Charest, Rizzuto, Desmarais
_ Les tentacules de la Mafia (1)
_ La tenue d’une enquête est devenue une urgence nationale
Richard Le Hir
_ Tribune libre de Vigile
_ samedi 13 novembre 2010 1567 visites 4 messages
Lors que j’ai pris connaissance de l’assassinat de Nick Rizzuto, je venais tout juste de déposer le livre intitulé Mafia Inc, d’André Cédilot et André Noël, tous deux journalistes de La Presse, pour regarder le bulletin de nouvelles de RDI. Il est toujours surprenant de voir en direct à la télé la suite de ce qu’on est en train de lire dans un livre !
Je n’épiloguerai pas sur le fait que l’ouvrage des deux journalistes de La Presse est publié aux Éditions de l’Homme, une filiale de Québécor avec qui l’empire Power est ouvertement en guerre comme je le soulignais dans un article récent intitulé « C’est la guerre ! » http://www.vigile.net/C-est-la-guerre , et comme le confirme aujourd’hui un article de Sophie Cousineau dans Cyberpresse http://blogues.cyberpresse.ca/lapresseaffaires/cousineau/2010/11/12/la-reputation-ternie-de-pierre-karl-peladeau/?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_bloguesaccueilcp_BO3_accueil_ECRAN1POS6 . Il y a de ces mystères qui nous échappent.
L’ouvrage de MM. Cédilot et Noël est richement documenté, et à la lecture on devine qu’ils ont eu un accès privilégié aux autorités policières, notamment à la GRC. Ce sont ces mêmes sources qui ont servi à documenter la première partie du reportage diffusé dans le cadre de l’émission Enquête à Radio-Canada jeudi soir. Je ne saurais trop recommander à ceux qui ne l’ont pas vue de la regarder. C’était, et ça demeure, stupéfiant, surtout lorsqu’on prend conscience de l’ampleur du phénomène mafieux et de ses tentacules.
À cet égard, les auteurs de Mafia Inc citent par son nom un agent de la GRC qui déclare que les profits engrangés par la mafia sont colossaux, et que tout cet argent qui échappe au fisc peut même expliquer une bonne partie des déficits de nos gouvernements ! Oui, vous avez bien lu, une bonne partie des déficits de nos gouvernements. Ce qui veut donc dire que si le Gouvernement du Québec n’a plus d’argent pour financer la santé, l’éducation, la culture, etc., c’est en bonne partie à cause de la mafia ! C’est gros, très, très gros !
Il a, par contre, assez d’argent pour construire des routes et divers autres projets, mais cet argent, on le sait, sert aussi à financer la mafia, comme l’illustre l’épisode des « Fabulous Fourteen ». Cherchez l’erreur.
En Italie, une commission parlementaire s’est penchée sur la question (Tiens ! Une commission d’enquête publique...) de 2006 à 2008 sous la présidence de Francesco Forgione, comme le relate aujourd’hui La Presse, toujours sous la signature d’André Noël. http://www.cyberpresse.ca/actualites/dossiers/mafia-montrealaise/201011/12/01-4342332-la-mafia-sicilienne-sen-va-a-vau-leau.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_B42_acc-manchettes-dimanche_369233_accueil_POS4 .
Voici ce que dit M. Forgione :
La corruption et la criminalité représentent les questions les plus graves de l'actuel modèle économique et social. La corruption et les mafias sont responsables d'un coût social qui est de moins en moins supportable pour le monde: elles gaspillent les ressources, détruisent et polluent l'environnement, violent les droits de l'homme, compromettent la démocratie.
L'histoire nous enseigne que la politique peut et doit exister sans la mafia, mais que les mafias ne peuvent exister sans le concours et la collusion de la politique. C'est la leçon tirée d'un siècle et demi d'histoire de l'Italie, et qui vaut pour le monde entier.
