« Si on ne peut plus avoir de sources confidentielles, on ne peut plus faire son travail. » C’est en exposant les dangers de la divulgation des sources confidentielles que l’avocat Christian Leblanc a fait valoir, vendredi matin, l’importance de ne pas convoquer les journalistes Marie-Maude Denis et Louis Lacroix devant la cour, en marge du procès des ex-ministres libéraux Nathalie Normandeau et Marc-Yvan Côté.
« Si on demand[e] aux journalistes de révéler leurs sources, […] les journalistes savent très bien que leur carrière est terminée », a déclaré l’avocat devant le juge André Perreault, au palais de justice de Québec.
Les avocats de Nathalie Normandeau, de Marc-Yvan Côté et de leurs quatre coaccusés soutiennent qu’« un système de fuites orchestrées minutieusement pour déstabiliser le gouvernement et le Parti libéral » nuit aux droits des coaccusés d’avoir un procès juste et équitable — et commande donc l’arrêt des procédures judiciaires.
La défense souhaite entendre les journalistes Denis et Lacroix, car elle estime que leurs témoignages seront « nécessaires » pour prouver qu’un « groupe de représentants de l’ordre » a tenté d’établir au Québec « un système de justice parallèle » en s’évertuant à révéler aux médias des informations touchant des enquêtes policières.
La défense reproche notamment à l’UPAC de ne pas avoir agi pour mettre fin à ces fuites.
Les deux journalistes ont demandé à la cour d’être libérés de l’obligation de témoigner, notamment parce que la défense a clairement fait savoir qu’elle cherchait à identifier leurs sources.
« Les sources ne devraient pas être au service des policiers et des tribunaux », a souligné Christian Leblanc vendredi. Par ailleurs, la Cour suprême a statué en 2010 que les tribunaux ne doivent contraindre un journaliste à rompre une promesse de confidentialité faite à une source qu’en « dernier recours », a-t-il rappelé.
Depuis octobre dernier, une loi fédérale protège la confidentialité des sources journalistiques, a aussi souligné Me Leblanc.
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