Le Journal de Montréal a voulu prendre Khadir en flagrant délit à propos de la caricature montrant la Liberté guidant le peuple, pochade à partir d’un tableau de Delacroix. Lorsque des journaux en sont rendus là, il faut s’interroger . Les scribes des journaux PKP sont-ils à ce point incultes ou de simples fouilleurs de merde? Leur coeur ou leur cerveau balance-t-il entre les deux, prennent-ils tous leurs lecteurs pour des amibes? On peut poser la question de plusieurs façons, mais, dans tous les cas, ils cherchent à ternir l’image de Khadir, entre autres têtes de Turc. Et s’ils le font, ce n’est pas pour déplaire à leur patron, sinon ils s’en abstiendraient. On a déjà vu ce qu'il peut faire de ceux qui lui déplaisent.
Pierre Péladeau père n’aurait pas toléré ce genre d’attaque vicieuse contre un Khadir. Il est vrai que, nonobstant sa pugnacité en affaires, il croyait en certaines choses sur lesquelles il ne transigeait pas, beaucoup peuvent encore en témoigner. S’il voit ce que ses journaux sont devenus, il ne doit pas décolérer du matin au soir : quelques crisses par-ci, plusieurs tabarnaks bien sentis par là. Certes, comme il le disait, les trois S de la réussite d’un journal sont le sexe, le sang et le sport, mais, outre ces trois mamelles, le reste permettait tout de même de publier des papiers qui ne prenaient pas nécessairement leurs lecteurs pour des imbéciles finis. À sa mort, on est passé d’un bum philosophe et citoyen à du voyoutisme rivalisant dans l’abject politique avec la Presse manipulatrice. Au moins, dans ce dernier cas, on y met parfois les formes, quoiqu’elles n’excusent pas le fond : ici, même pas. Ça offre peut-être l’avantage de paraître moins hypocrite mais un gros tantinet plus grossier et primaire. Se répète là une vérité constatée de longtemps : en affaires, la deuxième génération n’a souvent rien appris de la première, sauf les avantages qu’elle en a retirés sans les avoir gagnés, comme chez Vileneuve.
Bon, on n'en mourra pas, mais, une fois de plus, on méditera sur la différence entre un journal et un torchon, entre le journalisme, fût-il populaire, et les facals... excusez-moi, je voulais écrire: chacals. Joseph, cependant, ne le fait pas sans nous amuser un peu, même si je le soupçonne de croire sincèrement à la morale de son conte, ce qui n'arrange pas son cas, où il faut reconnaître au moins sa sincérité sinon apprécier son jugement.