Sans la protection de la politique et des institutions, sans les services rendus par certains réseaux de la bonne société, les mafieux seraient simplement restés des criminels, dangereux, mais ordinaires. Aujourd'hui, ils se retrouvent parmi les acteurs les plus modernes et les plus dynamiques de la finance et de l'économie globale.
Nous avons appris à comprendre que, comme tous les phénomènes humains, les mafias ont eu un début et peuvent avoir une fin. Pour y parvenir, il faut un engagement et une responsabilité collectifs.
Ces propos confirment d’ailleurs ceux d’un groupe d’analystes de nos divers corps policiers qui écrivaient déjà en 1995, dans un rapport interne intitulé « Le Canada est-il à l’abri du crime organisé ? » et cité dans l’ouvrage de Cédilot et Noël, aux pages 194 et 195 :
Nous sommes particulièrement inquiets de voir se reproduire au Canada le modèle italien où la mafia a complètement pris le contrôle du Parti démocrate chrétien, en investissant dans sa caisse électorale notamment. Au Canada, certaines décisions prises par les différents niveaux de gouvernement démontrent clairement que ceux qui contribuent aux caisses électorales des partis sont favorisés...
... Nous sommes également persuadés que certains hommes d’affaires chargés de gérer ces activités exercent une influence indue sur nos gouvernements, mettant ainsi en péril les fondements de notre démocratie.
Voilà les conclusions auxquelles en étaient parvenues dès 1995 « des sources généralement bien informées », si bien informées d’ailleurs qu’elles sont assises sur des tonnes de preuves qui, si elles ne rencontrent pas les exigences de la preuve hors de toute doute raisonnable requises pour emporter une condamnation, n’en nous donnent pas moins de solides indications sur ce qui se trame.
Or, sans ces indications, nous sommes aveugles, et cette cécité sert merveilleusement bien les intérêts de ceux qui en profitent pour s’enrichir à nos dépens, en nous privant de plus en plus de l’essentiel que représentent la santé et l’éducation, entre autres.
C’est pourquoi le refus de Jean Charest de déclencher une enquête publique revêt désormais un caractère quasi-criminel, car il favorise les activités de ceux qui nous spolient, alors que son mandat en tant que premier ministre est justement de veiller à la défense et à la promotion de nos intérêts collectifs.
Chose certaine, cette enquête aura lieu, qu’il le veuille ou non. L’émission Enquête a bien pris soin de nous annoncer que d’autres épisodes de cette saga seront diffusés prochainement. Par ailleurs, les documents rendus publics par les divers corps policiers concernés nous montrent que ceux-ci sont désormais prêts à intervenir directement dans le débat politique pour faire pencher la balance dans le sens où ils estiment qu’il doit aller. Si dans les circonstances actuelles leur intervention est la bienvenue, il faut tout de même s’inquiéter du précédent que cela constitue. Il ne faudrait surtout pas que ça devienne une habitude.
Cela dit, on voit désormais que le cauchemar de Charest ne s’en ira pas. Il va même continuer à s’amplifier, et plus Charest repoussera cette échéance désormais inévitable, plus il se trouvera lié à la mafia. La culpabilité par association, vous connaissez ?
Ce qui nous amène maintenant à nous interroger sur la motivation de l’empire Desmarais dans toute cette affaire car, comme je le soulignais tout récemment dans un article intitulé « Desmarais lâche ses pit-bulls contre Charest » http://www.vigile.net/Desmarais-lache-ses-pit-bulls , non seulement Charest ne livre pas la marchandise, mais il est maintenant obligé de s’en distancer le plus rapidement possible pour ne pas être éclaboussé par toutes les révélations qui s’en viennent et dont Desmarais est parfaitement au courant, vu ses liens d’employeur avec les journalistes Cédilot et Noël qui travaillent depuis des années sur des dossiers d’enquête portant sur la mafia.
