Lundi soir, nous pourrions avoir des surprises.
Le scénario le plus probable reste une courte victoire du PLC, qui demeurerait cependant minoritaire.
Justin Trudeau aura donc échoué puisque l’unique but de cette élection était de décrocher cette majorité.
S’il fallait
Si ce résultat survient, les Canadiens n’auront pas été dupés.
Plus largement, l’élection aura été une sorte de référendum sur le bilan de Justin Trudeau.
Quels faits d’armes retient-on des six dernières années ?
La légalisation du cannabis ?
Le dynamitage des finances publiques ?
Avoir parfois réussi, comme le notait un commentateur anglophone, à faire en sorte qu’on le perçoive autrement que comme un gamin en culottes courtes ?
Si Trudeau se retrouve de nouveau à la tête d’un gouvernement minoritaire, ce sera une solide gueule de bois pour lui le lendemain matin.
La nervosité est palpable dans les rangs libéraux et dans toute la frange médiatique qui roule pour le PLC.
Attention, cependant ! La clé de toute l’affaire sera la performance du NPD, valet fidèle du PLC malgré ses dénégations.
Si le total combiné des sièges du PLC et du NPD dépasse 170, libéraux et néo-démocrates gouverneront main dans la main et appliqueront leur programme.
Au menu : empiétements massifs dans les juridictions du Québec et dépenses comme si l’argent s’imprimait à volonté.
M. Singh a été parfaitement candide : « Un vrai leader ne se soucie pas des champs de compétence. »
M. Trudeau pense exactement la même chose.
Est-ce pour autant une raison de voter pour les conservateurs, les mieux placés pour déloger les libéraux ?
Il est vrai que, historiquement, les conservateurs ont été plus respectueux de l’autonomie des provinces.
Mais une élection se gagne au nombre de sièges, pas au pourcentage de votes.
Dans la plupart des circonscriptions du Québec, les candidats conservateurs sont trop loin derrière pour espérer réalistement remonter la pente.
Ce sont les bloquistes qui sont les mieux placés pour battre le candidat libéral.
Un vote pour le Bloc est donc à la fois un geste tactique et une façon de dire non, jusqu’à un certain point, à un système dans lequel le Québec est piégé.
Oui, car quoi qu’il arrive, le Québec est piégé dans le système actuel.
Si les ministres québécois à Ottawa ont à choisir entre les intérêts du Québec et ceux du Canada, ils feront quoi, selon vous ?
Radotage
François Legault estime qu’un gouvernement conservateur avec un fort contingent de députés bloquistes est la moins mauvaise option pour le Québec... dans le présent système.
Sa position est identique à celle de René Lévesque en 1984, qui trouvait que les conservateurs de Brian Mulroney étaient un « beau risque », jolie façon de dire qu’ils étaient la moins pire des options... dans le présent système. Car c’est le système, le problème.
Notre poids démographique chute dans le Canada et, avec lui, notre influence politique.
Et tant que nous resterons dans ce système, notre déclin est inéluctable, démographiquement programmé.
Notre histoire est un éternel radotage.