(...) Ce lundi, The Gazette troublait la quiétude de ses lecteurs avec un article de Steve Lehman du John Abbott College. M. Lehman y associait le nationalisme québécois à ce qu'il nomme des «poussées tribales». Mais n'ayons crainte, M. Lehman a trouvé la solution. Selon lui, les Québécois pourraient se replier sur eux-mêmes comme les Amish, une secte américaine d'origine allemande. En passant, il semble limiter les Québécois aux Canadiens français, un glissement classique chez les anglophones qui accusent les nationalistes québécois d'«ethnocentrisme».
Donc, la «tribu» canadienne-française pourrait s'inspirer d'une secte qui a choisi de refuser la modernité, l'électricité et l'eau courante. Pourquoi? Parce que les Amish «vivent leurs vies débranchées en allemand, jouissent de leur propre culture et sans violence, ils résistent aux pressions de l'Amérique postmoderne». De plus, ils font des petits bébés Amish! Que demander de plus?
M. Lehman conclut son envolée en nous prévenant que l'ennemi est «dans l'attirance constante des tentations étrangères et des plaisirs défendus». Du vrai Lionel Groulx! Bref, de toutes celles qui peuplent notre grande plaine, la tribu canadienne-française doit se retirer dans ses terres. La modernité doit bien parler l'anglo-américain, puisqu'il semble nécessaire de s'en détacher pour conserver sa culture.
Cet article trônait en plein centre de la page d'opinions de notre Gazette nationale. Accompagné d'une grande photo de trois jeunes filles Amish vêtues de noir de la tête au pied, ce texte était chapeauté du titre suivant: Survival Tessons: Quebecers could learn from the Amish!
Ce texte est-il insultant ou blessant? Quelle aurait été la réaction si un Canadien français du Lac-Saint-Jean avait invité les Anglais à se retirer sur leur montagne de Westmount? L'aurait-on accusé du péché capital du nationalisme ethnique si jamais, par inadvertance, on avait publié son texte?
Mais, c'est bien connu - et surtout, bien «assimilé» -, la modernité passe par l'anglo-américain. Donc nul besoin pour ceux qui l'ont embrassée de se retirer. Seuls les «féodaux» doivent le faire. Si seulement la modernité anglo-américaine venait enfin délivrer le Québec de ses souffrances et de ses aberrations culturelles. Nous n'aurions plus besoin de débattre de ces questions complexe ou de subir des désaccords qui sèment la division en ces temps béni de réconciliation.
N'est-ce pas au nom de la réconciliation et pour ne pas effrayer les coeurs sensibles de Bombardier qu'on ne parle plus de souveraineté? Ou que la police de la rectitude politique conspue ceux qui défendent 1e français là où il est rationnel de le faire? Pendant ce temps, les fédéralistes s'activent et les anglophones avancent leurs revendications jusque dans le bunker. Mais soyons tolérants...
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