Mafia Inc nous livre à cet égard quelques clés intéressantes en revenant sur les rumeurs de liens entre le riche industriel du fromage, Lino Saputo, et la mafia, alimentés par des enquêtes du FBI sur le parrain New-Yorkais Joe Bonnanno au début des années 1970, et sur la présence de Lino Saputo aux funérailles du mafioso Joe LoPresti, abattu dans des circonstances mystérieuses. La Presse avait également fait allusion à des articles parus dans des magazines d’information influents en Italie qui faisaient état d’écoutes électroniques du clan Rizzuto où un membre de ce clan évoquait les liens de celui-ci avec Saputo.
Suite à la parution de l’article dans La Presse, Saputo avait intenté une poursuite en libelle diffamatoire contre La Presse, poursuite qui s’est réglée « à l’amiable » près de deux ans plus tard, à des conditions que les parties ont gardé confidentielles. On ne sait donc pas ce qui a été gagné ou perdu dans cette affaire, et par qui. Ce qu’on sait en revanche, c’est que les intérêts Saputo étaient représentés par Me Lucien Bouchard qui siégeait également alors au conseil d’administration de la société Saputo.
Et là, l’affaire se complique. La mort de Nick Rizzuto cette semaine m’a rappelé que le nom de celui-ci avait été également associé à celui de Paul Desmarais dans prétendu complot autour des événements du 11 septembre. Tous les Vigiles ont eu vent de cette affaire dans un article de Sylvain Racine intitulé [« Et voilà pourquoi Gesca veut garder le silence sur le 11 septembre 2001 »->27601].
L’article s’accompagne d’un lien vers un documentaire vidéo qui allègue l’existence aux États-Unis d’un complot dans lequel aurait trempé le clan Rizzuto pour cacher la véritable nature des faits survenus le 11 septembre. Il y a également un autre lien vers le dossier d’une poursuite entreprise aux États-Unis dans le cadre de ces mêmes faits contre toute une pléiade de gens bien connus chez nous parmi lesquels on retrouve Paul Desmarais Sr et les anciens premiers ministres Paul Martin, Brian Mulroney, Frank McKenna et les anciens ministres Alfonso Gagliano et Pierre Pettigrew, entre autres.
Comme je l’ai tout de suite signalé dans un commentaire sur l’article de Sylvain Racine, cette affaire n’est peut-être qu’un coup monté et doit être traitée avec la plus grande circonspection :
Effectivement, cette vidéo est très troublante, et elle vient rajouter des éléments de preuve qui rendent encore plus nécessaire la tenue d’une enquête publique sur les événements du 11 septembre. Il n’y a pas de doute que les autorités ont menti quant à la vraie nature des événements survenus et aux responsabilités en jeu.
Le lien avec Power Corp. est plus délicat à établir car l’information que vous citez ne précise pas la relation qui pourrait exister entre les événements du 11 septembre et cette entreprise que nous connaissons bien et toute une cohorte de protagonistes de chez nous dans des rôles secondaires, y compris la mafia italienne locale en la personne de Vito Rizutto.
Je suis aussi surpris d’entendre le narrateur du film prononcer Québec à la française et non « Kwibek » comme le font tous les américains que je connais. L’apparition en cours de route du sigle de la francophonie est également assez étrange. Comme si l’on cherchait à établir un lien quelconque.
Il n’y a pas de doute que plusieurs éléments de cette histoire gagneraient à être éclaircis, mais il est encore beaucoup trop tôt pour tirer ne serait-ce qu’un début de conclusion sur la participation de Power Corp ou des Desmarais à cette affaire. Il est toutefois très étrange que quelqu’un cherche à les y associer de façon aussi caractérisée. En soi, cela constitue une affaire qui mérite enquête.
Et si tout cela n’est pas vrai, dans quel cerveau tordu a bien pu germer un tel scénario malgré tout assez élaboré pour avoir à tout le moins des apparences de vraisemblance ? Les Desmarais ont-ils tant d’ennemis ? Pourquoi ?
