par Dutrisac, Robert
Québec - Le chef du Parti québécois, André Boisclair, fait fi de la volonté des militants péquistes qui prônent la nationalisation de la filière éolienne.
«L'expropriation, c'est non», a tranché, hier, André Boisclair, rejetant l'idée de nationaliser la filière éolienne pour réserver à Hydro-Québec la propriété de tous les parcs éoliens sur le territoire québécois.
Lors de leur conseil national placé sur le thème de l'environnement, les militants péquistes ont adopté une résolution stipulant qu'Hydro-Québec «prendra en charge du développement éolien via la nationalisation».
André Boisclair est toujours ouvert à la propriété privée des parcs d'éoliennes, une voie qu'avait privilégiée le gouvernement Landry en permettant à Hydro-Québec de signer des contrats de gré à gré avec trois promoteurs: SkyPower à Rivière-du-Loup et à Cacouna, 3Ci à Murdochville et Axor à Matane. La semaine dernière, le Bureau d'audiences publiques en environnement (BAPE) a jugé que le projet de SkyPower n'était pas acceptable. Les deux autres parcs éoliens sont déjà érigés.
Par la suite, Hydro-Québec Distribution a lancé des appels d'offres auprès des promoteurs privés afin d'obtenir une puissance de 3000 MW, pour un total de 3500 MW à ce jour. Le gouvernement Charest empêche Hydro-Québec Production de répondre à l'appel d'offres lancé par sa société soeur.
Or le chef péquiste a indiqué qu'Hydro-Québec, qui doit prendre en charge le développement de l'éolien comme le veut son parti, doit aussi pouvoir répondre aux appels d'offres de parcs éoliens, au même titre que l'entreprise privée. Il souhaite aussi que les municipalités et les MRC ainsi que des coopératives d'agriculteurs puissent répondre à la deuxième vague d'appels d'offres pour l'énergie éolienne.
«Je comprends la colère des gens. En ce moment, le développement se fait de façon anarchique», une situation dont est responsable le gouvernement Charest, a dit M. Boisclair. Il estime que le projet Terravents, de SkyPower, est «un mauvais projet qui ne respecte pas la communauté locale».
S'opposant aux ténors du parti, Marc Laviolette et Pierre Dubuc, du club politique Syndicalistes et progressistes pour un Québec libre (SPQ libre), furent d'ardents partisans de cette résolution sur la nationalisation de la filière éolienne.
Cette proposition a suscité des débats animés. «On parle d'expropriation. Moi, j'appelle ça de l'appropriation», a dit M. Laviolette. «Je suis déçu de l'interprétation qui est faite d'un texte qui est clair. On se ramasse dans du "mou-flou". Je ne pense pas que ça aide du "mou-flou" en politique», juge M. Laviolette.
La députée de Rosemont et critique en matière d'énergie, Rita Dionne-Marsolais, était en furie à la suite du vote serré qui ouvrait la voie à la nationalisation de l'éolien. «À l'extérieur du Québec, la nationalisation [...], ça veut dire l'expropriation de l'entreprise privée», avait-elle prévenu lors du débat.
Le député de Rousseau, François Legault, a fustigé l'aversion péquiste contre les entrepreneurs. «Si on veut bâtir au Québec un pays prospère, il va falloir que le Parti québécois se réconcilie avec les entreprises privées», a-t-il lancé à l'assemblée.
Non au prolongement de l'autoroute 25
Interrogé par les journalistes en conférence de presse, André Boisclair a précisé qu'il s'opposait au prolongement de l'autoroute 25, à l'instar des militants péquistes, et qu'il préconisait plutôt le développement du transport en commun. De plus, tous les nouveaux projets d'autoroutes sont jetés aux oubliettes, mis à part la construction déjà entreprise de l'autoroute 30. «La priorité, c'est l'entretien des routes», a-t-il dit, évoquant l'effondrement du viaduc de la Concorde, mais aussi l'état de délabrement général du réseau routier du Québec.
En vertu des propositions adoptées hier, le prochain gouvernement péquiste édictera une politique sur la qualité de l'air.
Cette résolution fut présentée par M. Boisclair. En outre, la Charte de la Ville de Montréal sera modifiée pour lui permettre, comme l'a fait Londres, d'imposer un péage pour entrer au centre-ville. Enfin, les militants se sont prononcés en faveur de la tenue d'un débat sur l'énergie nucléaire.
