La Francophonie internationale en panne

XIIe Sommet de la Francophonie - Québec du 17 au 19 octobre 2008


Cela fait un an et demi que la Francophonie internationale a décidé de se réunir à Québec pour fêter le 400e anniversaire de la ville et de l'établissement du français en Amérique, mais... Stephen Harper n'a pas encore choisi le thème des discussions entre les pays membres. Et on ne sait même pas où et dans quel cadre les chefs d'État et de gouvernement se réuniront.
À Québec et dans les capitales intéressées, on se demande si le gouvernement conservateur ne se désintéresse pas de la question. Contrairement à ce qui se passe dans les relations du Canada avec les Amériques ou la Chine et l'Inde, il n'y a pas beaucoup d'argent à faire là. Et tant de pays parlent si peu le français. D'aucuns ne l'enseignent même pas !
C'est de justesse que Québec est devenue l'hôtesse de ce 12e Sommet : au moment de la réunion de Bucarest (Roumanie) en septembre 2006, on n'avait pas encore pensé, dans les milieux politiques fédéraux, au 400e de la ville. Dans son discours toutefois, le nouveau premier ministre du Canada a rappelé que «la langue française est la langue fondatrice du Canada». Son gouvernement dépensera au moins 57 millions $ pour organiser l'événement dont le clou risque d'être le spectacle de clôture conçu par le Cirque du Soleil. Avec un budget de 16 millions $, le premier ministre Jean Charest sera «partenaire» de son homologue fédéral - mais pas coprésident du sommet. Quant au Nouveau-Brunswick, il s'assure lui aussi un siège de «gouvernement participant» avec une bien modeste contribution de 750 000 $. Que voulez-vous, le Canada, c'est le Canada.
D'ordinaire, le thème de ces sommets internationaux est choisi longtemps à l'avance pour permettre à des comités ministériels de préparer les documents de travail. À Bucarest, le thème était par exemple «les technologies de l'information dans l'éducation». En novembre 2007, lorsqu'il fut nommé président de la Conférence ministérielle de la Francophonie, Maxime Bernier avait déclaré que «le choix des sujets qui seront débattus (à Québec) sera capital : nous allons finaliser les consultations avec nos partenaires afin de circonscrire le cadre des discussions.» Depuis : silence radio !
De tous les événements qui marqueront le 400e anniversaire de Québec, celui qui fera le plus connaître la survivance des Français d'Amérique et la «nation» du Québec sera ce sommet qui attirera, dans le sillage des chefs d'État, les télévisions du monde entier. C'eût été l'occasion de choisir un thème porteur qui donne un peu de concret aux beaux discours de Stephen Harper.
Et puis, la ministre québécoise Monique Gagnon-Tremblay a souhaité - un peu témérairement d'ail-leurs - que la cérémonie d'ouverture et le format des discussions entre les 68 chefs d'État et de gouvernement invités soient modifiés pour les rendre plus dynamiques. Mais qui va décider de cela ?Bonne question en effet parce que, si deux ministres québécois - Maxime Bernier (Affaires étrangères) et Josée Verner (Patrimoine) - sont très impliqués, il n'y a pas beaucoup de francophones - voire de francophiles - au Bureau du premier ministre et à la direction des Affaires étrangères qui se disputent la responsabilité de l'organisation de l'événement.
On a beaucoup douté de la capacité des organisateurs du 400e à réussir, mais peut-être que le flop - ou le bide comme diront les Français - sera ce 12e Sommet de la Francophonie. Comme toujours, cela risque de finir en processions de limousines et en défilés de tuxedos, de robes longues et de costumes traditionnels qui passeront bien au-dessus de la tête des Français d'Amérique.
Et, la fête passée, la nation du Québec reprendra sagement ses atours de belle province.


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