Je suis revenu sur cette affaire dans un texte récent intitulé « Le cas Desmarais » http://www.vigile.net/Le-cas-Desmarais, après avoir trouvé d’autres éléments troublants (les liens apparaissent dans l’article) dont je suis incapable de dire s’ils sont vrais ou faux. Quoiqu’il en soit, ils existent, et ce fait est déjà grave en soi. « [S’ils] sont partiellement ou entièrement vrais, on est devant une affaire d’État dont les faits doivent êtres présentés à la population, qui doit faire l’objet d’une enquête publique, et dont les conclusions doivent aussi être publiques. [S’ils] ne sont pas vrais, la question se pose tout de même de savoir qui est capable d’élaborer un scénario aussi sophistiqué, et dans quel but. Un but qui dépasse nécessairement le cadre du simple canular. S’agit-il de salissage, d’intimidation, d’extorsion… ou de quoi encore ? »
Voilà un autre motif de demander une enquête publique sur la mafia, vu les liens qu’on a cherché à établir entre celle-ci (via le clan Rizzuto) et Paul Desmarais. Chose certaine, ça aide à comprendre la motivation de La Presse, et ça nous donne une indication de l’ampleur des choses que pourrait nous apprendre une enquête, et de ce qu’on cherche à nous cacher.
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Bien plus que la construction
_ Les tentacules de la mafia (2)
_ Bien des questions demeurent encore sans réponse...
Richard Le Hir
_ Tribune libre de Vigile
_ mercredi 17 novembre 2010 1172 visites 6 messages
17 novembre 2010
(Texte controversé, retiré temporairement)
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Le cas Gagliano
_ Les tentacules de la mafia ... (3)
_ ... Au coeur du pouvoir Libéral
25 novembre 2010
Richard Le Hir
_ Tribune libre de Vigile
_ jeudi 25 novembre 2010 1181 visites 6 messages
Jean Charest mérite maintenant que le ciel lui tombe sur la tête. Son refus obstiné de déclencher l’enquête que tout le Québec réclame à corps et à cris depuis maintenant plus d’un an laisse planer tous les doutes sur son intégrité personnelle et celles de son gouvernement et du parti qu’il dirige. Pire, son obstination rejaillit sur tous les élus de son parti, sur le Gouvernement du Québec, sur nos institutions parlementaires, et sur la qualité de notre vie démocratique. Quel saccage ! Je n’aimerais pas avoir à porter un tel poids devant l’histoire.
Ce n’est pourtant pas que les mises en garde ont manqué. Rien qu’au cours des deux dernières années, les affaires Zampino, Accurso, Tomassi, Perrino, Coretti, et autres nous ont signalé l’existence de réseaux occultes qui conspirent pour abuser du système à leur profit et à notre détriment.
Au cours des dernières semaines, deux des observateurs les plus chevronnés des dérives mafieuses de notre société, les journalistes André Cédilot et André Noël de La Presse, ont publié un ouvrage très bien documenté intitulé « Mafia Inc. : Grandeur et misère du clan sicilien au Québec ».
[->31930] L’ampleur des activités de ce clan laisse pantois. Non seulement est-il très actif dans les activités criminelles généralement associées au crime organisé telles que le trafic de la drogue, la prostitution, le jeu illégal, la restauration, le prêt usuraire, le blanchiment d’argent et l’extorsion, mais il est également présent dans le secteur de la construction, ce que nous subodorions depuis déjà un bon moment, et une foule d’autres secteurs dont on ne serait pas porté à penser a priori qu’ils puissent avoir été gangrenés par la pègre : l’hôtellerie, le développement immobilier, le commerce de voitures automobiles, l’alimentation, « et bien d’autres ». Autrement dit, la mafia est infiltrée partout.
Et notamment dans les jeux politiques. Ainsi, jouant sur l’expression italienne « cadavres exquis » employée pour désigner les victimes de haut rang de la mafia, Cédilot et Noël consacrent un chapitre entier, « Les relations exquises », pp. 292 à 312, aux efforts déployés par la mafia pour s’infiltrer aux plus hauts niveaux, directement ou indirectement.
