Charest: l’attrait de la grande politique

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Une ambition démesurée


Ceux qui doutent encore de la possibilité réelle que Jean Charest se porte candidat à la direction du Parti conservateur du Canada doivent revoir l’entrevue de Gérard Deltell à Mario Dumont, jeudi, à LCN.


Plusieurs, dont moi, l’ont rappelé jeudi : en 2010, alors qu’il était chef de l’ADQ, M. Deltell (aujourd’hui député conservateur) avait affirmé que Jean Charest était le «bon parrain» de la famille libérale.


À LCN jeudi, M. Deltell a vidé la question, rappelant qu’il s’en était excusé en 2012 auprès de M. Charest lui-même, puis en chambre. «Oh! Deltell veut déjà être lieutenant de Charest!» ironisa un collègue.


Sun Tzu!


La candidature de Jean Charest, «c’est du sérieux», confiait un conservateur bien informé jeudi. «Il y va, c’est maintenant acquis», certifiait une autre source.


J’ai référé à Machiavel jeudi. On me rappela que le penseur déterminant pour Charest, c’est plutôt le chinois Sun Tzu, dont l’un des préceptes est : «L’art suprême, c’est de soumettre l’ennemi sans combat.» On dirait que Jean Charest applique ce principe à la course conservatrice.


Mais qu’est-ce qui le fait courir ainsi, lui, avocat-conseil confortable, aux revenus plantureux, à l’abri des vicissitudes de l’arène politique?


Réaliser son rêve initial, sans doute. Grâce à une occasion qui se présente : la coalition du PCC, réalisée en 2003 par Harper, n’arrive plus à gagner, entre autres à cause de la dominante du pôle «allianciste», fait de conservatisme social. Avec Charest, ce serait le retour en force des «tory rouges», centristes, comme à l’ère Mulroney.


Doctorant en philosophie politique, Antoine Dionne-Charest, fils de l’ancien premier ministre Charest, en esquissait les grandes lignes, le 14 novembre, dans La Presse.


Il contrastait le conservatisme à l’américaine (celui qui domine en Alberta et dans l’Ouest) avec sa version canadienne, moins entiché de «laisser-faire économique», cherchant «plutôt un équilibre entre l’économie de marché et la redistribution de la richesse».


Grande politique


Dans une entrevue en 2005, Jean Charest avait soutenu que le fédéral est dans le «policy making» abstrait alors que Québec s’occupe des «opérations» concrètes — santé, éducation, etc. —, lesquelles méritaient d’être refinancées par le fédéral après les compressions de Paul Martin. Mon impression est qu’en 2019, Jean Charest a précisément envie de s’adonner au «policy making» et à la «grande politique» ; celle qui se fait dans les grands sommets mondiaux.


Qu’on aime ou non le personnage, il excelle en ces domaines. Il était chef d’un petit État fédéré, mais arrivait à se distinguer sur la scène internationale. Jean-François Lisée lui avait même symboliquement décerné, en 2009, le prix du «parlementaire s’étant le plus illustré hors Québec».


Depuis son retrait de la vie politique en 2012, Jean Charest a sillonné la planète (l’UPAC l’a bien constaté!). Lorsqu’il intervenait publiquement, c’était pour parler des suites de son grand dessein, le libre-échange Canada-Europe ; ou son dada, la gouvernance environnementale internationale.


Je parierais que c’est ce qui le motive, au-delà du «rêve de devenir PM du Canada».




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