Dion-Viens, Daphnée - Le secrétaire général de la Francophonie, Abdou Diouf, veut faire du français le grand gagnant du Sommet de Québec, qui se déroulera du 17 au 19 octobre. Pour y arriver, il compte proposer aux États membres un "pacte linguistique" qui scellerait leur engagement à l'égard du français.
Pour la première fois, dans l'histoire des Sommets de la Francophonie, la langue de Molière est l'un des thèmes qui seront formellement abordés par les chefs d'État. "Pourtant, la langue française est le lien qui nous unit! Si ce lien s'affaiblit, c'est notre mouvement qui s'affaiblit. Nous devons en parler", affirme le secrétaire général, en entrevue téléphonique au Soleil.
Les discussions auront lieu le dimanche en avant-midi. M. Diouf veut profiter de ces échanges pour faire entériner une nouvelle politique concernant l'usage du français au sein des États membres.
"Je pourrais proposer d'envisager un pacte linguistique à des États de la Francophonie en disant aux pays : "Vous êtes membres de la Francophonie, mais je trouve que vous avez des progrès à faire. Passons un pacte linguistique qui vous permettra de me dire quels sont les efforts que vous comptez déployer pour faire progresser le français dans votre pays. Quels sont les efforts que vous pouvez faire par vous-même? Qu'est-ce que vous attendez de l'Organisation internationale de la Francophonie, des opérateurs et des autres pays membres qui peuvent vous venir en aide?" Comme ça, nous pouvons au moins faire des propositions chiffrées, établir les différentes étapes à franchir, fixer des échéances, contrôler et évaluer. Voilà un des éléments qui pourra ressortir de ce sommet."
La Francophonie compte présentement 55 États membres et 13 pays observateurs, dont le caractère francophone n'est pas toujours évident (la République tchèque, la Pologne, la Bulgarie et la Lituanie, par exemple). Seulement 32 des membres en règle ont le français comme langue officielle.
Au fil des ans, l'ouverture à des pays non francophones a souvent été critiquée, plusieurs craignant que cet élargissement ne mène à une dilution de la Francophonie. Abdou Diouf refuse de se prononcer sur la question, mais entend bien passer à l'action. "On a accepté des pays et je ne veux pas porter de jugement là-dessus. Mais maintenant que c'est fait, veillons à ce que ces pays qui sont membres fassent des progrès en français. C'est vital. C'est pourquoi il faut passer des pactes linguistiques avec eux, pour augmenter la présence du français dans la vie de tous les jours. C'est ça, le problème."
L'Organisation internationale de la Francophonie a d'ailleurs récemment envoyé sept "émissaires spéciaux" dans des pays membres (Burundi, Grèce, Laos, Mozambique, Roumanie, Liban et Ghana) afin de poser un diagnostic sur l'utilisation du français et faire le point sur l'engagement de ces pays membres.
Scène internationale
M. Diouf considère par ailleurs que l'utilisation de la langue française est en péril sur la scène internationale. "Je tire la sonnette d'alarme surtout par rapport à l'utilisation du français dans les institutions internationales. Même s'il y a une forte demande pour le français, nous constatons dans les grandes organisations qu'on a tendance à favoriser l'unilinguisme."
Le secrétaire général rappelle qu'un vade mecum a été adopté à ce sujet lors du dernier Sommet de la Francophonie à Bucarest, en 2006, obligeant les États membres à s'exprimer en français lorsque l'utilisation de leur langue nationale n'est pas permise dans les organisations internationales.
"Nous constatons que plusieurs pays ne le font pas, soit par snobisme ou pour toute autre raison. Même quand il y a une traduction simultanée, il y a certains représentants d'État qui, quelquefois, parlent anglais. Nous ne pouvons l'accepter. C'est pourquoi le Sommet sera l'occasion de faire un rappel."
"Vous avez des progrès à faire"
En entrevue au Soleil, Abdou Diouf renvoie les pays membres à leurs devoirs pour assurer la vitalité du français
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