Six de ces 12 pages sont consacrés au cas d’Alfonso Gagliano, l’ancien ministre libéral fédéral associé au scandale des commandites, mais dont on apprend qu’il fut dénoncé en novembre 2004 devant un tribunal américain comme étant un membre en règle de la mafia par un certain Frank Lino qui prétendait l’avoir rencontré en compagnie de Vito Rizzuto et Joe Lo Presti, « l’ambassadeur de la faction montréalaise de la mafia auprès de la famille Bonanno » de New York, et le même Lo Presti aux funérailles duquel assistait Lino Saputo (voir http://www.vigile.net/Les-tentacules-de-la-Mafia-1-a-4).
L’affaire à l’époque avait soulevé un tollé aux Communes. Gagliano avait évidemment démenti toute association avec la mafia pour quelque temps plus tard reconnaître qu’il avait été le comptable du célèbre trafiquant Agostino Cuntrera (impliqué dans le meurtre de Paolo Violi) avec qui il partageait l’honneur d’avoir été président de l’Association de Siculiana (un village de la province d’Agrigente en Sicile) de Montréal.
Malgré ses démentis répétés, les rumeurs se sont répandues, et l’avocat que je suis ne peut pas ne pas être troublé par le fait que MM. Cédilot et Noël, pour ne mentionner que ceux-là, aient pu relater ces événements à plusieurs reprises au fil des années, et en faire le sujet d’un chapitre du livre qu’ils viennent de publier, sans avoir été mis en demeure de se rétracter, ou à tout le moins de s’être fait enjoindre de cesser de propager des allégations diffamatoires pour M. Gagliano.
Et la question qui se pose ensuite automatiquement pour un avocat est la suivante : Alfonso Gagliano craignait-il qu’en courant le risque d’aller à procès, des faits encore plus troublants soient mis au jour concernant ses rapports avec la mafia ?
L’ouvrage de MM. Cédilot et Noël fourmille d’autres détails au sujet des rapports entre Alfonso Gagliano et la mafia, y compris dans le contexte de certains assassinats. On y décrit aussi ses liens avec le sénateur Pietro Rizutto, lui aussi originaire de la province d’Agrigente, avec qui il avait organisé la campagne au leadership de Jean Chrétien.
Au moment de devenir sénateur, Pietro Rizzuto dirigeait une entreprise de travaux publics de Laval, l’Inter State Paving, qui avait à un certain moment eu comme gardien de nuit un certain Pietro Sciara qui s’était enfui de Sicile après y avoir été déclaré coupable d’association mafieuse. Sciara cumulait ses fonctions de gardien de nuit chez Inter State Paving avec celles de consigliere auprès de Vic Cotroni et Paolo Violi au moment où il fut assassiné.
[->rub255] On se souviendra qu’Inter State Paving avait été l’entreprise qui avait construit le viaduc de la Concorde sous la surveillance de la firme d’ingénierie Desjardins Sauriol, aujourd’hui Dessau. Et l’on se souviendra également que le viaduc de la Concorde s’est effondré le 30 septembre 2006, causant la mort de cinq personnes et faisant de nombreux blessés.
La commission d’enquête (oui, vous avez bien lu, une commission d’enquête !) avait attribué l’effondrement du viaduc aux facteurs suivants...
- la conception du viaduc, au départ, était «particulière». Tellement, que certains éléments n'étaient pas couverts par les codes de construction de l'époque.
- l'acier d'armature d'une partie cruciale du viaduc, soutenant le lourd tablier de béton, n'a pas été installé conformément aux plans, ce qui a favorisé la formation d'un plan de rupture qui correspond à celui de l'effondrement.
- le béton utilisé dans le viaduc n'avait pas les caractéristiques suffisantes pour résister aux cycles de gel-dégel en présence de sels fondants.
... sans parvenir à établir les responsabilités.
Évidemment, tous ces faits en apparence indépendants les uns des autres prennent une toute autre couleur dans le contexte de ce que l’on apprend depuis un an sur les rapports entre firmes de génie-conseil, entreprises de construction, et le PLC/PLQ et leur financement.
