du MSA et du PQ était l'élection décisionnelle jusqu'à ce que Claude Morin ne parvienne, en 1973, à convaincre René Lévesque et le conseil exécutif national d'introduire le référendum pour consulter la population sur sa volonté de faire la souveraineté, ce qui permettait au Parti québécois de "tasser" son option de côté pour concentrer les efforts sur son élection.
    C'est d'ailleurs lors de la distribution des cartes de rappel pendant l'élection de cette même année que Jacques Parizeau, Jean Garon et de nombreux autres candidats péquistes ont été placés devant ce fait accompli, à leur plus grande indignation. Claude Morin et René Lévesque ont ensuite profité de la démission de Parizeau de l'exécutif national après cette élection pour faire adopter la stratégie étapiste lors du Congrès national de novembre 1974.
    Vous avez raison, le MSA n'avait pas tout faux comme ma comparaison un peu inexacte le laisse supposer. En 1968, la principale divergence entre Lévesque et Bourgault n'était pas tant la méthode d'accession à l'indépendance que la nature du lien maintenu entre le Québec et le Canada, le premier subordonnant l'indépendance à la conclusion d'un traité d'association économique (conditionnel, toutefois, à des négociations de bonne foi de la part du fédéral), le second faisant de la déclaration d'indépendance le préalable à toute discussion ultérieure avec le Canada pour, notamment, maintenir le dollar canadien comme devise commune.
    Ce n'est donc qu'à partir de l'élection d'octobre 1973 (trop tard pour changer la perception des gens lors de cette élection) que le Parti québécois est devenu "confédéraliste" en acceptant dorénavant de jouer les règles du jeu de la politique provinciale québécoise en attendant l'hypothétique "grand soir".
    S'il y avait des sessions de formation organisées par Cap sur l'indépendance ou lors d'États généraux sur l'indépendance, René Marcel Sauvé, Andrée Ferreti, Bruno Deshaies et vous-même serez assurément d'excellentes candidatures pour situer les militants dans l'évolution de l'indépendantisme moderne jusqu'à nos jours. Toutes mes excuses si vous vous êtes senti placé dans le camp des initiateurs du problème fondamental qui mine le Parti québécois depuis 1973.

  • Archives de Vigile Répondre

    26 août 2011

    Quand le PQ a été fondé en 1968, j'y étais, il n'a jamais été question de référendum ou de consultation préalable avant de faire la souveraineté.
    Dès la prise du pouvoir le processus menant à l'indépenance était enclenché.
    Ce n est qu'aux élections de 1973 que l'Idée du référendum est apparue.
    Les indépendantistes manquent de formation historique.
    gr