Au troisième jour des consultations sur le projet de laïcité du gouvernement Legault, un appel au calme a été nécessaire à la suite d’une déclaration controversée de l’ex-sénatrice Céline Hervieux-Payette, qui a lié le voile aux mariages forcés et à l’excision.
Lors de son passage devant les élus québécois, l’ancienne politicienne a fait siens les écrits de l’auteure d’origine somalienne Ayaan Hirsi Ali sur la signification du foulard islamique.
« Le voile, c’est un détail, ce qui va avec c’est l’excision, le mariage forcé à 14-15 ans », a-t-elle lancé.
Appelée à préciser sa pensée, Céline Hervieux-Payette n’a pas reculé. « Les croyances religieuses, ça ne s’arrête pas à ce voile-là, c’est tout ce qu’il y a derrière. Ce n’est pas le même symbole que de mettre le chapeau pour nos grands-mères à Pâques ! »
Selon elle, les dérives comme l’excision ou les crimes d’honneur ne se vivent pas seulement dans d’autres pays, mais également au Québec. « Le cas Shafia, c’est un cas exemplaire.
Ça s’est fait chez nous », a-t-elle insisté. Mme Hervieux-Payette ne croit pas qu’il s’agisse d’un cas d’exception.
L’ancienne sénatrice, qui a applaudi la volonté du gouvernement caquiste d’interdire les signes religieux chez les personnes en autorité, croit que les femmes qui décident de porter le voile ne le font pas vraiment par choix.
Vives réactions
Des propos qui ont choqué plusieurs élus, à commencer par la députée libérale Hélène David. « Ma grande crainte, c’est qu’on stigmatise toutes les femmes qui portent un voile », a-t-elle réagi.
Le ministre Simon Jolin-Barrette, qui pilote le projet de loi 21, s’est dissocié des propos de Céline Hervieux-Payette. « Je ne partage aucunement les propos qu’elle a tenus et je les dénonce », a dit le ministre. Il a lancé un nouvel appel au calme dans le cadre du débat sur la laïcité.
Un parallèle avec l’homophobie
Plus tôt en journée, la chef parlementaire solidaire Manon Massé avait dressé un parallèle entre l’homophobie et la crainte de certains Québécois envers les enseignants qui portent un signe religieux.
« À l’époque, une large partie de la population était convaincue que nous, les gais et lesbiennes, on ne pouvait pas enseigner ou s’occuper des enfants, parce qu’on allait les contaminer avec nos différences. Une chance que les politiciens de l’époque et ceux qui ont suivi n’ont pas appuyé leur seul jugement sur les qu’en-dira-t-on ! »
D’autres avis exprimés
« Le voile dit islamique est-il un signe religieux ? La réponse est non. » – Fatima Houda-Pepin, ex-députée libérale
« Les symboles religieux ostentatoires n’ont pas leur place dans la fonction publique. » – Christian Daigle, président général du SFPQ
« Le projet de loi 21 amène le Québec de plain-pied dans le 21e siècle. » – l’avocate Julie Latour, de l’Association des juristes pour la laïcité