Chronique de la croqueuse de mots

L'objectionite

Attention quand surgira le projet de loi sur la laïcité!

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Chronique de Thérèse-Isabelle Saulnier

À suivre le déroulement des présentations des projets de loi caquistes depuis à peu près un mois, c’est franchement à craindre sérieusement pour le plus important et le plus crucial de ces projets, encore à venir, celui sur la laïcité. Alors qu’on n’a même pas le texte de ces projets, les objections fusent de toutes parts dès l’annonce de leurs grandes lignes, au point que l’on se demande si nous ne sommes pas atteints du virus de l’objectionite. (Excusez le néologisme!)


Le gouvernement caquiste en est sans doute en bonne partie responsable, par la manière dont il s’y prend dans sa présentation de ces projets. Prenons celui sur l’immigration. À peu près tout le monde s’entend pour dire que c’en est un bon (mais en quoi consiste-t-il, je vous le donne en mille, on n’en a pas vu la lueur d’une virgule jusqu’à présent), et tous les commentaires portent sur la destruction des 18,000 dossiers non encore traités! Parmi ceux-ci, un certain nombre concerne des immigrants francophones (Français, Belges, et autres) vivant ici depuis au moins deux ans, de parfaits candidats pour le Québec. Comment se fait-il qu’on n’ait pas pensé à ceux-là? On a décidé de tout jeter et de faire recommencer les démarches à zéro, probablement parce qu’on a pensé qu’il s’agissait de dossiers concernant de futurs immigrants, encore dans leur pays et ayant sans doute renoncé à émigrer... Grossière, grosse erreur, qui risque peut-être de foutre en l’air le projet lui-même en son entier.


Dans le domaine de l’éducation, tout s’est focalisé sur le projet des maternelles 4 ans, qui ne connaît guère un meilleur sort. Ça n’a pas pris boutinette que la résistance s’est organisée, venant surtout du personnel des CPE (Centres de la Petite Enfance), craignant pour leurs emplois et le manque de financement possible. Mais, entre vous et moi, qu’est-ce qu’une maternelle 4 ans, en quoi diffère-t-elle d’un CPE, en quoi en est-elle un complément et non un concurrent? Là aussi je vous le donne en mille, je n’en ai encore vu aucune lueur de définition. Autre grossière erreur du gouvernement caquiste.


Comment s’y prendra-t-il pour le projet de loi sur la laïcité? Apprendra-t-il de ses erreurs? Une fois annoncé, focaliserons-nous, encore une fois, sur un point particulier risquant de soulever une nouvelle objectionite aiguë risquant de foutre tout le projet en l’air?


Il ne le faudrait pas. J’entrevois déjà que la seule question du maintien du crucifix au Salon bleu de l’Assemblée nationale pourrait déjà suffire à rejeter le projet en son entier, étant donné que par sa présence dans le lieu même de l’État, un État se proclamant laïque continuerait, dans le sillon de Maurice Duplessis, d’afficher son appartenance religieuse catholique tout en refusant aux autres un tel affichage. Il faut absolument que le ministre responsable de ce dossier s’arrange pour, au pire, envoyer cette patate chaude à l’Assemblée nationale qui en décidera, selon ses prérogatives, ou, au mieux, expliquer qu’étant à la fois un objet religieux et un objet patrimonial (bien que nous ayons affaire à une simple copie), 1) il n’a pas sa place au Salon bleu en tant que signe religieux, et 2) qu’en tant qu’objet patrimonial ou, plutôt, historique, sa place est dans un autre endroit du Parlement où se trouvent déjà d’autres objets historiques.


Une autre objection majeure contre la laïcité concernera l’atteinte au droit à la liberté de religion. Je porte cette question à votre réflexion: afficher ses croyances religieuses est-il un droit fondamental, et fait-il partie de ce qu’on appelle la liberté de religion?



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4 commentaires

  • Thérèse-Isabelle Saulnier Répondre

    26 février 2019

    Correction:


    En passant, ce crucifix (qui est une copie de l’original), que Duplessis a fait poser à l’AssNat, n’est certainement pas le «premier symbole de la séparation de l'État et de la religion», c’est même tout le contraire. Normand Paiement le reconnaît lui-même : «Après tout, il y a été installé en 1936 par Maurice Duplessis pour officialiser l’union entre l’Église et l’État», a-t-il écrit, ce qui est tout à fait juste et exact. 


  • Thérèse-Isabelle Saulnier Répondre

    26 février 2019

    À Monique Chapdelaine : J’ai fait bonne lecture, merci, et à mon tour de vous en proposer une : https://vigile.quebec/articles/le-crucifix-de-l-assemblee-nationale  (texte de Jacques Rouillard).


    En passant, l’idée que ce crucifix (qui est une copie de l’original), que Duplessis a fait poser à l’AssNat, n’est certainement pas le «premier symbole de la séparation de l'État et de la religion», c’est même tout le contraire. Normand Paiement le reconnaît lui-même : «Après tout, il y a été installé en 1936 par Maurice Duplessis pour officialiser l’union entre l’Église et l’État», a-t-il écrit, ce qui est tout à fait juste et exact. 


  • Monique Chapdelaine Répondre

    24 février 2019

    Mme Saulnier,


    Vous abordez la question du crucifix à l'Assemblée nationale.


    Doit-on enlever ou non le crucifix à l'Assemblée nationale ? Je vous invite à visionner la vidéo de  Goy George intitulée Le secret du crucifix de Maurice Duplessis, premier symbole de la séparation de l'État et de la religion.


    .https://www.youtube.com/watch?v=ZUfsRri_WVg


    Je vous invite également à lire le texte de Normand Paiement sur le même sujet.


    https://vigile.quebec/articles/cachez-ce-crucifix-que-je-ne-saurais-voir-les-tartuffes-de-la-laicite


    Bon visionnement et bonne lecture !


  • André Lemay Répondre

    24 février 2019

    À mon souvenir, et il gère une assez longue période, nous avons ici au pays du Québec toujours laissé les signes religieux être présents dans notre société. Si l'on exclue l'affaire Rocarelli qui c'est terminée en eau de boudin comme il se devait, tous nos Jéhovah et autres Bérêt Blanc ont toujours pu manifester leur "croyance" plus ou moins de façon ostentatoire.


    Jamais cependant ces ti-clins de la vie après la mort n'ont reçu autre chose que leur droit à montrer et faire valoir de façon privée leur croyance. On appelait ça le porte à porte. À chacun sa chance.


    Nul, jamais, n'aurait eu la moindre possibilité que sa "foi" contraigne l'ensemble. C'était à l'époque lointaine où le peuple était encore un signifiant malgré toutes ces simagrés. Ce n'était que des marginaux. Comme société, nous ne cédions pas. Ils étaient libres de promouvoir mais jamais d'imposer.


    Aujourd'hui, chez-nous, c'est là que le bât blesse. Face à cette ruée de la victimisation exascerbante à plus d'un titre et au délittement de notre "nous",  les marginaux modernes tiennent le haut du pavé.


    Et de dénégation de genre en victimisation d'ostracisme religieux promues par des larbins aux ordres, nous voyons dangereusement reculer ce qui nous faisait nous. Dorénavant, non seulement ils promeuvent, accusent mais pire, se voient récompensés.


    André Lemay