LAÏCITÉ

Des conservateurs dénoncent la Loi sur la laïcité de l’État québécois

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La laïcité est un concept incompréhensible pour les anglo-protestants

Le chef conservateur, Erin O’Toole, estime que la loi québécoise qui interdit aux employés de l’État en position d’autorité coercitive de porter des signes religieux dans l’exercice de leurs fonctions est une question qui relève de cette seule province.


Certains de ses députés semblent toutefois adopter une position plus ferme.


M. O’Toole a été interrogé là-dessus jeudi à la suite de la publication d’une nouvelle selon laquelle une enseignante en Outaouais avait «perdu sa classe» dans son école primaire de Chelsea parce qu’elle portait un hijab.


Le chef conservateur a indiqué que même s’il s’oppose personnellement à la Loi sur la laïcité de l’État québécois, et qu’il avait partagé son opposition avec le premier ministre du Québec, François Legault, il respecte la compétence provinciale en cette matière et estime qu’»il vaut mieux laisser aux Québécois le soin de décider».


M. O’Toole estime que sa position est «exactement la même» que celle du chef néo-démocrate, Jagmeet Singh, et du premier ministre libéral, Justin Trudeau - qui n’a pas exclu, toutefois, l’idée d’une intervention fédérale sur cette question.


Tracer une ligne plus dure


Alors que le chef conservateur a déclaré que l’affaire était clairement de compétence québécoise, certains de ses députés n’ont pas hésité à tracer une ligne plus dure.


«Je ne peux plus, en toute conscience, garder le silence à ce sujet. C’est une honte absolue», a écrit sur Twitter le député ontarien Kyle Seeback, en partageant un article sur l’affaire de Chelsea. «Il est temps que les politiciens défendent ce qui est juste. Il faut s’opposer au projet de loi 21. Au tribunal, à la Chambre des communes et dans la rue.»


«100 %» d’accord, a répondu le porte-parole conservateur en matière de services aux Autochtones, Jamie Schmale. Toujours dans les médias sociaux, le député conservateur Mark Strahl, de la Colombie-Britannique, a écrit: «Merci pour ton leadership, Kyle. Je partage ton point de vue».


«Restreindre d’autres libertés»


Le député conservateur albertain Chris Warkentin a ajouté que «si le gouvernement est libre de limiter la liberté religieuse, il se permettra de restreindre d’autres libertés».


Du côté des libéraux, la députée ontarienne Salma Zahid, qui porte elle-même un hijab, a écrit sur Twitter qu’elle était «attristée et déçue» par ce qu’elle avait lu sur l’enseignante québécoise, affirmant que «ça ne devrait pas se produire au Canada».


«Personne au Canada ne devrait jamais perdre son emploi à cause de ce qu’il porte ou de ses croyances religieuses.»


Rappel


La Loi sur la laïcité de l’État, adoptée en juin 2019 à l’Assemblée nationale, interdit aux employés de l’État québécois en position d’autorité coercitive, comme les juges, les policiers et les gardiens de prison, de porter des signes religieux dans l’exercice de leurs fonctions. Cette interdiction s’étend aussi aux enseignants du réseau public.


La loi reconnaît toutefois un droit acquis aux personnes qui étaient déjà en poste en mars 2019, lorsque le projet de loi 21 a été déposé, à condition que ces personnes conservent leurs fonctions actuelles. La loi comporte aussi une disposition de dérogation pour la soustraire à certains articles des chartes des droits et libertés, notamment le droit à la liberté de religion.