Cette campagne électorale est à peine débutée que je suis déjà lassé, parfois emmerdé, par l’importance que se donnent certains analystes politiques avec des chiffres et des sondages à l’appui, étalant leurs perceptions, ou leurs volontés bien graissées par leurs tangentes personnelles sur les tendances observées, comme autant d’astrologues ou d’économistes, tentant de conditionner et d’influencer le vote, prévoyant la catastrophe ici et la victoire là, armés de leurs outils de sondages biaisés et de leurs modèles mathématiques trafiqués.
Un exemple de ce type de prédicateur infantile qui joue avec les chiffres, comme avec les idées, se trouve dans la grosse presse épaisse d’aujourd’hui.
[Jean-Herman Guay->4769], un politologue mièvre et sans relief de l’Université de Sherbrooke, nous expose qu’une fraction non négligeable des indépendantistes ne voit pas la souveraineté comme une nécessité absolue.
J’étais à l’investiture de Louise Harel la semaine passée et il y avait, entre autres, Robert Burns, qui a fait un discours très nuancé sur la pertinence, voir même l’urgence actuelle de mener la démarche indépendantiste face à un Canada de plus en plus agressif.
J’ai eu l’occasion de lui poser une question sur le gossage de Stephen Harper avec sa volonté de nomination des suprêmes juges perruqués. Il a pris le temps de me répondre en disant que le judiciaire doit être au-dessus de tout doute ou de tout soupçon de partialité et que les plans de M. Harper sont un danger de manipulation, à l’exemple de M. Bush aux USA avec ses nominations partisanes.
Pour revenir à M. Guay, il semble être un fédéraliste confortable et il ne peut pas me dire que les motifs initiaux du projet du PQ ont perdu de leur pertinence. Le projet d’un pays n’est pas quelque chose que l’on abandonne pour un caprice ou un bout d’os que notre maître nous tend.
Quant à moi, j’ai compris bien avant, que c’est à nous, les militants indépendantistes, de voir à se concerter, ou à se consolider dans l’optique de prendre tous les moyens pour faire passer ce message d’un pays à venir.
J’en ai vraiment ras-le-bol de voir ces analyses des chiffres et ces perceptions décérébrées et biaisées que l’on nous sert quotidiennement, qui prennent le dessus sur les débats d’idées qui devraient faire partie d’une élection normale.
Aussi, n’importe quel indépendantiste pourrait vous le dire : la majorité des médias au Québec transmettent très mal le message des chefs indépendantistes.
On nous rapporte que 60% ou plus de Québécois ne veulent pas de référendum sur la souveraineté. Pourtant, à peu près 50% des québécois ont voté oui au référendum de 1995.
Autour de 48% voteraient oui à un référendum maintenant. Qu’on ne vienne pas essayer de me faire croire que tant de gens ne veulent pas d’un référendum. Ça ne tourne pas rond.
Je peux comprendre que des fédéralistes incrustés comme Daniel Johnson ou Jean Charest n’en veulent pas. Comme pour n’importe quel ennemi de notre cause, il faut les combattre vigoureusement et par tous les moyens.
Le charognard M. Daniel Johnson fils, qui était président du comité du non lors du référendum de 1995, a senti le besoin de nous faire savoir, dans [son texte fantaisiste paru dans l’édition de cyberpresse du 26 février->4735], qu’André Boisclair est malhonnête de présenter son option sécessionniste en remplaçant le mot référendum par le mot consultation populaire.
Avec ce simplisme qui l’a toujours caractérisé, il nous expose cette logique un peu tortueuse du fédéraliste épuisé qui ne veut pas de chicane et se ferme à toute idée qui n’est pas clairement définie par sa logique de porteur de valise des puissants, débitant à peu près le même message qu’il nous offrait autour de 1995, s’amusant avec des mots comme sécession, séparer et particulièrement, celui qui est sensé faire le plus peur, l’honni référendum. Il réussit à glisser, dans son texte, le fameux mot phare des fédéralistes de son extraction, le mot partition. Il conclut que le PQ devrait avoir honte.
De la projection que tout ça. Le PQ n’a pas à avoir honte de quoi que ce soit. C’est certain que c’est un parti où on peut voir des courants de pensée qui s’affrontent, mais quel monde de différence avec ce PLQ figé, voué aux anglos, à certaines communautés cultutelles et aux puissants de l’économie.
Le livre titré "Les secrets d’Option-Canada" de Normand Lester et Robin Philpot a révélé qu’en guise de récompense à M. Johnson pour ses loyaux services au Canada lors de cette consultation populaire de 1995, on lui a payé, pour lui et sa charmante épouse, un beau voyage dans l’ouest canadian. Alain Dubuc a bénéficié du même privilège.
Un vrai débat public devrait avoir lieu, c’est à dire un débat sur la manipulation du référendum de 1995 par les forces fédéralistes et les répercussion sur la démocratie au Québec, aujourd’hui.
Le manque d’envergure des principaux acteurs médiatiques et de certains de nos leaders politiques actuels ne le permet pas. C’est à nous de les pousser à ça.
D’autre part, le débat a tendance à régresser tout le temps plus loin à droite. Comme je l’avais prévu dans mon texte de la semaine dernière intitulé ["Libérez nous de libéraux au plus sacrant..."->4674], Jeffrey Simpson a exprimé sa déception face à Jean Charest, qui est devenu, selon lui, le porte-parole de la culture de jérémiades du Québec.
Dans un langage assez direct, M. Simpson se désole que Jean Charest ait changé depuis qu’il est devenu premier ministre du Québéc. Il blâme les médias, les syndicats et les autres partis politiques qui encouragent le chialage et les lamentations au sujet d’Ottawa, allant jusqu’à dire que Stephen Harper est un prisonnier politique de Charest, parce que celui-ci doit être absolument réélu pour que M. Harper soit réélu.
M. Simpson évoque avec chaleur un livre de M. Dubuc qui traite de la pauvreté de l’économie québécoise et des sombres perspectives d’un Québec indépendant. Il applaudit même Lucien Bouchard et les auteurs du très publicisé Manifeste des lucides.
Il n’y avait personne pour lui répondre que, financièrement, le Québec est saigné par l’Ontario qui récolte la majorité des fonds souscrits par les québécois dans leurs épargnes bancaires ou leurs placements en assurances et divers types de placements, tels que les fiducies.
Devinez quelle province canadian se voit dotée de la majorité des investissements étrangers au Canada ?
Pour revenir à l’essentiel : moi, je suis indépendantiste. Ce n’est pas parce que c’est une idée à la mode, on ne me fera jamais changer d’idée là-dessus.
Face au scandale des commandites, Option-Canada, le cas d’abus de justice manigancé contre Alain Richard par John Parisella et cie, la loi C-20 et bien d’autres événements tant passés que présents, je ne peux pas croire que les Québécois soient bien informés par l’environnement créé par les ressources médiatiques actuelles. D’où l’importance de l’internet comme instrument de propagation du message indépendantiste.
Je vendais le Québec-Presse et Le Jour sur un coin de rue de Duvernay, à Laval, avec mon ami Pierre Yelle quand j’étais pas mal plus jeune. Je croyais, à l’automne passé, que les conditions étaient réunies pour envisager un Québec libre.
Je constate qu’on a encore beaucoup de travail à faire.
Daniel Sénéchal
Montréal
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