Comprenez-vous maintenant pourquoi Jean Charest refuse si obstinément de tenir une enquête publique ? Comprenez-vous maintenant pourquoi une manoeuvre est en cours depuis quelques jours pour lancer aux lions affamés un bouc émissaire du nom de Gilles Vaillancourt, le maire de Laval ? Un bouc émissaire d’autant plus plausible qu’il n’est pas au dessus de tout reproche. « Tchéquez ben la gaffe ». C’est du grand art.
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Le plaidoyer de culpabilité des entreprises d’Accurso
_ Les tentacules de la mafia (4)
_ Une manoeuvre de dissimulation de grande envergure
7 décembre 2010
Richard Le Hir
_ Tribune libre de Vigile
_ mardi 7 décembre 2010 964 visites 8 messages
Vous vous rendez compte ? [Les entreprises d’Accurso, Construction Louisbourg et Simard-Beaudry plaident coupables aux accusations de fraude fiscale déposées contre elles->33262]. Pas de procès, on passe à la caisse tout de suite, merci.
Vous rendez-vous compte qu’il est exceptionnel qu’une entreprise plaide coupable si rapidement, sans essayer de temporiser, négocier, tergiverser, atermoyer, tenter par un subterfuge quelconque d’avoir le gouvernement à l’usure et, après plusieurs années de ce petit jeu, conclure avec celui-ci une entente « à l’amiable » pour une fraction des sommes réclamées ?
Alors, ce qui vient de se passer est éminemment suspect, et il faut se demander ce qui peut bien avoir motivé Accurso à avoir agi de la sorte.
Et la réponse surgit instantanément : EN PLAIDANT COUPABLE TOUT DE SUITE, ACCURSO COURT-CIRCUITE TOUT LE PROCESSUS DES INTERROGATOIRES ET DES TÉMOIGNAGES QUI AURAIENT PU SE RÉVÉLER EXTRÊMEMENT EMBARRASSANTS.
Or ce processus est justement celui par lequel il faut passer dans le cadre d’une commission d’enquête ! Est-ce que ça vous prend un dessin avec ça ?
Mieux vaut payer tout de suite que de passer par un processus qui risquerait de révéler des « petits » secrets. Donc nous sommes devant une manoeuvre de dissimulation de grande envergure. Lorsque le fisc provincial et provincial auront récupéré les sommes fraudées plus les pénalités de rigueur dans ces cas, les entreprises d’Accurso auront été allégées de quelques dizaines de millions $.
La facilité avec laquelle elles se résignent à cette perte est une indication de l’ampleur de ce qu’elles cachent. En appliquant la règle de « l’iceberg », on peut raisonnablement conclure que les entreprises d’Accurso cachent encore 6/7e des sommes qu’on vient de leur réclamer.
Et elles ne veulent surtout pas être obligées de divulguer, dans le cadre de témoignages, quoique ce soit qui pourrait mettre les limiers sur la piste de leurs secrets.
Alors comprenez-vous maintenant toutes les pressions que Charest subit de la part de ces milieux pour qu’il n’y ait pas d’enquête publique ? Comprenez-vous que tous ces gens figurent parmi les plus gros contributeurs du Parti Libéral ? Comprenez-vous que ces gens livrent fidèlement à chaque élection des dizaines de milliers de vote et une douzaine de comtés au Parti Libéral depuis une cinquantaine d’années. Charest est suffisamment bon toutou pour savoir qu’il ne doit pas mordre la main qui le nourrit.
La tenue d’une commission d’enquête est devenue une urgence nationale, comme je l’écrivais il y a quelques semaines (http://www.vigile.net/Les-tentacules-de-la-Mafia-1-a-4), et ce qui vient de se passer avec le plaidoyer de culpabilité des entreprises de Tony Accurso ne fait que confirmer une fois de plus, si besoin était, cette urgence.
