Dans le fond, c’est quoi Noël ? Plus les années passent, plus je me pose la question. Autrefois une fête religieuse, la célébration est devenue celle de l’achat compulsif. Le nouveau Dieu coûte cher. Cadeaux, décorations, nourriture, vins, etc. Quels que soient nos moyens, on défonce irrémédiablement son budget.
Lorsqu’on a de jeunes enfants, la « magie » opère malgré tout. Pour les autres, ce n’est pas toujours jojo. Confession : ma dernière virée au centre-ville de Montréal m’a donné un haut-le-cœur. Tout ce monde pressé, stressé, prêt à dégainer son chapelet de cartes de crédit et de cartes à points.
Avec les meilleures des intentions du monde, on s’endette à date fixe. À moins de se terrer sous les couvertures, impossible d’y échapper. Et ça recommence le 26 décembre ! Aubaines par ici, ventes par là.
Les cafetières coûteuses pour milléniaux gâtés et les méga télés dites « intelligentes » se vendent comme des petits pains chauds. Une drôle de mode, quand on y pense.
Se calmer le pompon
Avant comme après Noël, on prend des airs affolants de zombies de centres d’achat. Vite ! Scotchés sur nos écrans, faut rien manquer. Très franchement, mieux vaut se calmer le pompon avant que l’huissier ne vienne le reprendre.
S’il faut acheter, essayons tout au moins de modérer nos transports et de favoriser nos commerçants locaux. Ils en arrachent pas mal plus que les grandes bannières de ce monde.
En même temps, suspendus en dehors de la cohue, il y a ceux, de plus en plus nombreux, obligés de compter sur une banque alimentaire. Puis tous ces enfants étiquetés « défavorisés » pour qui les pompiers et les organismes communautaires préparent peut-être les seuls cadeaux qu’ils recevront.
Grâce aux Petits Frères, des personnes âgées seules ont aussi la joie de célébrer ensemble autour d’un bon repas festif. Car dans les faits, loin des centres d’achat, il y a tout plein de lutins bénévoles qui s’activent.
Lutins
En toute discrétion, des femmes et des hommes se déplacent avec bonheur pour donner d’eux-mêmes. Tout simplement. Le plus beau cadeau – celui d’une présence partagée et chaleureuse –, ils le reçoivent eux aussi en échange.
Et si le vrai Noël – celui qui nous reconnecte avec son sens premier –, c’était lui ? Un Noël où les cadeaux du cœur n’ont pas de prix. Lorsque j’étais bénévole aux soins palliatifs, j’y ai en effet passé les plus beaux Noëls de mes années d’adulte. Quoi de plus précieux que de partager le dernier Noël ?
Je n’oublierai jamais Odette, une femme magnifique de douceur et ses cheveux bouclés blancs comme ceux de ma grand-mère. Sans enfants, elle était seule la plupart du temps.
Sur son lit d’hôpital, le 25 décembre, elle m’a pris la main et m’a dit ceci : « Tu sais, j’ai passé l’âge de croire au père Noël. Mais quand tu viens me voir, je me dis que les anges, eux, existent. » Oui, ma chère Odette, ils existent.
À tous les anges bien terrestres qui nous entourent, je vous souhaite un très beau Noël. Celui du cœur.