Un peuple trompé par ses messies

Laïcité — débat québécois

Je lis, dans Cyberpresse du 7 octobre, que [«le congrès musulman demande l’abolition de voiles en public»->22369]. Vous avez bien lu : pendant que la SAAQ et d’autres organismes publics québécois s’enferrent dans une tolérance de mauvais aloi, un laxisme multiculturaliste qui va à l’encontre de la laïcité de l’État que réclament la très grande majorité des Québécois, ce sont les musulmans mêmes qui nous rappellent à l’ordre. Voilà de quoi renvoyer dos à dos les quelques rares islamistes du Québec, que leur propre communauté rejette, et nos politiciens et technocrates trop lâches ou trop imbéciles pour dire le bon sens et l’appliquer. Qu’attendent Jean Charest, Pauline Marois, Amir Khadir, Françoise David et ce qui tient lieu de direction à l’ADQ pour, d’un commun accord, mettre au point et approuver, à l’unanimité, la charte de la laïcité qui mettrait fin à la confusion? On a dit, dans cette histoire, beaucoup de mal de Charest et de ses ministre tels Yolande James et Christine St-Pierre, avec raison. Bien. Mais où logent les autres? À l’usage, nos partis de l’opposition, indépendantistes ou pas, logent à la même enseigne, ils font dans leur culotte politiquement correcte.
Dans le même ordre d’idées, Louise Harel et Pauline Marois s’excusent de ne pouvoir répondre ou répliquer en anglais aux journalistes dans un État où la langue française est censément LA langue officielle. On prétend souvent que les Québécois se comportent en colonisés, en annexés. C’est vrai. Mais comment se comportent leurs élites, même celles dites souverainistes? Qu’est-ce que c’est que cette bande d’enfoirés prétendant d’un côté de la bouche défendre la nation québécoise et sa culture d’origine française et laïque et jouant de l’autre le jeu du bilinguisme, du multiculturalisme et du communautarisme?
Sans doute est-il vrai que les Québécois de souche française se comportent en colonisés et en annexés. Mais, avant de les en blâmer, il faut voir comment se comportent ceux qui se prennent pour leurs chefs ou leurs libérateurs potentiels. On dit communément que les peuples ont les dirigeants qu’ils méritent. Peut-être devrait-on renverser la proposition et affirmer que les dirigeants ont le peuple qu’ils fourvoient.


Laissez un commentaire



7 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    9 octobre 2009


    Qu'elle soit religieuse ou laique, la perspective est la même. Dans cette optique, il faut partir d'Aristote et de sa morale à Nicomaque.
    Aristote définit la morale comme science et art du bonheur humain et le bonheur comme la qualité d'une vie complète.
    Il n'y a pas de définition plus universelle, ni pour les religieux ni pour les laics.
    Et qui d'autre que les Musulmans que j'ai connus et à qui j'ai enseigné connaît mieux Aristote et ses définitions de la morale e du bonheur ?
    Au Québec, nous avons perdu nos classiques et en conséquence, nous avons basculé dans la kétainerie.
    Salutations monsieur Poulin.
    JRMS

  • Raymond Poulin Répondre

    9 octobre 2009

    Cela va de soi, grand-papa, mais vous vous doutez sans doute de la raison pour laquelle j'ai utilisé volontairement le terme de messie, en tout cas je l'espère.

  • Archives de Vigile Répondre

    9 octobre 2009

    La nation n'a pas besoin de messies mais de guides.
    Messie :
    Le libérateur envoyé par Dieu.
    Personnage providentiel
    Guide :
    Personne qui conduit, qui montre le chemin.

  • Archives de Vigile Répondre

    9 octobre 2009

    Pour une Charte de la laïcité:
    http://sisyphe.org/spip.php?article3310#sp3310
    Dans une Constitution d'État, sans attendre le lendemain du Grand soir. C'est ce que nous propose Me Pierre Cloutier:
    http://www.vigile.net/Pour-une-constitution-quebecoise,21641
    JCPomerleau

  • Jacques Dubreuil Répondre

    9 octobre 2009

    Monsieur Poulin, comme vous avez raison. Nos notables, puisqu'on ne peut décemment parler de «nos élites», sont à la solde de maîtres étrangers depuis 1760. Faut-il que nous soyions forts, comme peuple, pour résister encore et toujours malgré ce fait atroce que nous n'avons pas de chefs naturels depuis tout ce temps. Pourtant, notre histoire montre que nous avons eu au mètre carré plus de héros que n'importe quel autre pays. Et ce, à toutes les époques. Mais des héros officieux. Toujours le pouvoir officiel leur a échappé. C'est ça, être une province.
    Prendre conscience de ce fait, c'est un premier pas dans la bonne direction, celle de la liberté. Car le Québec sera libre un jour, et nos chefs pourront gérer notre pays en fonction de nos intérêts sans entrave, c'est-à-dire sans avoir à penser d'abord aux intérêts d'un maître étranger. Et notre peuple en profitera pleinement.

  • Gilles Bousquet Répondre

    8 octobre 2009

    Nos dirigeants sont à notre image et à notre ressemblance. Si nous sommes des enfoirés, il y a une grosse chance que nos dirigeants le soient aussi à moins d'en importer pour les élire.
    Je crois que Mme Marois, dans les circonstances et en général, se comporte de la bonne façon et tape, de plus en plus, sur les bons clous. Elle devrait arriver où il est souhaitable d’aller pour notre peuple, quelque chose comme un grand peuple…pas trop enfoiré…me semble.

  • Archives de Vigile Répondre

    8 octobre 2009

    Ça n'a pas pris de temps pour retourner une histoire d'accomodemment pour juifs hassidiques en un problème islamique.
    La laïcité et les religions n'ont rien à voir avec l'égalité des sexes.
    Voilà pourquoi l'idée de cette loi est si absurde.
    Depuis quand il y a une morale différente selon les sexes ! Ces exigeances d'institutions religieuses sont des lois et non pas des positions morales. Quel conflit moral peut bien provoquer le fait qu'un homme suive un test de conduite automobile par une femme ? Aucun.
    Une société n'a pas à accommoder ses lois à c'elles d'autres sociétés ou institutions.
    Tant qu'à Pauline Marois, elle exige que la Charte soit remodifiée afin de donner plus de poids à l'égalité entre les hommes et les femmes. Encore une fois, c'est notre institution le problème et non pas les lois des institutions immigrantes !
    Faut modifier encore NOTRE charte ! Donner plus de poids à l'égalité de notre charte ! Comment diable est-ce possible, sans faire pencher ce qui est déjà égal ?!
    Incappable de dire NON !