CAQ

Le gouvernement Legault a-t-il réalisé ses promesses?

F069fc48ddce151cea7f3df854bbc923

56% de promesses tenues et 24% partiellement réalisées

À moins d’une semaine du déclenchement des élections, l’heure est au bilan. Qu’est-il advenu des 251 promesses formulées par la Coalition avenir Québec (CAQ) pendant la campagne électorale qui lui a permis de se hisser au pouvoir pour la première fois en octobre 2018?


Quatre ans plus tard, et au moment où le premier ministre François Legault aspire à un second mandat, sauriez-vous dire quelles promesses ont finalement été réalisées? Et lesquelles ont été rompues?


Prêtez-vous au jeu!


Déterminez parmi notre sélection de dix promesses lesquelles ont été réalisées, en partie réalisées ou rompues. Ou voyez l’ensemble de son bilan plus bas.



1 / 10



Réduire les seuils d’immigration de 20 %



Cet échantillonnage de 10 promesses correspond à peine à 4 % de l’ensemble des promesses du gouvernement Legault.


Découvrez maintenant son bilan complet.


Un parcours à obstacles


Les quatre dernières années ont été marquées par une pandémie, l’invasion de la Russie en Ukraine et une inflation galopante.


Malgré tout, le gouvernement Legault a réalisé en totalité ou en partie 80 % de ses promesses électorales et en a rompu une sur cinq, selon le Polimètre du Centre d’analyse des politiques publiques.


Cet outil, sur lequel nous nous basons pour ce dossier, est chapeauté par des politologues de l’Université Laval pour mesurer le respect des promesses électorales des gouvernements. Car s’il suffit de faire des promesses pour être élu, encore faut-il ensuite respecter ses engagements.


Le bilan Legault


4 ans et un jour de mandat

251 promesses


Réalisées : 140 promesses

En partie réalisées : 61 promesses

Rompues : 50 promesses


55,8 % réalisées


24,3 % en partie réalisées


19,9 % rompues


Source : Polimètre, Université Laval


Au lendemain de son élection, le premier ministre François Legault faisait toutefois une autre promesse, qui n’a pas été incluse au Polimètre : celle de réaliser l’ensemble de ses engagements. Un objectif ambitieux que ni lui ni ses prédécesseurs n’ont réussi, peu importe les embûches rencontrées en cours de route.


Dans la moyenne


La CAQ, pour sa première fois au pouvoir, peut néanmoins se targuer d'avoir tenu autant, sinon plus d'engagements électoraux que les gouvernements libéraux et péquistes avant lui, qui, eux, étaient habitués à gouverner.


« Il arrive avec un résultat respectable », estime Lisa Maureen Birch, directrice générale au Centre d’analyse des politiques publiques, quand elle compare le bilan de la CAQ à celui des autres gouvernements en poste depuis 1994, soit lorsque l’équipe du Polimètre a commencé à les évaluer sur leurs promesses.


« Jamais on n’avait suivi un parti politique qui était au pouvoir pour la première fois de sa vie, poursuit-elle. On aurait pu s’attendre à ce que la réalisation des promesses soit plus difficile, parce qu’il faut naviguer entre les rouages de la législature, de l'exécutif et de l'administration publique. »


Et François Legault avait aussi plus de promesses, rappelle l’experte.


« Quand on veut changer la politique, la société et l’économie, la faire évoluer dans un autre sens, on va peut-être faire plus de promesses, parce qu’on a plus d'ambitions par rapport au changement. »


Non seulement sa liste de promesses est une fois et demie à quatre fois plus longue, mais son ratio d’engagements tenus demeure au-dessus de la moyenne des gouvernements que l'équipe du Polimètre a évalués au fil des ans.


« On se retrouve avec des chiffres très similaires au gouvernement Couillard avant lui », souligne aussi le scientifique de données Alexandre Fortier-Chouinard de la Chaire de leadership en enseignement des sciences sociales numériques à l’Université Laval.


Le comparatif


Les chiffres ne suffisent pas pour comparer les quatre derniers gouvernements. Seuls François Legault et les libéraux Philippe Couillard et Jean Charest ont dirigé des gouvernements majoritaires et ont eu un mandat complet pour mener à terme leurs engagements.


Minoritaire, le gouvernement péquiste de Pauline Marois a été confronté à l’opposition et à l’obstruction des autres partis. Il est également tombé moins de deux ans après son élection.


Gouvernement Legault : 251 promesses


to be defined


56 %24 %20 %


140


61


50


Gouvernement Couillard : 158 promesses


to be defined


59 %22 %19 %


94


34


30


Gouvernement Marois : 113 promesses


to be defined


23 %27 %50 %


26


31


56


Gouvernement Charest : 62 promesses


to be defined


42 %5 %53 %


26


3


33


100 %


Source : Polimètre, Université Laval


Côté politique, la Coalition avenir Québec a profité d'« un gouvernement majoritaire et d’une bonne députation (76 des 125 élus), sans grandes divisions internes », note Alexandre Fortier-Chouinard.


