Le premier débat de la course à la chefferie du Parti québécois ne passera pas à l’histoire, c’est certain. Se choisir un chef en pleine pandémie est un exercice voué de toute manière à l’invisibilité.
Cela dit, cette énième course au PQ souffre surtout de la faiblesse même du parti au sein de l’électorat. Coincé au rang de 3e opposition avec 9 députés, le PQ est en chute libre depuis longtemps. Difficile d’attirer les foules.
Et la souveraineté ? Redécouverte in extremis par ses troupes, son impopularité auprès d’une majorité croissante de Québécois est néanmoins indéniable. Bref, l’obsolescence politique semble être le destin tout tracé du PQ.
Dans un contexte aussi périlleux, le simple fait qu’il y ait encore quelques braves âmes prêtes à se lancer dans l’arène pour tenter de le ressusciter commande tout au moins le respect.
Le « pays » ?
Au débat, le député Sylvain Gaudreault, l’humoriste Guy Nantel, l’avocat Paul St-Pierre Plamondon et l’historien Frédéric Bastien ont chacun tracé leur propre voie vers « le pays ».
Les trois premiers promettent un référendum dans un premier mandat. Frédéric Bastien défend quant à lui un mystérieux fantasme. Celui de négocier de nouveaux pouvoirs avec le fédéral qui, on le sait, n’en a rien à cirer.
Si ces positions s’inscrivaient dans un horizon se prêtant le moindrement à un possible retour au pouvoir du Parti québécois, elles retiendraient sûrement plus l’attention des électeurs.
Or, la réalité est aux antipodes. Au PQ, pas d’arc-en-ciel ni de « ça va bien aller ». Pour les candidats, malgré leur évidente sincérité, cette inévitable impression de déconnexion du réel est le pire des pièges.
Hormis pour les militants, les entendre détailler leurs plans respectifs pour un Québec souverain prend des airs incontestablement surréalistes.
C’est comme d’entendre un ami nous décrire minutieusement la magnifique Mercedes qu’il jure pouvoir s’offrir alors qu’on le sait pourtant en négociation de faillite avec sa banque.
L’avenir derrière soi
Mais attention. Ramer à contre-courant en politique est chose noble et exigeante. Encore faut-il toutefois qu’un parti ait tout son avenir devant lui comme ce fut le cas pour le PQ à sa genèse.
À l’époque, les appuis à la souveraineté étaient plus faibles qu’aujourd’hui, mais tout était encore à faire. À rêver. À construire.
À l’opposé, dans les années suivant le référendum de 1995, une fois le but pourtant presque atteint, le PQ s’est fait étonnamment discret sur son option. Résultat : la grande coalition souverainiste s’est peu à peu désagrégée.
Ce qui avait été bâti s’est lentement déconstruit. Par conséquent, pour les souverainistes de 2020, de gauche, de droite ou du centre, la vraie question est celle-ci.
Après toutes ses années d’errance, le Parti québécois, de surcroît délogé chez les électeurs francophones par une CAQ toute belle, toute neuve, peut-il se reconstruire en même temps qu’il se débat en pleins sables mouvants ?
Pour les courageux candidats à sa chefferie, dont Guy Nantel, de loin le plus pugnace de ce premier débat, la mission est titanesque. Cœurs fragiles s’abstenir.