Les campagnes électorales sont des boîtes à surprises. Au Québec, la tendance est cependant lourde. À moins d’un revirement majeur, la Coalition avenir Québec de François Legault est aux portes du pouvoir.
Le Parti québécois, lui, titube au bord du précipice. Si l’élection avait lieu maintenant, il serait réduit à une poignée de sièges. La question qui tue : à l’aube de ses 50 ans, le PQ risque-t-il de rejoindre le Bloc québécois au cimetière des partis disparus ?
Depuis le départ de l’ex-premier ministre Jacques Parizeau après le référendum du 30 octobre 1995, le PQ chute. Sans en être le seul facteur, la rupture suicidaire avec sa raison d’être depuis 20 ans en est la cause principale. Plus les péquistes ont mis de côté leur option souverainiste dans l’espoir de prendre le pouvoir, plus ce dernier leur a échappé.
Une exception : sous la chefferie éphémère de Pierre Karl Péladeau, l’option revenant sur la scène, les appuis au PQ et à son option amorçaient une remontée. Depuis, ils chutent à nouveau.
Convaincre
L’essence même de la politique est de tenter de convaincre les citoyens du bien-fondé d’un programme ou d’un projet. Quand un parti ne parle plus du sien, nul ne doit s’étonner de voir l’opinion s’en éloigner. D’où les nombreux appels de feu M. Parizeau à son ancien parti, l’exhortant à reprendre le bâton de pèlerin.
À force de crier dans le désert, son dernier constat fut brutal : le PQ « a perdu son âme ». Voilà qu’en prenant sa retraite, François Gendron, député péquiste et doyen de l’Assemblée nationale, pose le même diagnostic.
En entrevue avec La Presse Canadienne, il reproche au PQ sa longue inaction sur son option : « Il faut sortir, parler, convaincre ». Un secret de polichinelle.
Des sorties comme celle-là, il en aurait toutefois fallu plusieurs au PQ, et depuis longtemps. La suite de l’histoire leur aurait été plus clémente. Or, sous Jean-François Lisée, le PQ remet encore la promotion de son option à plus tard.
Espoir
Résultat : malgré une équipe solide, une vice-chef audacieuse et une plateforme étoffée, sans sa raison d’être comme fondation, l’ensemble de l’œuvre pâtit aux oubliettes. Un miracle in extremis peut toujours se produire dans l’isoloir. Il n’en reste pas moins un fait indéniable.
Au fil des ans, ne cherchant plus à convaincre des bienfaits de la souveraineté, le PQ n’a pas pu élargir sa base. Une part substantielle des souverainistes – lesquels forment au moins 35 % de l’électorat – l’ont aussi désertée. Ces électeurs souhaitent la souveraineté, mais à force de la voir évacuée du débat, plusieurs perdent l’espoir de la voir se réaliser un jour.
L’espoir est-il soluble dans le silence sur l’essentiel ? Bien sûr que oui. Si François Legault reprend maintenant le thème de l’« espoir », ce n’est pas un hasard. C’est parce qu’il sait très bien qu’il n’est plus au rendez-vous chez ses adversaires.