Parmi toutes les courses à la chefferie, celle au Parti québécois n’annonçait rien de bien intéressant.
Formation semblant moribonde depuis sa défaite historique de 2018, elle fut en plus reléguée au rang de troisième opposition derrière QS après le départ de sa plus jeune députée, ayant préféré le statut d’indépendante.
La CAQ semble lui avoir définitivement volé cette défense de la nation, de la langue, de l’identité, qui avait fait ses grands succès.
Pas de sauveur
Rien pour attirer de grandes personnalités connues au PQ, ces fameux «sauveurs» capables de relancer une formation politique en crise.
Il y a quelques mois, je croyais que le PQ aurait voulu éviter une énième course en couronnant sa députée ayant le plus de notoriété, Véronique Hivon. Mais celle-ci s’est désistée.
Depuis, Sylvain Gaudreault, qui fut un bon chef intérimaire, s’est déclaré candidat. Puis, d’autres (hommes) ont fait savoir qu’ils réfléchissent : l’historien Frédéric Bastien, l’humoriste Guy Nantel et l’avocat Paul St-Pierre Plamondon.
Avocat
Un autre avocat, Stéphane Handfield, s’est cette semaine déclaré en réflexion peu de temps après avoir publié dans Le Devoir un texte intitulé «Souveraineté et immigration» où il qualifiait d’«indéniable» l’apport «positif» de 52 391 nouveaux arrivants (en 2017).
Cela pourrait d’ailleurs être un des sujets centraux de cette course. L’immigration est la spécialité juridique de M. Handfield, lequel s’est fait remarquer dans le mouvement qui s’est constitué contre la loi 9 du gouvernement caquiste. Celle qui impliquait la mise au rebut de quelque 18 000 dossiers d’immigration.
Témoignant à titre d’expert en commission parlementaire, M. Handfield avait d’ailleurs tellement asticoté, au printemps 2019, le ministre Simon Jolin-Barrette que ce dernier en avait perdu patience.
Si jamais Frédéric Bastien plonge (ce qui semble presque acquis), il pourrait y avoir ce type de flammèches entre lui et Handfield.
Bastien est très critique des discours, qu’il qualifie de «multiculturalistes», vantant les «prétendues» vertus économiques et démographiques de l’immigration, comme il l’écrit dans son essai Après le naufrage, refonder le Parti québécois (Boréal, 2019).
Concernant le débat sur les seuils annuels en immigration, cependant, j’ai constaté mercredi, lorsque j’ai reçu M. Handfield à QUB, que leurs positions pouvaient se rejoindre.
Les deux estiment qu’il faut «cesser de lancer des chiffres subjectifs» (comme l’écrit Bastien).
Handfield reprend pour sa part l’idée de dépolitiser la question des seuils et révèle avoir conseillé l’ex-chef Jean-François Lisée à ce sujet.
Dans ce scénario, la vérificatrice générale ou un comité proposerait un chiffre basé sur des données pertinentes.
Lorsque j’ai soumis à Handfield l’hypothèse d’un seuil à 5000 immigrants seulement, évoqué par Bastien dans son livre (p. 111), il m’a plutôt surpris.
Si un comité ou la VG le suggérerait... pourquoi pas, m’a-t-il répondu en substance!
Sans doute préfère-t-il pour l’instant éviter d’entrer en débat avec un non-candidat, ce qu’il est aussi pour le moment.
Mais si jamais ils plongent et que Nantel puis PSPP font de même, la course au PQ pourrait être moins ennuyeuse qu’on pouvait le prévoir initialement.