Assise au milieu de son nouvel appartement du Grand Vancouver, entourée des boîtes qu’elle n’a toujours pas eu le temps d’ouvrir, Amrit Kaur explique les raisons qui l’ont poussée à fuir le Québec et sa Loi sur la laïcité de l'État, et à commncer une nouvelle vie en Colombie-Britannique.
Un texte de Geneviève Lasalle et Valérie Gamache
La femme de 28 ans, qui est vice-présidente de l'Organisation mondiale des sikhs du Canada, est enthousiaste à l’idée d'occuper un nouvel emploi comme enseignante dans une école secondaire de Surrey, qui compte une grande communauté sikhe. Elle regrette cependant d'avoir dû quitter ses amis et la province où elle habite depuis l’âge de 5 ans afin de poursuivre la carrière qu'elle aime.
Nouvellement diplômée en enseignement, Mme Kaur a appris que la Loi sur la laïcité de l'État avait été adoptée le 16 juin, le soir même où elle célébrait la fin de ses études.
Quand on vous dit que vous ne pouvez pas faire [votre travail] simplement à cause de ce qui est sur votre corps, vous ne vous sentez vraiment pas respectée.
La Loi sur la laïcité de l'État interdit à de nombreuses catégories d'employés du gouvernement de porter des signes religieux durant l'exercice de leurs fonctions, les enseignants du primaire et du secondaire du secteur public, notamment. Or, le turban qu’elle arbore, explique Mme Kaur, n’est pas un chapeau
qu’elle peut retirer quand bon lui semble, mais plutôt un symbole identitaire.
Malgré l’appui de nombreux Québécois à la nouvelle loi, Amrit Kaur estime qu'ils ne sont pas racistes. Le programme politique du gouvernement de la CAQ, par contre, est raciste, dit-elle.
Le gouvernement abuse de son pouvoir et installe dans la société une peur qui n’est même pas réelle.
Une enseignante bienvenue
en Colombie-Britannique
Le sentiment est bien différent du côté du gouvernement de la Colombie-Britannique, où le ministre de l’Éducation, Rob Fleming, se réjouit de l’arrivée de la jeune enseignante.
Il rejette catégoriquement l’idée que son gouvernement puisse adopter une loi semblable à celle du Québec et soutient que l’inclusion et la diversité en Colombie-Britannique sont des gages de sa prospérité et de son succès.
Il invite tous les Québécois à considérer la possibilité de venir chercher du travail dans la province de l'Ouest, en rappelant qu’au cours de l’année scolaire 2018-2019 près de 900 enseignants embauchés n’étaient pas issus de la province. Si [Mme Kaur] a des amis qui aimeraient venir pour travailler, en Colombie-Britannique et qui sont des enseignants professionnels, nous les accueillons également
, dit-il.