Dans son discours de clôture. André Boisclair, manifestement détendu devant ses troupes, a employé un style simple et direct, délaissant les formules creuses et tarabiscotées auxquelles il nous avait habitués. Le chef péquiste a fait l'inventaire des écueils que le gouvernement Charest a rencontrés dans sa relation avec le gouvernement Harper, notamment l'abandon de l'entente sur les services de garde et du registre des armes à feu. Mais il a surtout insisté sur la question de l'environnement qui n'est pas sans soulever des problèmes constitutionnels. L'abandon du protocole de Kyoto par le gouvernement Harper est en soi une bonne raison de faire la souveraineté, a-t-il plaidé.
Puis le chef péquiste a cité le conseil que lui a donné Jacques Parizeau: «M. Boisclair, ne vous inquiétez pas. Comptez toujours sur le gouvernement fédéral pour nous décevoir.»
André Boisclair a même suggéré à Jean Charest de prendre exemple sur René Lévesque qui a pris le beau risque et sur Jacques Parizeau qui, au lendemain de l'échec de l'accord du lac Meech, appelait Robert Bourassa «mon premier ministre». «C'est à son tour de prendre un beau risque. C'est au tour du Parti libéral du Québec de regarder sérieusement la souveraineté du Québec», a-t-il dit.
Boisclair se dresse contre les militants
Le chef du PQ dit non à la nationalisation de l'éolien
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1 commentaire
Luc Bertrand Répondre
31 octobre 2006C'est à se demander si le PQ souhaite que ce soit les autres qui fassent la job à sa place. Si c'est vraiment ça, si André Boisclair et sa garde rapprochée (voir l'article de Paul Cliche plus loin) est assez couillon pour envisager faire une campagne sans engagement formel de réaliser l'indépendance du Québec, à quoi donc servirait de voter pour le Parti Québécois? Si Boisclair se permet de rééditer René Lévesque en 1983 (alors qu'il avait renversé la décision du congrès national qui voulait faire porter l'élection sur un pays au lieu de mettre en veilleuse son option) sans pouvoir prétendre jouir du même prestige, à quoi cela sert-il de continuer à participer à ces conseils-bidons?
Maintenant qu'on est sûr(e)s de ne pas avoir d'élection générale cet automne, nous, militant(e)s, membres de conseils exécutifs et candidat(e)s officiel(le)s du Parti devrons nous réveiller pendant qu'il est encore temps. Qu'on se le dise: André Boisclair était le meilleur candidat des neuf l'an dernier (lors de la course à la direction du PQ) pour les fédéralistes. Eh bien, force est d'admettre qu'ils ont réussi leur coup, et un coup fumant à part ça! Si l'on encaisse le coup, il faut savoir préparer la riposte. Nous avons quelques mois devant nous. Le PQ est encore perçu (fouillez-moi pourquoi!) par la majorité de la population comme le seul parti entièrement consacré à faire l'indépendance du Québec. Jean Charest lui-même se charge de le rappeler aux gens en disant que le programme du Parti est le plus radical qui n'a jamais été adopté (s'il savait ce qui a été refusé par l'establishment du PQ!). Les autres partis qui essaient de remplacer le Parti Québécois n'arrivent pas à faire lever de ferveur populaire. Ne comprenez-vous pas l'arnaque que nous nous sommes fait faire l'an dernier (en fait, que NOUS nous sommes fait(e)s en ne prennant pas la peine de regarder, d'écouter, de lire, de creuser au-delà de l'image que les médias de Gesca ont bien voulu nous montrer...POUR NOUS "RENSEIGNER"!)?
Ami(e)s membres du PQ, n'attendons pas plus longtemps pour nous débarrasser d'André Boisclair! À défaut d'un putsch, la seule possibilité, selon le programme, de forcer Boisclair à démissionner est d'inciter les président(e)s de comté et de région à demander par écrit la convocation d'une conférence nationale des président(e)s au plus tard dans un délai de 30 jours (article 121 des statuts). Il suffit d'avoir la signature de 30 membres de la conférence des président(e)s pour le faire. Je crois qu'un dossier pourra facilement être monté par ces membres pour justifier l'expulsion du chef et décider des modalités pour l'élection d'un(e) successeur(e). Je crois que c'est notre seule chance pour convaincre tous les souverainistes déçu(e)s de refaire confiance au Parti pour faire l'indépendance du Québec.
Au pire aller, qu'est-ce qui est préférable? Avoir un Parti Québécois avec un chef qui nous convie à élire un autre "bon gouvernement" provincial sans garantie sérieuse de faire l'indépendance du Québec ou avoir un parti sans chef mais cohérent avec la nécessité absolue de détenir tous les pouvoirs d'un État indépendant?
Ne perdons plus de temps et passons à l'action si nous voulons qu'un jour notre peuple devienne enfin libre!