Pensez-y une seconde... L’entreprise qui a fourni des fausses factures à Tony Accurso avec lesquelles il a pu frauder l’impôt appartient à un certain Francesco Bruni, lui-même sous-traitant en construction, Comme par « hasard », ses bureaux sont situés dans un immeuble dont le propriétaire est Vito Rizzuto. Évidemment, ça ne prouve rien. Mais comme dit l’autre, « Ça r’garde mal en maudit ! ».
Et ce qui « r’garde » encore plus mal, c’est le fait qu’on en soit réduit à se demander si notre premier ministre, le premier ministre du Québec, Jean Charest pour ne pas le nommer, n’est pas - en refusant si obstinément de tenir l’enquête que tout le monde demande, y compris maintenant dans son propre camp - de connivence avec la mafia. Car c’est bien de la mafia qu’il s’agit, comme viennent d’en faire la démonstration André Cédilot et André Noël dans leur ouvrage intitulé « Mafia Inc. – Grandeur et misère du clan sicilien au Québec ».
Le simple fait qu’on puisse se poser cette question est déjà le signe d’un très profond malaise qui doit être dissipé au plus vite. Si Jean Charest et le PLQ n’ont rien à voir là-dedans, on veut le savoir au plus coupant, de façon à ne plus les accabler de soupçons qui ne seraient pas fondés. Si au contraire ils sont de mèche avec la mafia, il est tout aussi urgent qu’on le sache. On ne peut pas laisser les rênes de notre gouvernement entre les mains de la mafia. On a trop à perdre, et ça va aussi loin que le nombre d’opérations de la hanche pratiquées chez les personnes âgées chaque année, ou le nombre de places disponibles en garderie. Les millions se transforment rapidement en milliards dans ce monde.
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2 commentaires
Archives de Vigile Répondre
10 avril 2011Ceci sans oublier la mafia régionale, telle que révélée par l'Affaire Godmé, dont j'ai évoqué quelques éléments ici sur cette tribune.
Les derniers détails concernant sa récente arrestation sous de fausses accusations (mandats d'arrestation à l'appui et comparaison avec le cas médiatisé JeffSabres) :
Un Acte de Révolution 2.0 : Déclaration publique de Nathalie Nadeau concernant l'arrestation de Johann Godmé
Parce que Dreyfuss a eu son Zola...
http://particitoyenduquebec.blogspot.com/2011/04/un-acte-de-revolution-20-declaration.html
Les lecteurs de Vigile peuvent montrer leur appui et soutien au couple Godmé/Nadeau en visitant cette page : http://www.facebook.com/pages/D%C3%A9mocratie-20-IL-FAUT-SAUVER-LE-CITOYEN-GODM%C3%89/199635130076663
Les détails révélés à travers mes articles sont toujours disponibles sur cette page et sur mon blog, mais Mme Nadeau s'est engagée à cesser ces révélations et à retirer le contenu de son site web en échange d'un arrêt des procédures, tout en se faisant conseiller par son avocat de plaider coupables aux accusations actuelles, sous peine de faire face à des charges d'accusation supplémentaires. Étant citoyen Français, M. Godmé risque maintenant la déportation puisque ce plaidoyer de culpabilité risque de lui donner un casier judiciaire, et la vie de M. Godmé est considéré en danger lors de son incarcération abusive à Québec.
Je ne révèlerai rien de plus à ce sujet sur la Tribune Libre de Vigile.net outre que les liens sus-mentionnés afin de ne pas ajouter au fardeau qui vient de s'abattre sur M. Frappier, étant bien au fait par l'entremise de Mme Nadeau des difficultés d'obtenir un semblant de justice de la part du système politique et judiciaire actuel.
Sincèrement,
Adam Richard
Éric Messier Répondre
10 avril 2011Merci infiniment M. Le Hir pour votre lutte en faveur de la VÉRITÉ. Cette dernière a tendance à gagner avec le temps.
Le portrait que vous brossez est simplement hallucinant.
Merci aussi à MM Cédilot et Noël.