Priorités? Plutôt tautologies...

Chronique de Bernard Desgagné


Les médias et les politiciens en campagne électorale aiment les priorités. Tantôt la santé est la priorité, tantôt c'est l'éducation. Il faut s'occuper de l'économie ou rembourser la dette. Et puis, il y a l'environnement qui se dégrade et les routes qui tombent en ruine.
Dire que la santé, l'éducation ou l'environnement constitue la priorité d'un gouvernement est une tautologie. En fait, l'État a plusieurs missions fondamentales, qui sont souvent indissociables les unes des autres et qu'on pourrait toutes qualifier de prioritaires. Désigner un secteur d'intervention de l'État en particulier comme une priorité revient à échanger une tautologie pour une autre. Ce n'est pas très utile comme réflexion.
L'économie ne fonctionne pas sans l'éducation et les routes. La santé est inaccessible sans un environnement sain. La justice sociale n'est qu'un voeu pieux sans la richesse et la saine gestion des finances publiques. Le peuple n'existe pas sans la culture. Tout cela est évident. Avec l'obsession des priorités, on finit par oublier que le progrès nécessite de la patience, de la persévérance, de la méthode et une vision globale. Il n'y a rien de pire pour la santé publique, selon moi, qu'un chirurgien ministre de la Maladie, dans un gouvernement obsédé par les salles d'urgence. Le gouvernement court comme une poule décapitée par la lame acérée des médias, sans jamais arriver à des résultats durables et sans jamais s'attaquer à la racine des problèmes.
Le Québec tourne en rond parce qu'il n'est pas maître de son destin. Il n'a rien d'autre à faire, dans une campagne électorale à caractère strictement provincial, que d'ergoter sur des questions qui relèvent plus de la cuisine que de la réflexion. Notre gouvernement provincial est en fait une grosse régie régionale de la santé qui passe son temps à quémander de l'argent à Ottawa. Combien de temps encore allons-nous jouer à l'autruche devant le cul-de-sac qu'est le fédéralisme pour le Québec?
M. Charest a beau prétendre que M. Boisclair n'a pas d'idées, agiter l'épouvantail référendaire et nous appâter avec les billets verts éphémères de Stephen Harper, il ne fait ainsi qu'éviter lui-même un débat beaucoup plus fondamental et prometteur que le recyclage des tautologies. Il s'agit d'un débat auquel M. Boisclair convie M. Charest ainsi que M. Dumont, mais auquel ces deux derniers refusent de participer franchement. Alors, messieurs Charest et Dumont, expliquez-nous donc pourquoi vous voulez que notre nation reste asservie et dominée par une autre nation? Pourquoi entretenez-vous la peur des responsabilités plutôt que l'espoir de la liberté dans le coeur des Québécois? Pourquoi faites-vous le choix de la dépendance plutôt que de l'indépendance pour le Québec?
Voilà des questions fondamentales qui me semblent bien loin des tautologies habituelles et que l'on devrait mettre au coeur de la campagne électorale qui commence.
Bernard Desgagné
Gatineau


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