Au moment de publier, il semble que Justin Trudeau est en passe de perdre son pari.
Il est celui qui aura le plus de sièges, mais il n’aura pas la majorité robuste dont il rêvait.
Il a pris les électeurs pour des imbéciles en déclenchant une élection par pur opportunisme. Ils l’ont senti et n’ont pas apprécié.
Globalement, les sondeurs avaient vu juste.
L’establishment libéral en voudra à Trudeau. Les aspirants à sa succession risquent de se mettre discrètement à l’œuvre dès demain matin.
Pourquoi ?
Une combinaison de facteurs explique ce résultat.
Une élection est à la fois un jugement sur le gouvernement sortant et une projection sur le futur.
Qui peut me regarder dans le blanc des yeux et me dire que le bilan de Trudeau méritait une victoire éclatante ?
Mais en politique, votre force est toujours relative : on vous compare aux autres options. C’est souvent le « moins pire » qui gagne.
Le PLC avait cependant sur les conservateurs un avantage massif : son vote est mieux distribué sur le territoire canadien.
Il pouvait donc rafler plus de sièges avec sensiblement le même nombre de votes.
Libéraux et néo-démocrates se disputaient l’électorat de gauche. À l’extérieur du Québec, le vote du NPD a tenu le coup, privant le PLC de sièges qu’il lorgnait.
Inconnu au début de la campagne, le chef conservateur Erin O’Toole a misé sur le recentrage de son parti et a réussi à tenir tranquille son aile la plus gênante.
Il a certes multiplié les contorsions idéologiques, mais il n’est ni le premier ni le dernier, et tous les partis le font.
O’Toole a cependant été tellement prudent que cela lui a peut-être joué des tours. Plus d’audace et moins de flou, cela aurait été plus payant.
Il devait livrer l’Ontario et a échoué.
De nouveau
Le Bloc est redevenu une valeur refuge pour les nationalistes du Québec, mais il espérait sans doute faire encore mieux.
Aide-t-il la cause de la souveraineté ou est-il une façon commode de faire un pied de nez au Canada sans assumer pleinement la rupture qu’impliquerait un vrai changement de statut politique pour le Québec ?
Le Bloc s’assure au moins que la flamme ne s’éteindra pas définitivement.
Cette élection ne règle strictement rien. On devra recommencer bientôt.
Tout ça pour ça... au coût de 612 millions $.
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé