Le chef caquiste François Legault se magasine des chicanes en voulant interdire les signes religieux chez les policiers, les juges et les enseignants.Philippe Couillard
Voilà, le gros mot méchant est déjà sorti, avant même que la campagne électorale ne soit lancée: CHICANE! Bouh! Ayez peur, cher peuple, on veut vous obliger à débattre! Barrez vos portes, sortez les boules Quies et les lunettes roses, c'est pour votre bien.
On sait bien qu'il n'y a rien de pire que d'essayer, une fois pour toutes, de régler la question de la laïcité de l'État. Votre bon gouvernement libéral s'est occupé de cette question nauséabonde en adoptant la Loi favorisant le respect de la neutralité religieuse de l'État. «Maudite chicane, les Québécois sont ''tannés'' de ça!», m'a récemment lancé un stratège politique. Ça, et «faire de la politique autrement» sont probablement les expressions les plus vides de sens - et pernicieuses - dont on nous bassine les oreilles depuis quelques années. Mais ça, ce sera pour un autre billet.
Rappelons que cette loi, véritable fiasco législatif, a été sanctionnée le 18 octobre 2017. Dès le 1er décembre suivant, son article portant sur les services «à visage découvert» a été suspendu. Au sein même de l'équipe libérale, pas un joueur n'a voulu jeter les gants à ce sujet.
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Pour cette loi mal conçue qui passe complètement à côté de la question toujours pas réglée depuis Bouchard-Taylor, personne n'a voulu «aller au batte», même pas la ministre Vallée qui, avouons-le, n'a pas toujours semblé comprendre le projet de loi qu'elle signait.
Une peur paralysante
La CAQ promet de déposer une loi proclamant la laïcité de l'État la première année d'un éventuel mandat. Que l'on soit d'accord ou non avec le contenu proposé par la CAQ, là n'est pas la question. Vouloir noyer le poisson est la plus mauvaise idée depuis l'invention du hockey subaquatique.
L'inscription du principe de laïcité dans la Charte québécoise des droits et liberté est une question urgente. Vouloir évacuer cette question de la campagne électorale équivaut à se mettre «la tête dans l'autruche».
Oui, l'épisode de la charte Drainville a été comme une longue migraine que te fait sérieusement envisager l'étêtement ou la défenestration. Une autre patente mal conçue, la majorité des éléments péquistes silencieux à l'époque sont rapidement sortis du placard pour s'en dissocier.
Il reste que tout ce qui traîne se salit et que, dans le cas de la laïcité de l'État, on a dépassé le stade du petit cerne autour du col. La question a été dénaturée par différents groupes de pression, chacun tirant la couverture de son côté pour des raisons pas toujours limpides. Des mots ont été démonisés, des insultes lancées. On a opposé identité et ouverture, laïcité et racisme, le tout dans un combat vicié dès le départ.
Et c'est exactement sur ce douloureux souvenir que le PLQ mise afin de contourner le débat. Ils ne peuvent pas agiter l'épouvantail du référendum? Ils ont un Bonhomme Sept Heures de rechange. Et ma foi, ça semble fonctionner auprès beaucoup de commentateurs politiques. Avoir du courage politique ne veut pas dire vouloir mettre le feu!
Tous les partis devront avoir le courage de sauter sans parachute sur cette question. C'est incontournable. Comme le disait Claude «Piton» Ruel, «il n'y en aura pas de facile»! Mais ce n'est pas une raison pour jouer à cache-cache avec la population.