« Ce sont des facteurs qu’on relie habituellement à la réalisation des promesses », ajoute celui qui est aussi candidat au doctorat à l’Université de Toronto.


Mais, contrairement à celui de François Legault, les autres gouvernements n’ont pas eu à jongler avec une pandémie dont les conséquences économiques et sociales ont accaparé plus de la moitié du mandat.


L’équipe du Polimètre soulève toutefois qu’il s’est mis au travail dès son élection, en octobre 2018, et a attaqué la réalisation d’un grand nombre de promesses entre le début de son mandat et la pandémie.


« Il y a eu une progression, lentement mais sûrement, dans la réalisation des promesses, analyse Lisa Maureen Birch, qui est aussi professeure associée en science politique à l’Université Laval. Mais, évidemment, la pandémie a pu ralentir un peu la cadence sans pour autant empêcher le gouvernement de continuer de réaliser des promesses jusqu’à la dernière minute. »


Il n’a pas utilisé la pandémie comme une excuse pour ne pas mener à bien l’ensemble de son programme, souligne-t-elle.



« On est devant un gouvernement qui avait l’excuse parfaite de ne pas réaliser ses promesses. Mais il a quand même poussé vers l’avant plusieurs dossiers, dans des domaines différents et parfois complexes. »


— Lisa Maureen Birch, Université Laval

Outre le défi posé par la pandémie, la pénurie de main-d'oeuvre était aussi déjà installée au Québec, même si elle s’est aggravée dernièrement.


« Il y a certaines promesses qui sont liées à l’augmentation des services publics, qui impliquent des êtres humains qualifiés, comme des médecins, des infirmières, des préposés aux bénéficiaires ou encore des enseignants », explique Lisa Maureen Birch.


Leur réalisation ou non repose ainsi en partie sur des facteurs externes, hors du contrôle du gouvernement, note-t-elle, comme le recrutement de personnel qualifié, déjà rare.


Champion en éducation, mauvais élève en gouvernance


Dans sa recension, l’équipe du Polimètre a catégorisé les promesses en différents thèmes.


Le premier ministre François Legault a fait de l’économie, de l'éducation et de la santé, entre autres, ses priorités. Ces catégories sont d’ailleurs parmi les plus touffues en termes de promesses.


Si le bilan global du gouvernement est somme toute bon, il ne s’en tire pas aussi bien dans tous les thèmes, comme en gouvernance et en justice, où il a rompu plus du tiers de ses promesses.


La vue par thèmes


L'ensemble des promesses est trié ici en onze thèmes, fortement inspirés de ceux choisis par le Polimètre (voir méthodologie). L’ordre et la taille des cercles correspondent au nombre d’engagements et leur couleur indique s’ils ont été réalisés, en partie réalisés ou rompus.


Santé


55 promesses


30


10


15


Régions et agriculture


49 promesses


22


17


10


Économie et emploi


35 promesses


22


7


6


Éducation


28 promesses


20


5


3


Gouvernance


24 promesses


8


6


10


Environnement


16 promesses


11


4


1


Familles


14 promesses


10


3


1


Identité et minorités


11 promesses


4


6


1


Justice


9 promesses


3


3


3


Arts et culture


5 promesses


5


0


0


International


5 promesses


5


0


0


Source : Polimètre, Université Laval


Outre un score parfait en arts et culture et en international, avec seulement cinq promesses chacun, c’est pour les thèmes familles, éducation, et économie et emploi que le gouvernement Legault a le meilleur ratio de réalisation de promesses.


« En éducation, le gouvernement a mis beaucoup d'efforts pour investir et même réinvestir », souligne Lisa Maureen Birch. « Il ne s’est pas gêné pour dépenser beaucoup de fonds publics pour réaliser ses promesses », appuie Alexandre Fortier-Chouinard.


L’environnement, avec plus de la moitié des engagements tenus, détonne.


« On aurait pu s’attendre à ce que ça soit un maillon faible en début de mandat. Ce n’était pas une priorité dans la campagne de la CAQ, rappelle le scientifique de données. Mais le score final est assez bon, même au-delà de la moyenne pour la réalisation des promesses. »


« En même temps, beaucoup de ces promesses reposaient uniquement sur la modernisation de normes, nuance-t-il, et étaient donc aussi moins difficiles à réaliser. »


C’est en identité et minorités et en régions et agriculture que le plus de chantiers ont été amorcés, mais pas terminés.


« Sa stratégie en début de mandat était d’aller de l’avant avec des promesses phares, en économie ou encore du côté des politiques d'identité et de nationalisme », se rappelle Lisa Maureen Birch.


« C’est pour ça que le projet de loi 21 (sur la laïcité de l’État) a été mis de l’avant rapidement. Et il a clos son mandat avec le projet de loi 96 qui modernise la loi 101. »


L’adoption de ces projets de loi phares est venue concrétiser plusieurs promesses.


Mais en immigration, par exemple, « il a dû changer de cap et revenir à augmenter les seuils, précise la professeure. En contrepartie, il a investi beaucoup dans les programmes de francisation. »