On savait qu’il existait un jovialisme linguistique, incarné entre autres par Lucien Bouchard (« Le français se porte bien au Québec. N’en faisons pas plus! »). Désormais, il faudra aussi parler de « jovialisme économique ».
[J’avais un certain respect pour Pierre Fortin->19044]. C’est un homme qui me paraissait sensé, ni trop optimiste ni trop pessimiste, assez orienté vers les intérêts du Québec. Je suis peut-être soupe au lait et je n’ai pas de compétence particulière en économie, mais je sais lire, et ce billet de Pierre Fortin reproduit dans Vigile me renverse.
Dire que « la Caisse de dépôt et placement du Québec a fait un excellent boulot ces dernières années » au vu d’une perte de 40 milliards de $ relève de l’inconscience. Que ce soit dit par un administrateur de la Caisse ou par un économiste prétendument indépendant n’y change rien.
Faut-il répéter à M. Fortin que le papier commercial qu’il juge « aussi sécuritaire que les bons du Trésor » n’avait pas été coté par deux des trois agences de notation du Canada, parce qu’on n’y faisait pas confiance, et qu’on en a relativement peu acheté au Canada anglais. La garantie bancaire de ces papiers était tout à fait inadéquate.
« Ce fut un coup de malchance », dit M. Fortin, en écho au : «C’est un mystère de la vie » d’H.-P. Rousseau. Foin des liens suspects entre la Caisse et les courtiers qui vendaient ce papier, foin des bonis à la performance qui motivaient ces achats à risque, foin des processus de gestion du risque qui ont été allègrement court-circuités dans cette affaire! Tout a été beau, tout a été transparent, tout a été professionnel, n’est-ce pas M. Fortin?
Quant à la contribution au développement économique du Québec, pourquoi M. Fortin ne parle-t-il pas des minables 17% des investissements de la Caisse faits au Québec au lieu des 10% d’augmentation de ces investissements? 10% de 14 ou 15 %, ce n’est pas très fort. Mais, évidemment, « je ne sais pas de quoi je parle », ni les nombreux analystes qui l’ont souligné.
Je suggère fortement à monsieur Fortin d’enlever ses lunettes roses et de venir lire sur Vigile les nombreuses interventions de Pierre Cloutier et de Jean-Claude Pomerleau sur les agissements de la Caisse. Ce ne sont pas des économistes, ce qui les disqualifie peut-être à ses yeux, mais ils voient clair et on n’a pas répondu à leurs pertinentes questions. Ce n’est pas en disant que tout va bien dans le meilleur des mondes que des correctifs peuvent être apportés à des situations inacceptables.
Quant à la prédiction de Pierre Fortin que Michael Sabia « aura l’air d’un génie », je crains bien qu’elle ne soit vraie. Les marchés financiers vont se redresser, c’est certain, et le pétrole et le dollar canadien vont aussi inéluctablement remonter, sans que Sabia n’y soit pour rien. Mais sera-t-on capable de juger ce qu’un vrai spécialiste de la finance connaissant les milieux d’affaires québécois aurait pu faire de mieux dans un, deux ou cinq ans? Au Québec, on se contente souvent des apparences… et on aime le jovialisme. Oui, « sacrifaice »!
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
2 commentaires
Michel Guay Répondre
7 avril 2009Le problème mental de certains Québecois est de croire que nos colonisateurs dépossédeurs sont aussi bons et honnêtes et fiables que nous le bon peuple.
Pour confier nos pensions à des étrangers canadians, il faut ête naifs , et de ce fait mériter de nous faire voler par des commandités du Conseil du Trésor royaliste canadian
Est-ce que l'Ontario confierait sa Caisse à un indépendantiste Québecois ? Non Merci
Archives de Vigile Répondre
6 avril 2009Pierre Fortin me fait penser à Lionel St-Cyr dans le Temps d'une Paix. Le prototype même du Québécois bonasse, bon- entendiste et progressiste à la manque. Les diplômes en plus.
L'auteur avait bien saisi toute la dimension de l'état de colonisés des Canadiens français. C'est une belle leçon de vie!
Et il y en a encore des colonisés, n'en déplaise à certains!
Marie Mance Vallée