Pauline Marois promet une commission d'enquête

Enquête publique - un PM complice?

Pendant que le gouvernement tient à Québec un Conseil des ministres dominical spécial en «tenues décontractées» pour tenter de combattre les perceptions négatives post-budgétaires, ce midi, à Larocque-Lapierre (TVA), Pauline Marois s'est engagée, si elle prend le pouvoir, à tenir une commission d'enquête sur l'«industrie de la construction et les liens avec le financement du Parti libéral». Et d'ajouter, «s'il y a des gens qui, au Parti québécois, ont eu des comportements inacceptables, ils seront atteints comme les autres. On ne fera pas de différence.»
Plus précisément, voici ce qu'elle en a dit:
«De toute façon, Monsieur Lapierre, que Monsieur Charest veuille ou non faire une commission d'enquête, un jour ou l'autre, il y en aura une. Si ce n'est pas lui, ce sera son successeur. Et son successeur pourrait être celle qui vous parle, évidemment, puisque nous sommes susceptibles de former le prochain gouvernement et nous mènerons cette enquête. (...) Moi, je crois que si on veut redonner une certaine crédibilité à nos institutions, si on veut redorer nos institutions au sens de l'éthique et du respect de la démocratie, simplement, moi je crois qu'on n'a pas le choix, il faut que la lumière soit faite. Il y a eu trop d'allégations. Quand 80% de nos concitoyens sont persuadés, persuadés, que il y a malversations et que, dans les faits, il y a eu des faits allégués, que, quoi, il y a une trentaine d'organisations au Québec qui vont des policiers en passant par les procureurs, par des maires de municipalités, par l'ordre des ingénieurs, l'ordre des architectes, il me semble que ça va de soi.»
Considérant la grogne populaire sur cette question qui perdure et perdure, voilà un engagement duquel le PQ ne pourrait pas reculer sans le faire à ses propres risques et périls électoraux.
******************************************
Plus tard, en point de presse, le premier ministre a réagi en ces termes à la nouvelle en répondant que l'«économie» est la vraie priorité de la population, et non le genre de «rhétorique» auquel a recours la chef du PQ:
«Madame Marois has made her choices in regards as to how she wants to conduct herself in politics. And so she's chosen this tactic and yes, she's just going to continue down that road. The fact of the matter is the issue is the economy. It is this budget. It is what we are doing and need to do so we can bounce back from this recession as rapidly as we can. And that's what my priorities are. For the rest, I mean, Madame Marois continues to say the same rhetoric, the same language that has absolutely nothing to say in regards to the policy issues that we're dealing with. (...) On all these issues, it is zero content. Zero.»
*****************************************************
Quant au Conseil des ministres spécial de ce dimanche, pourquoi l'avoir tenu?
Principalement, parce qu'au gouvernement, on semble maintenant comprendre que son impopularité marquée commence drôlement à ressembler à une tendance lourde.
Et donc, puisqu'il n'a aucune intention de changer de cap sur le fond des choses, il tente plutôt de travailler l'«image». En politique, lorsqu'on entend conserver un même «contenu», aussi impopulaire soit-il, on se tourne habituellement vers un changement de «contenant», et donc, d'image et de message. Le tout, en espérant mieux «vendre» une marchandise dont la population ne veut pas. Dans ce cas-ci, le budget Bachand.
Et on travaille l'«image» dans le but de tenter de reprendre ce qu'on appelle le «contrôle de l'agenda». Dans ce cas-ci, en montrant un gouvernement «au travail» et «préoccupé» de démontrer à la population qu'il fera ce qu'il a promis de faire, c'est-à-dire, pour reprendre la «ligne officielle»: réduire ses propres dépenses avant d'aller puiser dans les proches des contribuables. Ce qui fait référence à la brochette d'augmentations de taxes et de tarifs qui, elle, c'est par contre certain, se matérialisera...
Mais la force du rejet du budget par l'opinion publique étant ce qu'elle est, et la mise en scène d'aujourd'hui étant plutôt évidente - y compris cette consigne de «tenues décontractées» pour les ministres et le PM -, il y a lieu de douter du degré d'efficacité de l'opération.
Tout cela participe bien entendu de l'effet de sondages particulièrement dévastateurs pour le gouvernement.
Le 12 avril dernier, un sondage Léger Marketing/Le Devoir sur les réactions au budget Bachand montrait que le taux d'insatisfaction envers le gouvernement Charest avait grimpé à 77%. Trois jours plus tard, selon un sondage Angus Reid/La Presse, le PLQ avait également chuté à 23% dans les intentions de vote (17% chez les francophones).
Sans compter qu'une majorité claire de Québécois refuse de croire le premier ministre lorsqu'il avance que 62% de l'«effort» pour atteindre l'«équilibre budgétaire» viendra du gouvernement lui-même. (Et comme si cela n'aurait pas d'impact sur les services...)
Bref, avec son Conseil des ministres dominical où la question de ce même «effort» du gouvernement fut au centre des discussions (1), on dirait presque que le bureau du premier ministre a suivi le conseil qu'émettait Christian Bourque, vice-président de Léger Marketing, dans Le Devoir du 12 avril (2):
«Christian Bourque affirme que pour redresser la situation, le gouvernement Charest devra montrer qu'il respecte sa promesse de limiter les dépenses de l'État pour juguler le déficit. «Il devra montrer que c'est un contrat équitable entre les citoyens et l'État. Pour l'instant, les gens ont l'impression, avec raison, qu'on leur en demande beaucoup sans aucune garantie que le gouvernement va tenir sa promesse et faire sa part», dit-il, ajoutant toutefois que cette démonstration ne peut se faire que sur une longue période.»
**************************************************
(1) http://www.radio-canada.ca/nouvelles/Politique/2010/04/25/001-Consei-ministres-Que.shtml
(2) http://www.ledevoir.com/politique/quebec/286812/sondage-leger-marketing-le-devoir-le-budget-coule-charest


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé