Bien que le développement d'une industrie éolienne au Québec soit bien parti et que la mise en oeuvre de cette politique soit exécutée rigoureusement par Hydro-Québec, bien des obstacles risquent de nuire à son plein succès et de retarder son plein déploiement. Et pourtant, on a affaire ici à une des meilleures formes d'énergie sur le plan du développement durable.
Le conseil national du Parti québécois a fourni un bel exemple d'incohérence dimanche dernier, quand 60 % des militants présents ont voté pour l'étatisation de l'énergie éolienne.
Cette proposition est venue des Syndicalistes et progressistes pour un Québec libre (SPQ Libre), un club politique autorisé par Bernard Landry pour éviter que ces militants de la gauche du PQ n'aillent grossir les rangs de Québec Solidaire, qui n'était alors qu'un mouvement. Devenu un parti, Québec Solidaire présentera des candidats dans toutes les circonsciptions du Québec, ce qui devrait contribuer à la défaite de candidats péquistes au profit du Parti libéral. On comprend M. Landry d'avoir voulu leur faire une place au sein du PQ, mais on doit les trouver bien embarrassants.
Animé par l'ex-président de la CSN, Marc Laviolette, et l'ex-candidat de gauche à la direction du PQ, Pierre Dubuc, le SPQ-Libre milite sans relâche en faveur de l'étatisme auprès des militants et des instances du parti. Même Pauline Marois lui avait fait les yeux doux lors de la course à la direction du PQ pour recevoir leur appui face à André Boisclair. Elle s'était en effet dite favorable à l'étatisation de l'énergie éolienne, contrairement à M. Boisclair.
Ce dernier est resté sur sa position et a rejeté du revers de la main la proposition de son parti en faveur de l'étatisation de l'éolien. À écouter les défenseurs de cette proposition, on se serait cru en Bolivie, qui est en train d'étatiser des champs gaziers. Pour eux, l'État est une nouvelle religion et une solution à tous les maux.
La position des militants du PQ s'explique en partie par le fait que le parti est de plus en plus noyauté par des militants syndicaux. On sait que les syndicats d'Hydro-Québec et la FTQ sont favorables à une telle étatisation, qui permettrait de grossir les rangs des syndiqués etd'accroître leurs revenus de cotisations. Ils ont perdu une bataille, mais ils reviendront à la charge.
D'autres activistes cherchent une autre piste pour ralentir le développement de cette industrie. C'est le cas du Conseil régional de l'environnement du Bas Saint-Laurent qui demande des " audiences génériques ", qui seraient faites par le Bureau d'audiences publiques en environnement (BAPE). Ce conseil appuie sa demande sur les constats du BAPE relativement au projet de SkyPower dans la région de Rivière-du-Loup. Il est vrai que ce projet, autorisé par Hydro-Québec avant les appels d'offres relatifs aux blocs de 1 000 et 2 000 mégawatts (MW), avait été mal planifié. Or, ce projet a été bloqué dans sa forme originale par le " règlement de contrôle intérimaire " décrété par la MRC de Rivière-du-Loup, tel que le permet la loi. Le rapport que vient de publier le BAPE sur ce projet montre aussi que la population dispose de tous les outils voulus pour peaufiner les projets qui ne respecteraient pas ses attentes et ne protègeraient pas suffisamment l'environnement.Point n'est besoin par conséquent de telles audiences génériques qui retarderaient les projets déjà autorisés et ceux qui sont en préparation pour le bloc de 2 000 MW.
Une véritable industrie de l'énergie éolienne est en plein développement. De grâce, ne la freinons pas. L'engagement du gouvernement Landry en faveur d'un contenu gaspésien de 60 % a permis de créer en Gaspésie quelque 500 emplois manufacturiers. C'est considérable dans une région qui perd sa population et dont les deux industries principales, la forêt et la pêche, vivent un fort déclin. N'en minimisons pas l'impact.
Rappelons certains de ces investissements : Marmen (fabrication de tours et assemblage de nacelles à Matane), Composites VCI (fabrication de nacelles à Matane), LM Glasfiber(fabrication de pales à Gaspé), Cemta et Groupe Ohméga (fabrication de mâts de mesure du vent à Cap-Chat et à Gaspé). De son côté, Gurit investit dans une usine de pales à Magog pour profiter du marché américain, où le développement de l'éolien est fulgurant, et du 2 000 MW. Le Québec a la manie de décourager les entreprises qui investissent au Québec. Résultats : Boralex possède maintenant le plus important parc éolien en France, Innergex a quatre projets en Colombie-Britannique et trois en Ontario et Hydroméga en a quatre en Ontario.
Le Québec ne reçoit que 16 à 17 % des investissements canadiens. Nous en aurions plus si nous étions plus ouverts à l'investissement privé. Et notre prospérité s'en porterait mieux.
jean-paul.gagne@transcontinental.ca
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