Un homme déterminé

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Legault est parvenu à incarner la défense de la nation


Ne devient pas premier ministre qui veut. Pour le devenir, il faut cependant l’avoir voulu très fort et très longtemps. Voilà qui résume le parcours singulier de François Legault. En 1998, dès son arrivée en politique, son ambition de gouverner un jour le Québec est un secret de Polichinelle.


Nommé ministre par Lucien Bouchard, il est déjà vu comme son dauphin. L’ex-PDG d’Air Transat n’atterrit pas en politique pour faire de la figuration. La démission surprise de M. Bouchard en janvier 2001 lui barre toutefois la route. L’heure est celle de Bernard Landry.


Après l’ascension de Pauline Marois à la tête du PQ en 2007, M. Legault comprend vite que la place sera prise pour un bail. En juin 2009, il décide donc de quitter le PQ et la politique. Il avoue s’ennuyer à l’opposition. « Je suis un gars d’action », lance-t-il. La clé pour comprendre la suite, elle est là.


Une chose est alors sûre : François Legault reviendra plus tôt que tard. Son choix : créer son propre parti. Ce qu’il fait dès 2011. Un « gars d’action », faut que ça bouge.


Annonciateur


Les deux cofondateurs de la Coalition avenir Québec ne tiennent pas non plus du hasard. François Legault est un ex-ministre péquiste s’étant déjà dit un « souverainiste pressé ». Charles Sirois est un homme d’affaires influent, fédéraliste et un proche du PLQ.


À elle seule, la formation même de ce « drôle de couple » politique annonce déjà la fin imminente d’un cycle politique majeur au Québec. La polarisation souverainiste-fédéraliste agonise et ils l’ont compris. D’où leur pari : déloger d’ici peu le PQ comme alternative aux libéraux. Rien de moins.


Le PQ ayant lui-même cessé de promouvoir son option depuis des années, les appuis à la souveraineté fondent en effet. Pour le nouveau parti de François Legault, lequel se dit « ni souverainiste ni fédéraliste », le contexte est mûr.


À sa première élection en 2012, la CAQ rafle 27 % des voix. Un exploit en soi. L’effet sur le PQ est immédiat. Même après neuf ans de Jean Charest et une longue grève étudiante, Mme Marois doit se contenter d’un gouvernement minoritaire.


Vieux partis


Au scrutin de 2018, pour tasser enfin les « vieux partis », il ne manque plus que le coup de grâce. Au PQ, ce sera l’enterrement officiel de son option sous Jean-François Lisée. Au PLQ, ce sera la gouvernance pitoyable et la déconnexion totale de Philippe Couillard du nationalisme québécois.


En campagne, François Legault y ajoute trois ingrédients déterminants : l’image d’un premier ministre « en attente », une équipe solide de candidats et un programme nettement moins « à droite » qu’attendu.


Bref, les planètes sont alignées en sa faveur. Le 1er octobre, il en récolte une victoire majoritaire. Vingt ans après son arrivée en politique, c’est pari gagné. Les deux « vieux partis » en prennent pour leur rhume, mais le PQ est le plus durement sonné.


La semaine prochaine, j’examinerai les premiers balbutiements de ce tout nouveau cycle politique. D’ici là, je vous souhaite une année 2019 lumineuse et bienveillante. Nous en avons tous grandement besoin.