Politique fédérale

Un budget adopté in extremis

Tribune libre

Le vote de confiance sur le budget Carney a finalement été accepté de justesse en récoltant l’appui de 170 députés contre 168 qui s’y sont opposés, une infime majorité obtenue suite au vote en faveur du budget de la cheffe du Parti vert, Elizabeth May, après avoir obtenu l’engagement du premier ministre de respecter les objectifs de l’Accord de Paris en matière climatique, et de l’abstention de deux députés conservateurs et de deux néo-démocrates.

Par ailleurs, à entendre l’argumentaire des représentants du Nouveau Parti démocratique (NPD), la députation néo-démocrate était foncièrement contre un budget dont les dépenses en défense dépassent de loin celles prévues pour contrer l’augmentation du coût de la vie des Canadiens mais que, en revanche, il était « irresponsable » de plonger les Canadiens dans une deuxième campagne électorale en six mois. « On n’aime pas ce budget-là, mais ce serait irresponsable d’aller en élections », a lancé le chef adjoint du NPD, Alexandre Boulerice.

Le déficit du budget Carney adopté in extremis le 17 novembre dépasse désormais les 78 milliards de dollars. En contrepartie, les libéraux s’engagent à supprimer 40 000 postes dans la fonction publique dans les prochaines années et à trouver 60 milliards en économies d’ici cinq ans. Des chiffres faramineux qui soulèvent, à juste titre, des interrogations sur la lourdeur du déficit et les répercussions des coupures dans la fonction publique sur la qualité des services publics offerts aux contribuables canadiens.

Lors de la dernière campagne électorale, Mark Carney s’est présenté comme le sauveur qui allait rétablir les contacts avec Donald Trump à l’égard des relations commerciales incluses dans le traité de libre-échange avec les États-Unis. Or en date d’aujourd’hui, rien n’a bougé. Pire encore, le dialogue entre les deux pays est rompu et rien ne laisse présager de quelque retour à la table de négociation. Et de surcroît, Mark Carney a pris sur lui de s’excuser sans succès devant Donald Trump pour la publicité de Doug Ford sur la déclaration de l’ex-président républicain, Ronald Reagan, sur sa position anti-tarifs.

Dans un tel contexte isolationniste relié à la rupture du dialogue avec les États-Unis, le défi de Mark Carney est énorme, à savoir de « bâtir un Canada fort » « Ce soir, la Chambre des communes a voté pour l’adoption du budget 2025. Il faut maintenant travailler ensemble pour mettre en œuvre ce plan, afin de protéger nos communautés, d’offrir de nouvelles possibilités aux Canadiens et aux Canadiennes, et de bâtir un Canada fort », a déclaré Mark Carney après l’issue du vote de confiance envers son budget avec une mince majorité de deux voix. De ce fait, le gouvernement doit naviguer sur une mer houleuse, et l’argument de la stabilité évoqué par les abstentionnistes risque d’être à moyen terme bafoué par une motion de non-confiance envers le gouvernement qui déclencherait de facto une élection générale au pays.


Henri Marineau, Québec



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